Saint Casimir, grand-duc de Lituanie, le troisième des treize
enfants de Casimir III, roi de Pologne, vint au monde le 05
octobre 1458. Sa mère, Elizabeth d'Autriche, princesse d'une rare piété, confia son éducation à Jean Dlugloss,
chanoine de Cracovie, dont les vertus égalaient les profondes connaissances en tout genre. le jeune prince, né avec les plus heureuses
dispositions, répondit parfaitement aux
vues religieuses de sa mère, et aux soins de son digne instituteur. A peine avait-il atteint l'âge de treize ans, que les Hongrois, révoltés contre Mathias Corvin, leur roi, le demandèrent pour lui mettre la
couronne sur la tête. Casimir, docile aux ordres de son père, partit à la tête d'une armée
polonaise, pour faire valoir un droit dont son extrême
jeunesse ne lui permettait pas de sentir toute l'injustice. Les deux armées étaient près d'en venir aux mains, lorsque le
pape Sixte IV, s'étant entremêlé dans le différend des Hongrois avec leur souverain, d'ailleurs digne, par toutes sortes de bonnes qualités, de porter la
couronne, lui fournit l'occasion de renoncer à une entreprise qui répugnait autant à sa délicatesse qu'elle flattait l'ambition du roi son père.
Dans un âge mûr, le même peuple lui renouvela
la même offre dans une circonstance où, le trône étant
vacant, il n'avait point à craindre d'être taxé d'usurpation
; mais il résista à toutes les sollicitations qui lui furent faites
à cet égard. Casimir, tout occupé de son salut, sut se conserver
pur au milieu de la corruption du siècle. Le luxe et la mollesse de la
cour, où sa naissance l'attachait, n'eurent jamais le moindre attrait pour
son cur. La méditation continuelle des vérités saintes,
l'assiduité au service divin, la mortification des sens, par des exercices
variés de pénitence, le soulagement des pauvres, telle fut l'
histoire
de toute sa vie, sans que ces pratiques laissassent rien apercevoir au dehors
qui pût blesser les bienséances de son rang.
Ce jeune prince termina sa carrière à Wilna,
le 04 mars 1483, victime de sa
chasteté. Sa sainteté fut attestée
sur son tombeau par de nombreux miracles. Les
Polonais attribuèrent à
son intercession plusieurs victoires sur leurs
ennemis, et le proclamèrent
protecteur du royaume. La vénération des peuples lui avait décerné un culte public, et érigé des chapelles, lorsque le pape
Léon X l'inscrivit sur le catalogue des saints par une
canonisation solennelle, et, dès ce moment, il fut invoqué comme le patron de la Pologne.
En 1604, soixante ans après sa mort, on trouva son
corps et les riches étoffes dans lesquelles il était enseveli sans la moindre corruption ni détérioration, ainsi que le prouve l'acte authentique dressé à cette époque par les ordres de l'
évêque de Wilna. On le voyait peint d'après nature à St-Germain-des-Prés,
dans la chapelle où se trouvait le tombeau du roi Casimir V.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 7 - Page 118)