Biographie universelle ancienne et moderne Alexandre Farnèse, pape sous le nom de
Paul III, successeur de
Clément VII, fut élu le 13
octobre 1534, à l'âge de soixante-huit ans. Il en avait quarante-et-un qu'Alexandre VI l'avait fait
cardinal. Lorsqu'il eut été promu successivement à sept
évêchés, il devint doyen du sacré
collège, et son élection eut lieu trente-trois
jours après la mort de son prédécesseur. Elle eût éprouvé un plus long retard, si l'on ne s'était pas déterminé à rappeler les dispositions de la
bulle de
Boniface VIII contre la durée excessive des conclaves,
bulle qui assujettissait les
cardinaux à une abstinence rigoureuse, lorsque leurs opérations n'étaient pas terminées dans les vingt premiers
jours. La famille Farnèse, que quelques auteurs croient sortie d'Allemagne, et qui, plus vraisemblablement, était originaire de Toscane, fut connue avantageusement depuis Rainuce, l'un de ses auteurs, qui avait, en 1288, commandé avec gloire les troupes de l'
Eglise.
Alexandre était instruit, bienfaisant et habile dans les affaires. Depuis longtemps il avait manifesté le désir de voir assembler un
concile pour s'opposer aux progrès du luthéranisme : devenu maître, ce fut le premier projet dont il s'occupa. Il envoya des ambassadeurs à tous les princes chrétiens, et négocia avec les
protestants pour l'exécution de cette sainte entreprise. La ville de Mantoue fut d'abord indiquée pour la tenue de l'assemblée : le
duc refusa, et le pape désigna Vicence. De nouvelles difficultés s'élevèrent et firent proroger pendant plusieurs années l'ouverture de ce
concile, qui eut lieu enfin à Trente le 15 décembre 1545. Deux objets essentiels appelaient l'attention de cette réunion si célèbre et si ardemment désirée : la réforme en elle-même, c'est-à-dire l'hérésie des novateurs, et ensuite la réformation des abus de la cour de Rome, autrement la discipline. Le pape eût bien désiré que ce dernier point fût resté séparé et laissé à son arbitrage. Il croyait qu'il serait plus digne de la cour de Rome de se réformer elle-même ; il alla jusqu'à faire des propositions de règlement à cet égard ; mais les Pères du
concile jugèrent que ce serait blesser leur propre honneur, et refusèrent la
division. Après la septième session, sur le bruit qui se répandit à Trente qu'on y était menacé d'une maladie contagieuse, le pape voulut transférer le
concile à
Bologne. Cette résolution amena la suspension absolue du
concile, par des motifs qui semblaient devoir être étrangers à la grande question qui devait se traiter.
Paul III avait été marié avant d'embrasser l'état ecclésiastique. Il lui restait un fils nommé Louis, et un petit-fils appelé
Octave. Il avait donné à Louis, en
apanage, les villes de Parme et de
Plaisance, et attaché au
saint-siège, à titre d'échange, les principautés de Camérino et de Népi, qu'il avait précédemment concédées à
Octave. Cet arrangement déplut à Charles-Quint, qui refusa aux Farnèse l'investiture de Parme et de
Plaisance, lesquels dépendaient du
duché de Milan comme
fief de l'Empire. Louis Farnèse ayant été assassiné à Parme, à cause de la haine qu'il s'était attirée par ses crimes et ses débauches, les troupes de l'empereur s'emparèrent de la ville, et le pape ne put obtenir qu'elle lui fût rendue. On résume que, pour se venger, il voulut éloigner le
concile de la ville de Trente, appartenant à l'empereur, pour l'établir à
Bologne, qui lui était tout dévoué depuis la conquête que
Jules II en avait faite sur les Bentivoglio. Ce qu'il y a de certain, c'est que les Espagnols et les Allemands ne se rendirent point à
Bologne, et que
Paul III fit donner ordre aux Pères de quitter cette ville, en annonçant que le
concile était indéfiniment ajourné. Il paraît néanmoins que la mésintelligence n'empêcha point Charles-Quint d'accepter, à la sollicitation de
Paul III, une entrevue à
Nice avec
François Ier, d'où résulta, en 1538, une cessation d'hostilités appelée dans l'
histoire la
trêve de Nice. Par suite de son rapprochement avec l'empereur,
Paul III obtint aussi, pour son petit-fils
Octave, la main de Marguerite d'Autriche, fille naturelle de Charles-Quint, et veuve de Julien de Médicis, qui avait été assassiné à Florence. Ce fut ce pape qui confirma au parlement le droit d'
indult, afin, dit
Pasquier,
qu'il ne s'opposât plus si souvent au droit d'annales.
Paul III trouva dans le sein de sa famille des chagrins qui empoisonnèrent la fin de ses
jours. Il avait comblé de biens des parents qui le payèrent d'ingratitude. Il mourut le 20 novembre 1549, dans la 84ème année de son âge et dans la seizième de son
pontificat. Sentant sa fin approcher, il fit appeler es
cardinaux et régla avec eux les affaires de l'
Eglise. Les mauvais procédés de ses proches lui arrachèrent des regrets, et l'on prétend que, dans un mouvement de repentir, il répéta plusieurs fois avec douleur ces paroles du
Bible Louis Segond">psaume 18 :
Si mei non fuerit dominati, etc. Paul III était naturellement doux et modéré ; il aimait la
poésie et composait des vers avec facilité. On a de lui des Lettres pleines d'érudition à Erasme, à Sadolet et autres. Il établit l'
inquisition à Naples, et approuva l'institut des
jésuites.
Paul III eut pour successeur
Jules III.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 32 - Pages 281-282)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Paul III,
Alexandre Farnèse, pape de 1534 à 1549, était
Romain. Il montra beaucoup de fermeté dans ses relations avec Henry VIII, lança contre ce prince, après son schisme, une
bulle d'excommunication, forma avec Charles-Quint et
Venise une ligue contre les Turcs (1538) ; se porta comme médiateur entre Charles-Quint et
François Ier, qui, grâce à lui, conclurent la trêve de
Nice (1538), approuva l'Ordre des
Jésuites (1540), convoqua le
concile de Trente (1542), et fit reprendre la construction de St-Pierre en la confiant à Michel-Ange (1546). Il est le premier auteur de la fameuse
bulle In coenâ Domini.
Paul III avait été marié avant d'entrer dans l'
Eglise, et avait un fils, Pierre Farnèse, qu'il fit
duc de Parme, ce qui l'engagea dans des luttes continuelles avec Charles-Quint, qui prétendait à ce
duché. Il a laissé des
Lettres à Erasme, à Sadolet, etc.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 1444.