Saint Jules Ier, élu pape le 06
février 337, succéda à
saint Marc. L'
histoire ne dit rien de sa famille ; mais dans ces premiers siècles
de l'
Eglise, le mérite seul était un titre pour la préférence. Le
pontificat de saint Jules fut occupé entièrement des suites de la persécution élevée contre saint Athanase par
Arius. Cet
hérésiarque était mort l'année précédente ; et l'empereur Constantin, qui avait protégé tour à tour Athanase et ses
ennemis, finit également ses
jours peu de mois après l'élection de saint Jules. En mourant, il avait rappelé Athanase au siège d'
Alexandrie, dont cet
évêque avait été déposé par le
concile de
Tyr ; mais les
eusébiens, partisans déclarés d'
Arius, avaient fait nommer au siège d'
Alexandrie Grégoire, l'un de leurs amis. Ce fut dans ces circonstances (341) qu'Athanase vint à Rome pour se défendre contre les
eusébiens, qui de leur côté avaient écrit contre lui. Le pape Jules le reçut
avec honneur. Il envoya des
légats aux
eusébiens pour les inviter
au
concile qui devait se tenir à Rome. Leur réponse ayant tardé,
le
concile se tint en 342, et saint Athanase y fut pleinement justifié.
Les
eusébiens se plaignirent.
Saint Jules leur répondit par une
lettre qui, suivant Tillemont, est un des plus beaux monuments de l'antiquité
: il leur reproche d'abandonner la doctrine du
concile de Nicée pour embrasser
des hérésies condamnées. Ce même
concile de Rome avait
déclaré nulle l'ordination de Grégoire, et confirmé
la nomination de
saint Paul au siège de Constantinople.
Ces sujets de
division entre les Orientaux et les Occidentaux firent désirer un
concile qui pût réunir les deux
Eglises. Il se tint en 347, à Sardique, métropole des Daces en
Illyrie, du consentement des deux empereurs, et sur les instances de saint Jules et des
évêques de sa communion. Les
eusébiens vinrent à Sardique, mais refusèrent de paraître au
concile.
Saint Athanase y obtint un nouveau triomphe. Le
jugement du pape, et tout ce qui avait été résolu au
concile de Rome, y fut confirmé. Les
eusébiens y furent condamnés et excommuniés, du moins ceux qui étaient demeurés attachés à leur parti ; car plusieurs s'en étaient déjà séparés.
Saint Jules s'était excusé d'assister à ce
concile de Sardique, à cause des occupations qui le retenaient à Rome. Le
concile lui adressa ses résolutions, dans lesquelles il trouvait très convenable que les
évêques apportassent de tous côtés leurs affaires au chef de l'
Eglise, c'est-à-dire au siège de saint Pierre. Les
eusébiens protestèrent de leur côté contre les actes du
concile de Sardique ; ils en excommunièrent les principaux moteurs, et surtout le pape Jules, comme auteur de tout le mal. Deux ans après, saint Jules eut la consolation de voir rétablir saint Athanase sur le siège d'
Alexandrie ; mais il ne fut pas témoin des nouvelles persécutions qui s'élevèrent contre son ami.
Sa mort arriva en 352, le 12 avril,
jour où l'
Eglise honore sa mémoire. Il avait tenu le
saint-siège pendant quinze ans deux mois et quelques
jours. Nous n'avons de lui que deux
Lettres, l'une, dont il a été parlé, adressée aux
eusébiens, et l'autre à l'
Eglise d'
Alexandrie, après le retour de saint Athanase. Il eut pour successeur Libère.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 21 - Pages 302-303)