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Pape Paul V

(Camillo Borghese)
(1552, à Rome - 16 janvier 1621, à Rome)
231ème pape - Pape du 16 mai 1605 au 16 janvier 1621
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Biographie universelle ancienne et moderne

      Camille Borghèse, pape sous le nom de Paul V, succéda à Léon XI, et fut élu le 16 mai 1605, après quelques intrigues de conclave, auxquelles mirent fin les efforts des cardinaux Aldobrandin et Montalte, aidés de l'influence du parti français. Le père du nouveau pontife avait été patricien de Sienne et avocat consistorial. Camille était alors âgé de cinquante-trois ans, d'un extérieur très avantageux, digne, par ses talents, par son instruction et par ses vertus, des bons exemples qu'il avait trouvés dans sa famille, d'une sagacité parfaite dans les affaires, mais d'un caractère auquel on pouvait reprocher un peu de roideur et d'opiniâtreté. Ces qualités différentes, il les avait déployées dans les divers emplois dont il avait été revêtu, tels que ceux d'abréviateur ecclésiastique, de référendaire de l'une et de l'autre signature, de vice-légat du cardinal Montalte, et d'auditeur des causes du palais. Clément VIII l'avait fait son légat a latere en Espagne, puis cardinal, et enfin gouverneur de Rome. Elevé à la cour, Paul V y avait puisé ces principes de domination qui tendaient à soumettre, dans toutes les affaires indistinctement, les puissances séculières à l'autorité du saint-siège.

      Le pape ne tarda pas à vouloir essayer ce système contre la république de Venise. Le sénat avait fait publier depuis peu deux décrets, dont l'un défendait l'établissement de monastères nouveaux sans sa permission, et l'autre prohibait les dons d'immeubles aux ecclésiastiques sans son consentement. En même temps, un chanoine de Vicence, Scipion Sanazin, et le comte Brandolin Valde-Marino, abbé de Neveze, venaient d'être arrêtés pour des attentats contre les mœurs et autres excès scandaleux. Le pape vit dans ces différents actes une double insulte à son autorité, un double empiètement sur sa juridiction. Il expédia deux brefs pour forcer les Vénitiens de révoquer leurs décrets, et de remettre entre les mains de son nonce les deux prisonniers. Gênes venait de plier dans une occasion à peu près semblable, Venise résista : elle fit représenter au pape, d'un côté, que les lois de la république qui avaient toujours été respectées, même par la cour de Rome, ne permettaient point l'introduction de nouvelles communautés dans ses Etats malgré elle, et qu'elles interdisaient aussi l'aliénation perpétuelle des biens des laïques en faveur des ecclésiastiques ; et de l'autre côté, que les deux prévenus, inculpés de crimes ordinaires, ne devaient pas être soustraits à leurs juges naturels : qu'ainsi sous aucun rapport les décrets n'étaient contraires aux canons. Paul V, ardent, impétueux, fut choqué de cette résistance ; il alla jusqu'à menacer la république d'un interdit absolu, si dans vingt-quatre jours on n'obéissait pas à ses bulles. Ce délai passé, l'effet suivit la menace. La plupart des ordres religieux continuèrent leurs fonctions ; d'autres, et les jésuites surtout, déclarèrent qu'ils se soumettraient aux ordres du pape. Les capucins et les théatins suivirent cet exemple. Les jésuites furent chassés. Cependant la division éclata de toutes parts ; des écrits incendiaires vinrent animer la querelle : toutes les couronnes y prirent une part plus ou moins grande. Le savant jurisconsulte Leschassier, consulté, prit parti pour la république de Venise, en s'appuyant sur les anciens canons. Dans cet embarras extrême, Paul V s'adressa à M. d'Alincourt, ambassadeur de France ; et ce fut le bon Henri IV qui eut la gloire de faire cet accommodement : le cardinal de Joyeuse fut chargé de mettre la dernière main. On convint que ce cardinal déclarerait, en entrant dans le sénat, que les censures étaient levées, que le doge remettrait la protestation contre la bulle, et que la république enverrait un ambassadeur pour remercier le pontife de lui avoir rendu ses bonnes grâces. On régla la manière dont les deux prisonniers seraient remis entre les mains de l'ambassadeur français ; on rappela les religieux exilés, excepté les jésuites, et tout rentra dans l'ordre. Les ennemis de la cour de Rome observent cependant que, si le pape avait d'abord montré trop de chaleur et de vivacité, il aima mieux ensuite céder quelques points que de risquer de tout perdre et qu'il recula avec sagesse.

