Biographie universelle ancienne et moderne Saint Jacques, dit
le Majeur, l'un des douze premiers apôtres, naquit dans le bourg de
Bethsaïde, en Galilée.
Son père était un pêcheur nommé Zébédée, et sa mère,
Salomé, l'une des saintes femmes qui ensevelirent le
corps du Sauveur. L'
Evangile nous apprend que
Jésus, passant le long de la mer, vit Jacques
et Jean, son
frère, assis près de leur père dans une barque, occupés à raccommoder des filets, et que les ayant invités à le suivre, ils obéirent à l'instant même.
Saint Jacques fut témoin, avec son
frère et saint Pierre, de la
transfiguration de
Jésus sur le mont Thabor, et reçut d'autres preuves encore de l'affection particulière de son divin maître. Peu de
jours avant l'entrée de
Jésus à Jérusalem,
Salomé s'approcha de lui, et, l'ayant adoré, le pria d'ordonner que ses
feux fils fussent assis dans son royaume, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche. Cette demande excita l'indignation des
disciples ; mais
Jésus les apaisa en disant : « Que celui qui voudra être le premier d'entre vous soit le serviteur des autres ».
Saint Jacques accompagna
Jésus dans le
jardin des Oliviers ; mais, l'ayant vu saisir par les hommes armés que conduisait Judas, il s'éloigna promptement, et sortit de Jérusalem, ne s'y croyant pas en sûreté. Après la
résurrection du Sauveur, il revint dans cete ville, et, ayant reçu le
Saint-Esprit, commença à prêcher l'
Evangile avec tant de zèle, que
les principaux des Juifs demandèrent sa mort. Hérode Agrippa, qui cherchait tous les moyens de gagner l'affection du peuple, cita le saint apôtre à son tribunal, et le condamna à périr par le
glaive, en l'an 44. Celui qui l'avait accusé, ayant vu comment il avait rendu témoignage à Jésus-Christ, en fut touché et confessa qu'il était aussi chrétien. On les mena tous deux au supplice ; chemin faisant, l'accusateur pria saint Jacques de lui pardonner. L'apôtre, après y avoir un peu pensé, lui dit : La paix soit avec vous ! et le baisa. Ainsi ils eurent tous deux la tête coupée (
Fleury,
Histoire ecclésiastique, livre 1, paragraphe 24). Ce fut le premier des apôtres qui eut le bonheur de verser son sang pour la foi. La mémoire de cet
illustre martyr est honorée le 25
juillet.
On montre encore à Jérusalem le lieu de son supplice, sur lequel a été bâti un
couvent d'Arméniens, dont l'
église est fort riche et fort élégante (
Itinéraire, de M. Chateaubriand, t. 2, p. 247). Cependant, les Espagnols regardent saint Jacques comme leur apôtre, et ils se flattent, d'après une ancienne tradition, de conserver son
corps dans la
cathédrale de Compostelle ; c'est, comme on sait, l'un des plus fameux
pèlerinages de l'
Europe. Bivar, dans ses notes sur la fausse
Chronique de Fl. Dexter, rapporte qu'en 1595 on trouva sur une
montagne de
Grenade un
Evangile et quelques autres livres écrits de la main de saint Jacques sur des plaques de plomb. Ces ouvrages
apocryphes ont été condamnés par le
pape Innocent XI, en 1682 ; mais c'est en vain que les plus savants critiques,
s'appuyant du texte précis des
Actes des apôtres, ont cherché
à démontrer qu'il était impossible que saint Jacques eût
prêché l'
Evangile en Espagne ; les Espagnols ont continué
d'appuyer cette prétention par des ouvrages dont la liste remplirait plusieurs
colonnes (Voyez les titres principaux dans la
Méthode
pour étudier l'histoire, par Lenglet-Dufresnoy, article
Histoire ecclésiastique d'Espagne). Le père Cuper a réuni
dans les
Acta sanctorum (6ème volume
de
juillet) toutes les raisons favorables au système des Espagnols, pour lequel il penche évidemment par respect pour l'antiquité de la tradition.
L'
ordre militaire de Saint-Jacques fut institué en 1170, sous le règne de Ferdinand II, roi de
Léon et de Castille, pour protéger les
pèlerins qui accouraient en foule visiter les
reliques du saint apôtre. Fr.
Caro de Toris a écrit l'
Histoire de cet ordre célèbre (en espagnol), Madrid, 1629, in-fol.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 20 - Pages 486-487)