Biographie universelle ancienne et moderne Saint Jacques le Mineur, surnommé
le Juste, était fils d'
Alphée et de Cléophas ou
Marie, sur de la sainte Vierge ; et c'est d'après la coutume des Juifs que l'
Evangile lui donne le nom de
frère du Seigneur, quoiqu'il ne fût que son cousin. Il fut saint, c'est-à-dire consacré à
Dieu dès le ventre de sa mère : il ne but jamais de vin ni ne mangea d'aucun
animal ; le rasoir ne passa point sur sa tête ; il ne se baignait ni ne se frottait point d'
huile, grande austérité dans un pays chaud : il avait seul la permission d'entrer dans le
sanctuaire, parce qu'il ne portait point de laine, mais seulement du linge. Dans le temple, on le trouvait continuellement à genoux, demandant pardon pour le peuple
(
Fleury,
Histoire ecclésiastique,
livre 1, paragraphe 5).
Jésus l'appela, la seconde année de sa
prédication, et accorda la même faveur à
saint Jude, son
frère.
Après l'ascension du Sauveur, les apôtres le mirent à la tête de l'
Eglise de Jérusalem ; et il la gouverna, pendant vingt-neuf ans, avec une sagesse qui fut admirée même de ses
ennemis. Dans le premier
concile de Jérusalem, il prit la parole après saint Pierre pour démontrer que les gentils ne devaient point être obligés, comme le prétendaient quelques
disciples, de se conformer aux pratiques
légales établies par Moïse. Cependant, les progrès du christianisme alarmèrent les chefs de la synagogue ; et ils résolurent de faire mourir saint Jacques, que tout le peuple chérissait pour sa douceur et sa piété. Le
grand pontife Ananus, que l'
histoire représente comme un homme hardi et entreprenant, profita de l'absence du gouverneur romain pour exécuter ce projet criminel : il cita saint Jacques devant le
sanhédrin,
et, après lui avoir reproché sa conduite, l'invita à détromper le peuple qu'il abusait, et à déclarer que
Jésus n'était point le Fils de
Dieu. Le saint apôtre lui ayant répondu avec une juste indignation, Ananus le fit précipiter de la terrasse du temple. Malgré les vives douleurs qu'il ressentait de sa chute, saint Jacques s'appuya sur ses genoux et leva les mains au
ciel ; mais tandis qu'à l'exemple du divin
Maître, il priait pour ses
ennemis, un foulon lui frappa la tête de son levier, et le tua en l'an 62 de J.-C. L'
Eglise célèbre la fête de
saint Jacques le Mineur le 1er mai.
On a de lui une
Epître qui tient le premier rang entre les
canoniques ; elle est adressée aux douze tribus dispersées, et saint Jacques s'y propose de prouver que la foi n'est rien sans les bonnes uvres : on croit que cette
épître fut d'abord écrite en grec. On a encore sous le nom de saint Jacques un
Protévangile ou
Evangile de l'enfance de Marie. Mais l'
Eglise a rejeté cet écrit comme
apocryphe. Le fameux Guillaume Postel le rapporta de l'Orient, et en publia une version latine en 1552, in-8°. Cette version fut insérée avec le texte grec dans la seconde édition des
Orthodoxographi ; et Jean Alb. Fabricius l'a réimprimée dans son
Codex apocryphus Novi Testamenti. Enfin on attribue au même apôtre une
Liturgie que Claude de Sainctes publia en grec,
Paris, 1560, in-fol., rare, et dont il parut une version latine, la même année,
Anvers, in-8°. Léo Allatius et le
cardinal Bona se sont efforcés de prouver que saint Jacques est réellement l'auteur de cet ouvrage ; mais cette opinion n'a trouvé aucun partisan parmi les érudits.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 20 - Page 487)