Biographie universelle ancienne et moderne Sainte Batilde ou Bathilde,
épouse de
Clovis II, roi de France, fut d'abord esclave d'
Archambaud,
maire du palais de ce monarque. Elle fut vendue par des
pirates, qui avaient l'habitude de venir exposer sur les côtes de France
les captifs qu'ils avaient enlevés de l'autre côté de la mer ; ainsi, il est bien constant que Batilde était née en Angleterre ; mais on n'a aucune preuve qu'elle descendît des rois
saxons qui y régnaient à cette époque. Attachée au service de la femme d'
Erchinoald,
maire du palais de
Neustrie, la jeune Anglo-Saxonne se fit remarquer par sa douceur, ses grâces, son
esprit, sa beauté, autant que par la sagesse de sa conduite. Lorsque
Clovis II fut en âge d'être marié,
Erchinoald lui donna Batilde en 649, et fit de son esclave la femme de son souverain. C'est avec raison que
Mézerai se demande : « Quelle fut plus grande, ou la hardiesse de ce
maire, ou la faiblesse du jeune roi ? » Au reste, jamais élévation ne fut mieux justifiée.
Clovis II, dont la santé et la raison étaient également affaiblies par l'excès des plaisirs, mourut en 655, âgé de 23 ans, laissant trois fils :
Clotaire III,
Childéric II et
Thierry III.
Erchinoald continua de gouverner ; et Batilde, dont la sainteté inspirait aux
Francs un extrême respect, fut associée au gouvernement. Elle paraît s'être spécialement occupée à diriger les uvres pies qui s'accomplissaient au nom de ses fils.
Erchinoald ne survécut pas longtemps à
Clovis II ; à sa mort, les
Neustriens élurent pour
maire du palais Ebroïn. Les Austrasiens ne voulant pas le reconnaître, Batilde envoya à
Metz son second fils,
Childéric II, auquel les
Francs donnèrent pour tuteur le
duc de Wulfould, qu'ils firent
maire du
palais d'
Austrasie. Ce partage paraît avoir eu lieu en l'an 660. On ne sait rien avec certitude sur la régence de Batilde ; tandis que les anciens
historiens ne lui attribuent que quatre ans de durée, les modernes lui en donnent au moins huit, et Adrien de
Valois a réussi assez bien à distribuer entre ces huit années les fondations de
couvents et les actes de piété qui nous sont seuls connus du gouvernement de cette princesse. Elle restaura entre autres l'
abbaye de
Chelles ; elle l'enrichit de dotations nouvelles et fut en quelque sorte sa seconde fondatrice. Elle avait annoncé le dessein de s'y retirer et de s'y vouer à la vie monastique ; pendant quelque temps, le
maire Ebroïn et ceux qui gouvernaient avec lui s'opposèrent à sa retraite ; plus tard, ils prirent de la jalousie de l'
évêque Legebrand, que la reine consultait plus qu'eux et dont le crédit les offusquait. Ils le tuèrent vers l'an 664, et pour éviter les reproches de la reine, loin de s'opposer désormais à ses pieux désirs de renoncement au monde, ils la pressèrent eux-mêmes de s'enfermer dans son
couvent de
Chelles ; elle y consentit sans peine, et y mourut vers l'an 680. (Voyez
Vita sanctæ Bathildis, reginæ Francorum, pp. 571-574 ; et Adrien de
Valois, livre 21, p. 224.)
Il est bon de rappeler que l'esclave
saxonne Batilde, n'oubliant
jamais l'état d'où la Providence l'avait tirée pour la porter sur le trône, mit tous ses soins à abolir l'esclavage ; elle s'occupa avec une égale persévérance de la réforme de l'
Eglise, dont la discipline était très relâchée ; et ses utiles règlements la firent adorer des pauvres et des ecclésiastiques. On a remarqué qu'elle n'accordait sa confiance qu'à des
évêques,
exemple qui fut depuis imité par presque toutes les reines régentes.
Elle fut canonisée par le pape Nicolas Ier ; sa fête est célébrée le 30
janvier, regardé comme le
jour anniversaire de sa mort. Ses
reliques reposaient sur le grand
autel de l'
abbaye de
Chelles avec celles de saint Genès, son aumônier,
évêque de
Lyon, et celles de sainte Bertile,
abbesse de ce
monastère. Baillet lui a consacré dans ses
Vies des Saints un article intéressant. De nos
jours, madame Gottin, auteur de plusieurs romans historiques, a pris
Bathilde, reine des Francs, pour une de ses héroïnes.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 3 - Page 261)