Saint Léger, en latin
Leodegarius,
évêque d'
Autun et d'Etat sous Clotaire III, naquit, vers l'an 616, d'une famille
illustre parmi les Français et fut élevé par les soins de
Didon, son oncle, seizième
évêque de
Poitiers, qui le prit ensuite pour son
archidiacre, et se l'associa en quelque sorte dans le gouvernement de son
diocèse. En 650 ou 653, Léger fut fait abbé de St-Maixent ; et en 656, il fut appelé à la cour par
sainte Bathilde, qui voulait s'aider de ses conseils ainsi que ce deux de
saint Eloi de
Noyon et de
saint Ouen de
Rouen,
pendant la minorité de son fils Clotaire III.
En 659, le siège d'
Autun, vacant depuis deux ans, étant devenu le théâtre du meurtre, du brigandage et de mille autres horreurs par les intrigues de deux compétiteurs ambitieux, la régente y nomma
saint Léger. La présence du nouvel
évêque ramena la paix et l'union. Léger soulagea les pauvres, réforma le clergé, instruisit le peuple, décora les
églises, et fit aussi des réparations aux murailles de la ville. Clotaire III étant mort en 669, Léger se rendit à la cour, et contribua puissamment à l'élection de
Childéric II, roi d'Austrasie ; mais le fameux
Ebroïn se déclara pour Thierri,
frère de Childéric, et se fit
maire de son palais. Cependant, la conduite de ce ministre fut si odieuse, que tout le monde abandonna
Thierri et se rangea sous les drapeaux de Childéric.
Ebroïn fut renfermé dans le
monastère de Luxeul à la prière de Léger, qui empêcha le roi de le faire mourir, et Thierri dans l'
abbaye de St-Denis.
En 670, Léger assembla un
concile à
Autun ; mais le soin de son
diocèse ne l'occupait pas tellement, qu'il n'aidât Childéric à porter le poids de la
couronne et à gouverner ses Etats. On croit même qu'il était
maire du palais. Le roi écoutait ses sages avis, et le royaume s'en trouvait bien ; mais le
mariage de ce prince avec sa parente, blâmé hautement par l'
évêque d'
Autun, devint la cause de leur mésintelligence et de la disgrâce de celui-ci. Dépouillé de son
évêché en 673, il fut enfermé à Luxeul, où était
Ebroïn. La même année, Childéric meurt, et Léger est rétabli par Thierri.
En 675, la ville d'
Autun est assiégée par
Ebroïn,
qui était du
monastère, et qui voulait se faire reconnaître
maire du palais d'un prétendu roi qu'il appelait Clovis, fils de Clotaire. On conseille à Léger de s'enfuir ; mais le saint
évêque refuse d'abandonner son troupeau : il distribue aux pauvres le trésor de son
église et tout ce qu'il possède. Il ordonne un jeûne solennel et des processions autour de la ville. A chaque porte, il se prosternait et disait à haute voix : « Seigneur, si vous me faites la grâce de m'appeler au
martyre, épargnez mon troupeau, et ne permettez pas qu'il soit réduit en captivité ». Il fit ensuite assembler le peuple dans l'
église, et demanda pardon à ceux qu'il pouvait avoir offensés par des réprimandes trop vives. Ceux qui défendaient la ville firent une vigoureuse résistance ; mais Léger,
voyant le péril auquel ils s'exposaient, leur dit : « Ne combattez pas davantage ; si c'est pour moi qu'ils sont venus, envoyons un de nos
frères pour être assurés de ce qu'ils demandent. » Un abbé, nommé méroald, sortit, et s'adressant à
Didon,
évêque de Challon, qui était à la tête des assiégeants, lui demanda ce qu'ils désiraient. « Nous voulons, répondit cet
évêque, qu'on nous livre Léger, et qu'il reconnaisse pour souverain Clovis, fils de Clotaire. » Léger, ayant appris cette réponse, déclara que l'héritier légitime du trône étant vivant, il ne pouvait en reconnaître un autre ; et comme les
ennemis ne levaient point le siège, il fit ses adieux à son peuple, et alla courageusement se livrer à ces forcenés, qui lui crevèrent les yeux. Le saint
évêque, pendant ce supplice, ne cessa de chanter des psaumes.
Ebroïn le fit exposer dans un
bois ; mais le comte Vaïmer l'emmena dans son château et lui rendit l'argenterie de son
église. Léger la renvoya pour être distribuée aux pauvres d'
Autun. Après quelque temps de séjour dans la maison de Vaïmer, Léger fut relégué successivement dans divers
monastères, tourmenté de nouveau, et cité, en 678, devant une assemblée d'
évêques, qui le dépouillèrent de la dignité
épiscopale et le remirent ensuite entre les mains d'un comte du palais, qui lui fit trancher la tête dans une
forêt de l'
Artois qui porte encore son nom. L'
Eglise célèbre la mémoire de ce saint
martyr le 02
octobre.
Nous avons de
saint Léger :
1° une
Lettre
à Sigrade, sa mère,
religieuse dans l'
abbaye de Notre-Dame de
Soissons,
pour l'encourager dans les tribulations et l'engager à pardonner à ses
ennemis : elle respire la
charité la plus ardente et un zèle vraiment
apostolique (Voyez Labbe,
Biblioth. mss.).
2° Canones Ausustodunenses. La Vie de
saint Léger écrite par un moine de
Saint-Symphorien, et par Ursin, moine de
Poitiers, se trouve dans les collections des
historiens de France et des Vies des saints de l'ordre de
saint Benoît.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 23 - Pages 619-620)