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Pape Urbain VI

Bartolomeo Prignano (v. 1318, à Naples - 15 octobre 1389, à Rome)
200ème pape - Pape du 08 avril 1378 au 15 octobre 1389
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Biographie universelle ancienne et moderne

      Urbain VI, élu pape le 08 avril 1378, était né à Naples et s'appelait Barthélémi de Prignano. Son père était Pisan et sa mère napolitaine. Docteur fameux en droit canon, humble, pieux, désintéressé, grand ennemi de la simonie, zélé pour la chasteté et pour la justice, mais se liant trop sur sa prudence et trop disposé à prêter l'oreille aux flatteries, tel est le caractère moral que l'historien ecclésiastique remarque en lui ; et comme aucun trait de cet homme singulier ne doit échapper à l'histoire, en faisant la peinture de sa personne il ajoute qu'il était de petite taille, épais, le teint basané, et âgé d'environ soixante ans lorsqu'il fut élu pape. Il avait exercé successivement à Avignon et à Rome des emplois distingués, et était parvenu d'abord à l'archevêché d'Auronte ou Auruntia, puis à celui de Bari, en 1376. Il disait tous les jours la messe, portait un cilice jour et nuit, jeûnait même outre les jours d'obligation, et tous les soirs se faisait lire la Bible jusqu'à ce qu'il s'endormît. Son élection fut orageuse ; elle est remarquable, parce qu'il fut le premier à qui l'on donna un compétiteur dans la personne de Clément VII (Voyez Robert de Genève), et ce fut à cette époque qu'éclata le schisme d'Occident.

      Urbain succédait à Grégoire XI, qui avait enfin rétabli la résidence du pape à Rome. Pour la maintenir, le peuple voulait un pape romain ; il le demandait avec tumulte autour du conclave, composé en ce moment de seize cardinaux, dont quatre seulement étaient italiens. Ils prirent à la hâte un Napolitain, afin de ne pas paraître céder tout à fait aux clameurs populaires ; mais ils l'intronisèrent avec toutes les formes accoutumées ; ils écrivirent même aux six cardinaux restés à Avignon et qui ratifièrent l'élection.

      Urbain ne fut pas plutôt en possession du souverain pontificat, qu'il voulut user avec une sévérité excessive de son droit de réforme et de réprimande. Il blâma publiquement les évêques qui résidaient en ce moment à Rome et les traita de parjures. Il reprocha, dans un sermon très violent, aux cardinaux et aux prélats leurs mœurs scandaleuses. Cette conduite le rendit odieux ; les cardinaux mécontents sortirent de Rome et se retirèrent à Anagni, où ils appelèrent des troupes pour leur sûreté. Urbain, sentit, mais trop tard, le tort qu'il avait eu d'aliéner ainsi les esprits. Il fit de veines démarches pour rappeler à Rome ces fugitifs. Ceux-ci prétendirent bientôt que l'élection d'Urbain était nulle, comme ayant été forcée ; et ce fut sur ce prétexte qu'ils se déterminèrent à élire Clément VII, ainsi qu'il a été dit à son article. Il est inutile de reproduire le tableau affligeant des dissensions qui naquirent de cet état de choses. Les puissances se partagèrent entre les deux pontifes, varièrent dans leur attachement, et plusieurs finirent par adopter la neutralité.

      Il faut se borner ici à ce qui regarde Urbain. Il créa vingt-six cardinaux pour remplacer ceux qui l'avaient abandonné, et se vit obligé de prendre des mesures de défense plus énergiques. Il appela de Hongrie Charles de Duras pour le couronner roi de Naples et l'opposer à Louis d'Anjou, que la reine Jeanne avait fait donataire de ses Etats ; mais Urbain ne tarda pas à se brouiller avec son protecteur, dont il trouvait les opérations trop lentes. L'impatience d'agir ne lui permit pas de l'attendre, et il se mit en chemin pour Naples, malgré les représentations de la plupart de ses cardinaux, qui refusaient de l'accompagner et qu'il menaça de dépouiller de leurs dignités s'ils ne venaient le joindre. Charles l'atteignit près d'Aversa et l'accompagna à Naples, où, sous le prétexte de le traiter avec honneur, il le fit environner d'une garde nombreuse qui le retenait en effet prisonnier. Urbain se plaignit, et Charles lui demanda publiquement pardon avec larmes. Urbain profita de sa liberté pour se retirer à Nocera ; et cet acte de défiance acheva de le brouiller avec Charles. Les cardinaux, craignant d'être victimes de cette division, refusèrent d'abord de le suivre. Ils méditèrent ensuite un autre projet ; ce fut d'interdire Urbain, de s'emparer de sa personne et de lui donner un curateur. Le pape, furieux en apprenant cette conjuration, fit instruire contre les prévenus et les mit entre les mains de François de Prignano, son neveu, qui en fit appliquer six à la question des cordes et en tira l'aveu du complot. Urbain les dégrada et procéda ensuite à l'excommunication de Charles, de Marguerite sa femme, de l'antipape Clément et de tous leurs fauteurs et adhérents. Le pape prêcha du haut d'une tour très élevée ; l'excommunication fut prononcée avec la croix et les cierges qu'on éteignit ensuite et qu'on jeta sur les assistants.

