LETTRE ENCYCLIQUE DE N. T. S. P. PIE IX
(09 novembre 1846)
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A tous Nos Vénérables Frères les Patriarches, les Primats, les Archevêques et Evêques
en grâce et communion avec le Siège Apostolique,
PIE IX, PAPE
Vénérables Frères,
Salut et Bénédiction Apostolique.

Car Vous ne pouvez ignorer qu'il y a à notre époque un grand nombre d'
esprits qui, fatigués à la
vue de l'innombrable variété, de l'inconsistance et du mouvement désordonné de l'erreur, éprouvent intérieurement la nécessité de croire à notre sainte
religion, et qui seront enfin, par le secours de la grâce divine, amenés d'autant plus facilement à embrasser la pratique de la doctrine et des prescriptions de cette
religion divine, qu'ils verront le clergé briller au-dessus
des autres par plus de piété, de pureté, de sagesse et de vertu.
Enfin,
Frères bien aimés, Nous ne pouvons douter que Vous-mêmes ne soyez animés d'une ardente
charité envers
Dieu et
pour tous les hommes, enflammés de l'
amour le plus vif pour tous les intérêts de l'
église, munis de vertus presqu'angéliques, armés et fortifiés du courage et de la prudence si nécessaires à l'
épiscopat, pénétrés par le même
désir de la volonté divine, marchant d'un pas constant sur les traces des pas des apôtres, et imitant, comme il sied à des
pontifes, l'exemplaire divin des pasteurs, le Seigneur
Jésus Christ, dont Vous représentez la personne ; devenus, par le zèle et par les sentiments les plus unanimes, les types spirituels du troupeau fidèle ; par l'éclat resplendissant de la sainteté de Votre vie, illuminant à la fois le clergé et le peuple et ayant acquis des entrailles de
miséricorde, Vous sachiez toujours, compatissant aux misères de l'
ignorance et de l'erreur, à l'exemple du Pasteur de l'
évangile, courir avec tendresse après les brebis perdues ; malgré leurs égarements, les chercher longtemps jusqu'à ce que Vous les rencontriez et,
paternellement émus quand Vous les avez retrouvées, les placer affectueusement sur Vos épaules et les rapporter au bercail. N'omettez jamais ni soins, ni réflexions, ni travaux de tout genre pour arriver à l'exact et
religieux accomplissement de tous les devoirs de Votre charge pastorale ; et après avoir défendu des attaques, des embûches et de la fureur des
loups ravisseurs toutes les brebis si chères au cur de Jésus-Christ, puisqu'Il les a rachetées au prix inestimable de son sang divin ; après les avoir gardées dans les saints pâturages, soigneusement éloignées de la contagion, Vous puissiez, et par Vos paroles, et par Vos actions, et par Vos exemples, les ramener toutes ensemble au port du salut éternel.
Travaillez donc courageusement,
Vénérables Frères, à procurer la plus grande gloire de
Dieu ; et, par un déploiement extraordinaire de sollicitude et de vigilance, comme par un même effort, faites en sorte d'arriver à ce qu'après l'entière
destruction
des erreurs et l'extirpation absolue des vices, la foi, la piété, la vertu acquièrent de
jour en
jour, et par toute la terre, un admirable accroissement ; que tous les fidèles, repoussant avec dédain les uvres de ténèbres, marchent dignement comme des fils de la lumière céleste sous les yeux de
Dieu, auquel leurs actions sont toujours agréables ; et, dans les angoisses, les difficultés et les périls
extrêmes, qui sont inséparables, aujourd'hui principalement, de l'accomplissement de Vos si graves fonctions du ministère
épiscopal, gardez Vous bien de jamais succomber à la craintive ; mais plutôt fortifiez
Vous dans le Seigneur, et fiez Vous à la puissance de Celui qui, nous considérant du haut du
ciel, engagés dans la lutte que nous soutenons pour son nom sacré, encourage ceux qui s'enrôlent, soutient les combattants et
couronne les vainqueurs.
