Saint Zosime, pape, successeur de
saint Innocent Ier, était Grec de nation et fut élu unaniment le 09 mars 417. A cette époque, Célestius, qui partageait les erreurs de Pélage, déjà condamné par saint Innocent, vint à Rome et porta son appel de la condamnation prononcée contre lui-même par le
concile de Carthage.
Zosime mit dans l'instruction de cette affaire toute la circonspection et toute la prudence d'un
juge qui veut être convaincu. Il entendit l'accusé dans une assemblée composée de
prêtres et d'
évêques. Il lui fit même promettre de condamner tout ce qui serait condamné par le
saint-siège. Néanmoins il ne leva point l'
excommunication et prit un délai de deux mois afin de pouvoir écrire en Afrique et en recevoir des réponses. Le pape écrivit lui-même aux
évêques d'Afrique, pour être parfaitement
informé des motifs de leur
jugement. Mais Célestius et Pélage
trouvèrent des amis qui parvinrent à s'emparer de la
religion du
saint
pontife ; il les reconnut innocents et alla même jusqu'à punir
deux envoyés de Carthage, qui étaient venus à Rome pour soutenir
la décision du
concile.
Zosime reçut alors une lettre de Praïle,
évêque de Jérusalem, successeur de Jean, qui lui recommandait
spécialement l'affaire de Pélage, pour lequel il était aussi
affectionné que l'avait été son prédécesseur.
Le pape, prévenu par cette lettre et par une profession de foi de Pélage,
qui y était jointe, en faveur des intentions de cet
hérésiarque,
écrivit aux
évêques d'Afrique une seconde lettre plus forte
que la première et dans laquelle il témoignait être persuadé
de la sincérité de Pélage et blâmait même Héros
et Lazare, qui avaient pour eux l'estime de saint Augustin. C'est ainsi que
Zosime
se laissa surprendre par les artifices de Pélage et de Célestius,
par sa trop grande bonté et par un excès de crédulité,
non en approuvant l'erreur avec eux, dit un auteur non suspect,
mais
en les croyant catholiques avec lui. A la fin, ayant connu leur perfidie et
leurs fausses opinions, il condamna Pélage et Célestius, en l'an
418. Il écrivit à cette occasion une lettre à tous les
évêques,
spécialement à ceux d'Afrique, où il expliqua solidement
la doctrine
catholique sur le péché originel et la grâce de
Jésus-Christ. Dix-huit
évêques refusèrent de la souscrire
; à leur tête était le fameux Julien d'Eclane. Ces dix-huit
réfractaires (d'autres n'en comptent que dix-sept) donnèrent le
premier exemple de l'appel d'une constitution dogmatique du
saint-siège
au futur
concile général. Tous les
évêques d'Afrique
tinrent un nouveau
concile et, avec le secours et l'éloquence de saint
Augustin, parvinrent à faire triompher la vérité.
Zosime
reconnut qu'il avait été trompé : il ordonna un nouvel examen,
et le premier
jugement fut rétracté. Prévenu de même
en faveur de
Patrocle,
évêque d'
Arles,
Zosime accorda à ce
siège, en 417, un droit de
primatie pour les ordinations et les
jugements,
qui fut par la suite un grand sujet de contestation et qui ne fut pas soutenu par les papes, ses successeurs. L'
évêque de
, Proculus, encourut l'indignation de ce pape pour avoir affecté les droits de métropolitain sur la deuxième Narbonaise.
Une autre contestation s'élevait entre lui et les
évêques d'Afrique, au sujet d'un
prêtre nommé Apiarius, qui appelait au
saint-siège de l'
excommunication prononcée contre lui par l'
évêque, lorsqu'une maladie longue et douloureuse enleva le pape, le 26 décembre 419. L'
Eglise honore sa mémoire le 30 mars. Il eut pour successeur saint
Boniface Ier. On
lit dans le
martyrologe qu'il ordonna que les diacres porteraient des
palles ou serviettes sur le bras gauche, d'où l'on conclut qu'il a établi le manipule. On lui attribue aussi divers usages et règlements, par exemple de bénir le
cierge pascal dans les
paroisses ; mais cette bénédiction est d'un temps plus reculé.
Il reste de
saint Zosime treize lettres, qu'on trouve écrites
avec beaucoup de vigueur et d'autorité. Les anciens ont fort loué la
constitution de
Zosime contre Pélage, dont il ne nous reste que quelques fragments ; elle est connue sous le nom de
Tractoria Zosimi, nom générique donné aux lettres et décrets portés dans les provinces par les courriers publics et que quelques critiques croient devoir être appelés
Tractatoria. On peut consulter sur
saint Zosime Anastase, dans sa
Bibliothèque ;
Baronius, dans ses
Annales, le tome 10 de
dom Cellier (Voyez aussi les articles
Célestius et
Pélage.)
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 45 - Pages 605-606)