      Charles de Duras, irrité des censures lancées contre lui, vint assiéger Nocera dont il s'empara bientôt ; mais Urbain, réfugié dans le château, en soutint le siège pendant sept mois. On le voyait tous les jours à sa fenêtre, une clochette et un flambeau dans les mains, excommunier l'armée assiégeante. Les six cardinaux emprisonnés souffrirent une seconde torture plus cruelle encore que la première. Urbain reçut enfin un secours que lui amenaient Raimond de Beauce et un capitaine allemand nommé Lother de Souabe, au moyen de quoi il put s'échapper et gagner Salerne. Dans sa marche, Urbain menait avec lui toute sa cour, ses cardinaux prisonniers et l'évêque d'Aquila, qu'il avait fait arrêter également et qu'il fit tuer en route, parce qu'il retardait sa fuite. Urbain s'embarqua à Salerne, et après avoir touché en Sicile, où il était reconnu, parvint à Gênes le 23 septembre 1385. Là il s'occupa de créer de nouveaux cardinaux. Une conspiration formée pour s'emparer de sa personne n'eut point de succès. Il en fut de même d'un projet conçu pour l'empoisonner. On accusa deux cardinaux, Pile de Pratz et Galiot de Tarla de Pietramala, d'avoir ourdi ces complots, et leur fuite les rendit suspects. Quant aux prisonniers, cinq disparurent dans une nuit ; on racontait diversement leur mort. On crut que quelques-uns avaient été jetés à la mer, d'autres égorgés et enterrés dans une écurie. Il n'y eut d'épargné que le cardinal de Ste-Cécile, à la prière de Richard, roi d'Angleterre.

      Cependant, Charles de Duras ou de la Paix était mort en retournant en Hongrie. Sa veuve avait fait proclamer le jeune Ladislas, son fils, âgé de dix ans. Urbain ne voulut point le reconnaître à cause des censures portées à Nocera, et se mit en chemin pour s'emparer du royaume de Naples, qu'il regardait comme sa propriété. Il quitta Gênes et s'établit à Pérouse, d'où il partit avec une armée pour accomplir son projet ; mais à peine était-il à dix milles de la ville que sa mule tomba rudement par terre et le blessa dangereusement. Il se fit transporter à Tivoli, et de là revint à Rome, qui le reçut avec indifférence ; il y mourut le 15 octobre 1389, après onze ans, six mois et huit jours de pontificat.

      Il avait réduit le jubilé à l'espace de trente-trois ans, en mémoire de la vie de Jésus-Christ ; institué la fête de la Visitation de la Ste-Vierge ; ordonné qu'on pourrait célébrer la fête du saint-sacrement malgré l'interdit, et accordé cent jours d'indulgence à tous ceux qui accompagneraient le saint viatique depuis l'église chez un malade et de chez le malade à l'église. S'il n'est pas permis de révoquer en doute le témoignage des historiens qui ont rapporté tous ces traits odieux de la conduite d'Urbain VI, il doit l'être du moins d'attribuer une partie de ses actions à cette aliénation d'esprit qui n'est pas sans exemple dans une tête exaltée par des idées mystiques et des pratiques trop rigides. Cet accident est attaché à la condition humaine. Tel était l'avis des cardinaux de ce temps-là, qui disaient que « le faîte des honneurs avait ébranlé le cerveau du pontife » (Voyez l'Histoire de l'Eglise gallicane, l. 41), et c'est la seule manière, non pas de justifier, mais d'expliquer cet étrange amalgame des vertus les plus respectables et des plus révoltantes cruautés. Urbain VI eut pour successeur Boniface IX.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 42 - Pages 365-366)



Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet

      Urbain VI, Barthélémi de Prignano, de Naples, était archevêque de Bari lorsqu'il fut élu, en 1378. Plusieurs cardinaux protestèrent contre son élection, prétendant qu'elle était l'œuvre de la violence, mais en réalité parce qu'il les avait irrités par sa sévérité, et ils élurent à sa place Robert de Genève, qui alla siéger à Avignon sous le nom de Clément VII : c'est le commencement du Grand schisme d'Occident. Urbain fut reconnu par la plus grande partie de l'Empire, par la Bohême, la Hongrie, l'Angleterre, la Sicile ; mais la France, Naples, l'Espagne se déclarèrent pour son compétiteur.

      Urbain VI créa 26 cardinaux, pour remplacer ceux qui s'étaient séparés de lui, prêcha en 1383 une croisade contre Clément VII et ses adhérents, appela de Hongrie à sa défense Charles de Duras, lui offrit la couronne de Jeanne Ière, reine de Naples, et l'accompagna à la conquête de ce royaume ; mais il ne tarda pas à se brouiller avec ce prince. Il se retira à Nocera, où il eut à soutenir un siège, puis à Salerne, enfin à Gênes, où il fit arrêter et mettre à mort cinq cardinaux, qui conspiraient contre lui, et ne put rentrer dans Rome qu'après la mort de Charles de Duras. Il se disposait à s'emparer du royaume de Naples, qu'il regardait comme sa propriété, lorsqu'il mourut, en 1389.

      Urbain VI fixa à 33 ans les intervalles du jubilé et institua la fête de la Visitation de la Ste Vierge.  Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 1926.


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