      Ce fut sous le pontificat de Paul V que finirent les congrégations de Auxiliis. Nous en parlons ailleurs (Voyez Clément VIII) avec assez d'étendue pour nous dispenser d'y revenir. Comme le pape ne publia point sa décision, chaque part s'attribua la victoire. Ces disputes sont oubliées aujourd'hui, grâce à la sagesse de la cour de Rome, qui, suivant le mot de Turgot, qu'on ne saurait trop répéter, eut le bon esprit de ne rien prononcer sur une matière que Bossuet lui-même a laissée dans le nuage. Le livre du jésuite espagnol Suarez parut à cette époque. et troubla pendant quelque temps la bonne intelligence entre la France et le saint-siège. Le parlement crut y découvrir les maximes attentatoires à l'autorité et même à la sécurité des rois ; il le condamna par un arrêt. Paul V en demanda hautement la révocation. Cette affaire fut longtemps débattue. Louis XIII, à sa majorité, déclara qu'il entendait que l'exécution dle cet arrêt ne nuisît en aucune manière aux relations amicales qu'il voulait entretenir avec le souverain pontife. Celui-ci ne fut point satisfait de ces modifications. Il fut enfin convenu que l'arrêt demeurerait suspendu ; et ce parti eut du moins l'avantage d'assoupir pour le moment des dissensions qui pouvaient devenir funestes.

      Paul V voulut profiter de l'assemblée des états généraux en 1614 pour faire recevoir en France le concile de Trente ; mais il n'y réussit point. Il obtint plus de succès relativement au livre de Richer, docteur de Sorbonne, qui avait écrit d'une manière assez libre sur les droits respectifs des deux puissances, et sur les limites si difficiles à poser entre le sacerdoce et l'empire. Il y traitait aussi des libertés gallicanes ; et c'était surtout cet article qui portait ombrage au pape. Le pontife s'apaisa néanmoins en apprenant que l'ouvrage avait été censuré, et que l'auteur avait été destitué du syndicat.

      Paul V reçut des ambassadeurs de Perse, du Japon et de quelques autres pays éloignés ; et il nous reste peu de détails satisfaisants à cet égard. On sait seulement que les nestoriens-chaldéens firent une abjuration solennelle, et scellèrent le sceau d'une réunion complète avec l'Eglise romaine. Le pape s'occupa de fonder, parmi les religieux les plus zélés pour la propagation de la foi, l'étude des langues orientales, afin de travailler plus efficacement encore à la conversion des Juifs, des Sarrasins et de tous les autres infidèles. Il recommanda, dans tous les instituts religieux, l'étude des langues orientales et le maintien de la doctrine de saint Thomas d'Aquin, pour lequel il témoignait le plus grand respect. Il favorisa et s'appliqua à étendre la pratique des prières de quarante heures, qui se renouvelaient tous les mois dans les églises de Rome ; il confirma plusieurs ordres religieux et congrégations, tels que les carmélites, les carmes et les augustins déchaussés, les minimes, les pères de la doctrine chrétienne, les frères de la charité, les pères de l'Oratoire en France, les ursulines, etc. Il prit à cœur la réforme des tribunaux dans Rome et tout ce qui pouvait rassurer la tranquillité publique.

      Tant de choses louables et utiles doivent faire excuser les soins qu'il donna à l'agrandissement de sa famille, et la magnificence des palais qu'il fit construire pour être leur héritage, tant à Rome qu'à Frascati, et dans lesquels il rassembla les plus beaux monuments de l'antiquité, avec ce que la sculpture et la peinture pouvaient, sous les mains des artistes les plus habiles, créer de plus distingué. Ce fut lui qui acheva le frontispice de St-Pierre, mais sur un plan différent de celui de Michel-Ange (Voyez Maderno), et le palais Quirinal ou de Monte-Cavallo, qui est devenu depuis la résidence ordinaire du pape. Enfin il embellit Rome de plusieurs fontaines, dont une (l'Aqua Paola) porte encore son nom.

      Paul V mourut à Rome le 16 janvier 1621, après avoir occupé le saint-siège seize ans et six mois. Il eut pour successeur Grégoire XV.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 32 - Pages 283-284)



Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet

      Paul V, Camille Borghèse, pape de 1605 à 1621, Romain de naissance, eut avec Venise, au sujet des privilèges du clergé, un différend que le roi de France Henri IV accommoda (1605-1607) ; mit un terme à la querelle des Dominicains et des Jésuites sur la grâce, mais sans se prononcer entre eux, donna la dernière forme à la bulle In coenâ Domini, dite quelquefois Bulle de Paul V (1610), approuva les Ordres de l'Oratoire, de la Visitation, de sainte Ursule (1611), et canonisa saint Charles Borromée. Rome lui doit l'aqueduc Paola, long de 52 km.  Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 1445.




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