Sainte Radegonde était fille de Berthaire, roi d'une partie de la
Thuringe ou plutôt du pays de Tongres. Elle fut emmenée prisonnière à l'âge de dix ans par Clotaire, qui la fit instruire dans le christianisme et lui donna des maîtres pour cultiver ses heureuses dispositions. Touché des charmes de sa captive, Clotaire l'épousa ; mais Radegonde ne pouvait aimer un tyran voluptueux et cruel, qui lui donnait d'indignes rivales et qui bientôt fit égorger le
frère de son
épouse (voyez
Clotaire Ier). Elle fit part au pieux
évêque de
Noyon du projet qu'elle avait de fuir la cour pour se consacrer à
Dieu dans un
monastère.
Saint Médard, redoutant la vengeance de Clotaire, refusa de favoriser son dessein. Alors Radegonde coupa ses
cheveux elle-même, couvrit sa tête d'un voile et retourna près du
prélat, qui, touché de son généreux courage, l'ordonna
diaconesse, quoiqu'elle n'eût pas l'âge prescrit par les canons. Radegonde se rendit ensuite à
Poitiers, et ayant apaisé Clotaire, en obtint la permission d'y fonder un
monastère, devenu célèbre, qui prit le nom de
Sainte-Croix d'une précieuse
relique que cette princesse reçut de l'empereur Justin et qu'elle y déposa. Elle y introduisit la règle de saint Césaire d'
Arles, et mit ce
couvent sous la direction d'une
abbesse, à laquelle elle resta soumise elle-même. Elle mêlait à ses exercices de piété la culture des lettres, et se rendit savante dans la connaissance des Pères grecs et latins, des poètes et des
historiens ecclésiastiques. Radegonde devint la protectrice de Fortunat, qu'elle s'attacha d'abord en qualité de secrétaire et ensuite de chapelain. Cette pieuse reine mourut en 587, à 78 ans, le 13 août,
jour où l'
Eglise honore sa mémoire.
Nous avons de
sainte Radegonde un testament en forme de lettre adressée aux
évêques de France. Cette pièce a été insérée par Grégoire de
Tours dans son
Histoire, d'où elle a passé dans les recueils des
conciles, dans les
Annales
de
Baronius et dans celles d'
Aquitaine. Les signatures d'evêques dont elle
est suivie dans ce dernier recueil ont été ajoutées après
coup. L'
histoire contemporaine fait mention de plusieurs autres lettres de sainte
Radegonde, mais elles ne nous sont point parvenues ou bien elles sont encore ensevelies
dans la poussière des bibliothèques (voyez l'
Histoire littéraire de la France , tome 3, p. 346). On a la
Vie de sainte Radegonde, par Fortunat. Une
religieuse du
monastère de
Sainte-Croix, nommée Baudonovie, y joignit un second livre, qui contient, sur la vie intérieure et sur les miracles de cette sainte, des détails que Fortunat n'avait pas connus ou qu'il n'avait pas cru devoir rapporter. Les deux livres ont été insérés dans le recueil de Surius, dans le tome 1er des
Acta sanctor. ord. St Benedicti (voyez
Mabillon), et dans les
Actes des bollandistes, au 13 août, avec un long et savant commentaire, suivi d'une autre
Vie de Radegonde, par Hildebert,
évêque du
. Ce sont les sources dans lesquelles ont puisé les nombreux
historiens de
sainte Radegonde : Jean
Bouchet, Pidoux,
Monteil, Filleau,
dom Liron, etc. (1) Madame de Gottis a publié en 1823 un roman historique intitulé l'
Abbaye de Sainte-croix, ou Radegonde, reine de France, 5 volumes
in-12.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 35 - Pages 57-58)