Saint Gilbert, premier abbé d'un
monastère
de son nom, ordre de
Prémontré, au
diocèse de
Clermont, issu
d'une famille noble, et qui tenait en Auvergne un rang distingué, vivait
sous les rois
Louis le Gros et
Louis le Jeune. Il avait passé ses premières
années à la cour de ces princes, et exerçait la profession
des armes. Chez lui, la valeur et les vertus guerrières étaient
jointes aux vertus chrétiennes. Retiré souvent dans ses terres avec
Pétronille sa femme et une fille nommée Ponce, unique
fruit de leur
mariage, il s'y livrait à des exercices
religieux et au soin de son salut,
sous la direction d'Arnulphe, premier abbé de Dilo, lorsque l'on publia
la seconde
croisade.
Louis le Jeune avant pris la
croix, Gilbert crut se devoir
à une entreprise qu'il regardait comme la cause de
Dieu, puisqu'il s'agissait
de la délivrance des lieus saints. Sa profession l'obligeait d'ailleurs
à suivre son prince : il se croisa, et vint en 1147
joindre, avec un bon
nombre de ses
vassaux, le roi, qui l'accueillit honorablement. Les armes des
croisés
ne furent point heureuses. L'année suivante, le roi revint en France, et
Gilbert en Auvergne, désespéré du peu de succès d'une
expédition dont il n'attribuait la mauvaise issue qu'aux péchés
des
croisés. Résolu de se retirer du monde, il trouva sa femme et
sa fille disposées à partager ce pieux dessein. Néanmoins,
il me voulut rien faire dans une chose si importante sans avoir consulté
l'
évêque de
Clermont et l'abbé de Dilo, son directeur. Tous
deux l'ayant confirmé dans sa résolution, il donna la moitié
de son bien aux pauvres, gardant l'autre moitié pour fonder et construire
deus
monastères, l'un de femmes pour Pétronillle et Ponce, et l'autre
d'hommes, où il voulut se retirer. Le premier fut établi à
Aubepierre, sous l'invocation de St-Gervais et St-Protais. Pétronille en
prit le gouvernement, et fut après sa mort remplacée par sa fille.
Gilbert, de son côté, se retira dans un lieu nommé
Neuf-Fontaines,
à cause de neuf sources qui l'arrosaient, et y mena pendant quelque temps
une vie solitaire et pénitente. Il y construisit ensuite un
monastère,
et fit en 1150 venir de Dilo des
chanoines prémontrés, leur laissant
la
liberté de se choisir un abbé. Tous les vux s'étant
réunis en sa faveur, il prit le gouvernement de la nouvelle colonie. Il
avait bâti à côté de l'
abbaye un vaste hôpital,
où les pauvres, les infirmes et les lépreux étaient reçus.
Gilbert s'en était réservé le soin ; il visitait chaque
jour
les malades, et pansait lui-même leurs plaies. Consumé de jeûnes
et plein de bonnes uvres, il mourut le 04
juin de l'an 1152, et fut, comme
il l'avait voulu, en terré dans le cimetière de son hôpital.
Sa réputation de sainteté y attirant un grand concours de fidèles,
Pierre, troisième abbé du
monastère de Neuf-Fontaines, qui
dès lors prit le nom de St-Gilbert, fit transporter le
corps du bienheureux
fondateur dans l'
église, où un tombeau lui fut élevé
à côté du chur.
Le
martyrologe de France fait mention de
Saint Gilbert sous
le 06
juin et le 03
octobre. Le
collège de
Prémontré à
Paris possédait une portion de ses
reliques. On doit à Robert d'
Auxerre,
prémontré et
historien presque contemporain, ces particularités
de la vie du saint, rapportées dans sa chronique, et tirées en outre
d'un manuscrit fort ancien conservé dans les archives de l'
abbaye.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 16 - Page 442)