Mais comme rien ne saurait être pour Nous plus agréable, plus doux à Notre
cœur, plus désirable pour le bien de
l'
église, que de Vous aider tous, ô Vous que Nous chérissons tendrement dans les entrailles de
Jésus Christ, et que Nous désirons environner de Notre
amour, de Nos conseils, que de pouvoir travailler de concert à la défense et à la propagation de la gloire de
Dieu et de la foi
catholique, et que même Nous sommes prêt, pour le salut des
âmes, à donner s'il le faut, Notre propre vie, ô Nos
Frères, venez, Nous Vous en
prions et supplions, approchez Vous avec grand
cœur et en toute confiance de cette Chaire du bienheureux prince des Apôtres, de ce centre de l'unité
catholique, ce sommet suprême de l'
épiscopat, d'où découle toute l'autorité de ce nom ; accourez donc auprès de Nous toutes les fois que Vous éprouverez la nécessité d'avoir recours à l'aide, au soutien et à la
force que renferme pour Vous l'autorité de ce Siège
apostolique.
Or, Nous aimons à espérer que Nos très chers fils en Jésus-Christ, les princes, guidés par leurs sentiments de piété et de
religion, auront toujours présente à leur mémoire cette vérité : que l'autorité suprême ne leur a pas seulement été donnée pour le gouvernement des affaires du monde, mais principalement pour la défense de l'
église ; et Nous-même, qu'en donnant tous Nos soins à la cause de l'
église, Nous travaillons paisiblement au bonheur de leur règne, à leur propre conservation et à l'exercice de leurs droits ; Nous aimons à espérer, disons-Nous, que tous les princes sauront favoriser, par l'appui de leur autorité et le secours de leur puissance, des vux, des desseins et des dispositions ardentes au bien de tous, et que Nous avons en commun avec eux. Qu'ils défendent donc et protègent la
liberté et l'entière plénitude de vie de cette
Eglise catholique, afin que l'empire de Jésus-Christ soit défendu par leur puissante main.
Pour que tous ces projets arrivent à des résultats heureux et prospères, recourons avec confiance,
Vénérables
Frères, au trône de la grâce; et tous ensemble, par un concert unanime et persévérant de ferventes prières, avec toute l'humilité dont notre cur sera capable, supplions le Père des
miséricordes et le
Dieu de toute consolation, afin que, par les mérites de
Son Fils unique, Il daigne
répandre sur notre faiblesse, l'
ineffable abondance de toutes les faveurs célestes ; que par la vertu de sa toute puissance, il repousse Lui-même ceux qui s'opposent à Nous ; qu'Il répande et augmente partout la foi, la piété, la dévotion, la paix ; par où la sainte
église, après avoir été délivrée des adversités et de toutes les erreurs qui l'assiègent, puisse jouir enfin du calme désirable et nécessaire, et qu'il n'y ait plus désormais qu'un seul bercail et un seul pasteur. Mais, pour que le Seigneur très clément incline plus efficacement son oreille divine vers nos prières, et accueille plus favorablement nos vœux, ayons toujours auprès de Lui, comme intercession et intermédiaire puissante, la très sainte et très immaculée Mère de
Dieu, qui est toujours notre plus douce Mère, notre médiatrice, notre avocate, notre espérance et notre confiance la plus parfaite et dont le patronage maternel est ce qu'il y a auprès de
Dieu de plus fort et de plus efficace.
Invoquons aussi le prince des Apôtres, auquel Jésus-Christ lui-même a confié les
clés du royaume des cieux, qu'il a
constitué lui-même la pierre fondamentale de l'
Eglise, contre laquelle les portes de l'enfer ne pourront jamais prévaloir. Invoquons
saint Paul, le
compagnon de son
apostolat ; tous les saints du
ciel, qui possèdent déjà la palme et la
couronne, afin que tous nous aident à obtenir, pour l'universalité du peuple chrétien, l'abondance si désirable de la divine
miséricorde.
Enfin,
Vénérables Frères, comme gage de tous
les dons célestes et surtout comme un témoignage de Notre ardente
charité pour Vous, recevez Notre bénédiction
apostolique que Nous Vous accordons du fond intime de Notre
âme, ainsi qu'à tous les membres du clergé et à tous les fidèles
laïques confiés à Vos
soins.
Donné à Rome, près Sainte-Marie Majeure,
le 09 novembre de l'année 1846 et l'an premier de Notre pontificat.