Gui de Bourgogne, fils de
Guillaume Tête-Hardie, surnommé
le Grand,
comte de
Bourgogne, naquit à
Quingey, petite ville de ce
comté, vers le milieu du XIème siècle. Elu
archevêque de
Vienne en 1088, il gouverna cette
église
pendant plus de 30 ans avec beaucoup de sagesse. Le pape Gélase
II, obligé de quitter Rome, et de chercher asile en France
contre l'empereur Henri V, vit à son passage à
Vienne
Gui de Bourgogne, et l'engagea à se rendre à l'
abbaye
de
Cluny, où son dessein était de se retirer ; mais
Gélase mourut avant l'arrivée de l'
archevêque
de
Vienne, et les
cardinaux qui avaient suivi ce
pontife se hâtèrent
de lui nommer un successeur.
Gui de Bourgogne fut élu à
Cluny, le 1er
février 1119.
Il était parent de l'Empereur et des
rois de France et d'Angleterre, oncle d'Adélaïde de
Savoie,
épouse de
Louis le Gros. Ses vertus et ses talents,
qui répondaient à sa haute naissance, le firent
choisir dans les circonstances difficiles où se trouvait
la cour de Rome, et il fut jugé propre à terminer
les troubles qui désolaient l'
Eglise depuis 50 ans. L'anti-pape
Maurice Bourdin, qui avait pris le nom de Grégoire VIII,
s'était emparé de cette ville et du siège
pontifical. Après en avoir chassé Gélase
II, il y avait couronné l'empereur Henri V. La quereIle
des investitures, cause de tous les troubles, était dans
sa plus grande
effervescence. Calixte craignait que sa nomination
ne fût pas ratifiée à Rome. Elle y fut cependant
reçue avec joie. L'Allemagne elle-même y applaudit,
et Henri V, forcé de céder à l'opinion générale,
promit de se trouver au
concile que Calixte indiqua à
Reims
pour établir la paix entre I'
Eglise et l'Empire. Le pape
envoya des députés à l'Empereur, qui parut
disposer à traiter. Le
concile s'ouvrit à
Reims
le 20
octobre ; on y condamna les simoniaques, les
prêtres
concubinaires, et tous ceux qui exigeaient un salaire pour les
sépultures et pour les
baptêmes. Dès le lendemain
de l'ouverture du
concile, Calixte se rendit à
Mouzon,
pour conférer avec Henri. Ces démarches furent alors
inutiles. Le pape revint à
Reims sans avoir rien conclu,
et ce ne fut qu'en 1122, le 23 septembre, que cette négociation
fut terminée à la diète de Würtzbourg,
par un accord entre les
légats du pape et les députés
de Henri. L'Empereur, par ce traité, conserve le droit
de faire faire les élections en sa présence, et
d'investir l'élu des régales par le sceptre, et
le pape se réserve l'investiture par la
crosse et l'anneau.
L'Empereur restitue tous les domaines confisqués sur l'
Eglise
depuis le commencement de la
discorde, et les deux parties contractantes
se promettent mutuellement une paix durable et sincère
(Cf. l'
Histoire ecclésiastique
de
Fleury, et le
Tableau des révolutions
par Koch). La réconciliation fut solennelle ; l'Empereur
communia des mains de I'
évêque d'Ostie, qui lui donna
le baiser de paix. Au
concile de
Reims,
Louis le Gros, roi de
France, était venu se plaindre de l'
invasion de la Normandie
par Henri, roi d'Angleterre, et des mauvais traitements qu'il
faisait subir au
duc Robert,
vassal de la
couronne de France ;
Calixte ne prétendit point interposer son autorité
; car les
conciles alors, par la présence des ambassadeurs
et des souverains, se trouvaient souvent transformés en
assemblées politiques, où l'on discutait des intérêts
temporels ; mais, dans cette occasion, Calixte se contenta d'agir
comme médiateur. Il vint à Rome en 1120, pour y
rétablir le véritable siège
pontifical ;
il y fut reçu avec les démonstrations les plus sincères
de l'allégresse publique. Sa grâce et son affabilité
lui gagnèrent l'affection du plus grand nombre. Il alla
néanmoins dans la Pouille implorer le secours des Normands
contre l'
antipape Bourdin, qui fut obligé de quitter la
ville. Ce fut pendant son voyage dans la Pouille que Calixte donna
l'investiture de ce
duché et de celui de
Calabre à
Guillaume, qui lui en fit l'
hommage lige, ainsi que Robert
Guiscard,
son aïeul, et Roger son père, l'avaient fait aux
pontifes
précédents. Le pape tint ensuite un
concile général,
qui est compté pour le neuvième
oecuménique,
et comme le premier de
Latran, où l'on remarque, parmi
plusieurs décrets, celui qui annule toutes les ordinations
faites par l'
antipape Bourdin, et celui qui défend l'usurpation
des biens de l'
Eglise romaine, et particulièrement de la
ville de
Bénévent, sous peine d'
anathème.
Ce fut dans ce
concile qu'on décida d'envoyer des secours
aux Chrétiens d'Asie. Calixte paya lui-même la rançon
de
Baudouin II, roi de Jérusalem, et fit une partie des
frais pour l'équipement de la flotte que les Vénitiens
armèrent pour la défense de ce monarque. Il aida
aussi le roi d'Espagne, Alphonse VI, contre les
Maures, et fit
la guerre à Roger, roi de
Sicile, qui s'était ligué
avec l'empereur d'Orient contre les Vénitiens ; il le vainquit,
le fit prisonnier, et lui rendit la
liberté peu de temps
après.
Calixte mourut le 12 décembre 1124.
Son
pontificat ne fut pas sans gloire. Il rétablit la paix dans l'
Eglise
et dans la capitale du monde chrétien ; il détruisit les
tours de Cercio Frangipane et des autres petits tyrans ; il soumit quelques
comtes qui pillaient les biens de l'
Eglise ; il rétablit la sûreté
au dedans et au dehors ; il répara quelques monuments, et donna
des
aqueducs à la ville de Rome ; il orna et enrichit l'
église
de St-Pierre, en empêchant des gens puissants de piller les offrandes
qui lui étaient destinées. Plusieurs lettres, sermons,
bulles, etc., de
Calixte II ont été imprimées dans
les
Miscellanea de Baluze, le
Spicilegium
de
d'Achéry, la
Collection des conciles de Labbe,
la
Floriacensis Bibliotheca de J. du Bosco, la
Bibliotheca
Patrum, édition de
Lyon, l'
Italia sacra
d'Ughelli, le
Bullarium Cassinense de Margarini, la
Marca
Hispanica, et dans le
de Re diplomatica de
Mabillon.
Deux des lettres de
Calixte II à Othon,
évêque de
Bamberg, ont été imprimées à Ingolstadt,
en 1602, in-4° ; et quatre de ses sermons (sur St Jacques, apôtre),
qu'il avait prononcés en Galice, ont été publiés
à
Cologne en 1618. On lui attribue une
Vie de Charlemagne
et un traité
de Obitu et Vita sanctorum. Sa vie
a été écrite par Pandulphe Alatrin, et par Nicolas
de Rosellis. On trouve ces deux vies dans Muratori.
(Biographie
universelle ancienne et moderne - Tome 6 - Pages 401-402)