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Saint Odon / Saint Odes

(879, en Touraine - 942, à Tours)
Fêté le 18 novembre
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      Saint Odon ou Odes, deuxième abbé de Cluny, qu'il ne faut pas confondre avec saint Odon le Bon, son homonyme et son contemporain, était né en Touraine en 879 ; il était fils d'Abbon, favori de Guillaume Fier-à-bras, duc d'Aquitaine et comte de Poitou ; son père résidait le plus ordinairement à Tours ; c'est là qu'il fit toutes ses études, aux écoles de St-Martin. A peine âgé de 19 ans, il obtint par la protection de Foulques le Bon, comte d'Anjou, un des canonicats de ce célèbre chapitre, qui n'admettait parmi ses membres que des individus nés en Touraine. Un passage curieux de sa vie, écrite par D. Martène, nous apprend que les prêtres ayant une fois reçu l'étole à leur ordination, la portaient jour et nuit : « Le saint s'étant éveillé la nuit qui suivit son ordination, et voyant pour la première fois l'étole suspendue à son cou, se prit à pleurer. » Si nous en croyons Sigebert, de Gemblours, il était excellent musicien et avait composé plusieurs hymnes ; ce qui est certain, c'est qu'indépendamment de ses talents comme poète, Odon réunissait encore ceux d'orateur, d'historien et de théologien très distingué. Ses éminentes vertus l'élevèrent promptement dans son église aux dignités d'écolâtre, de prévôt et de grand chantre. Mais ces honneurs étaient loin de le séduire, et sa grande piété le détermina, dès l'âge de 30 ans, à résigner ses bénéfices pour entrer dans l'ordre de saint Benoît, au monastère de Baume, en Franche-Comté. Déjà sa réputation de sainteté était si généralement répandue, que Bernon, premier abbé de Cluny, jugea que personne ne serait plus propre que lui à rétablir la discipline primitive dans l'ordre, où le relâchement s'était introduit, et le désigna pour son successeur ; les religieux l'élurent d'une voix unanime, à la mort de Bernon, et il fut sacré en 926 par Bernoin, évêque de Besançon. La règle de saint benoît, sous sa direction, ne tarda pas à recouvrer son antique pureté à Cluny, et de cette abbaye célèbre sortirent des papes, des cardinaux et un grand nombre d'écrivains renommés. Les donations pieuses y affluèrent au point que dans les derniers temps on comptait encore 188 chartes dans ses archives. Le zèle d'Odon ne se borna point à sa seule abbaye ; dans plusieurs autres, tant en France qu'en Italie, la réforme s'opéra par ses soins. On y avait pour lui la plus profonde vénération, et il y était consulté comme un maître ; la plupart même se plaisaient à le qualifier leur abbé ; aussi, quoiqu'il ne l'ait été réellement que de Cluny, on le trouve souvent nommé abbé de Fleury, de St-Pierre-le-Vif, de Dôle, etc. Il fut appelé à Rome par les papes Léon VII et Etienne VIII, auprès desquels sa haute réputation était parvenue, tant pour opérer la réforme dans les monastères italiens de l'ordre de saint Benoît, que pour établir la bonne harmonie entre Albéric, patrice de Rome, et Hugues, roi d'Italie, dont les dissensions et les guerres désolaient également toute l'Italie. Il y réussit en 936 et termina leurs querelles par le mariage d'Albéric avec la fille de Hugues. Mais la guerre ne tarda pas à se rallumer entre eux, et le succès d'Odon ne fut complet qu'après deux voyages qu'il lui fallut faire encore à Rome, en 938 et 942. En quittant cette capitale du monde chrétien, Odon, cédant aux instances de son ami Théotolon, archevêque de Tours, vint revoir ce berceau de son enfance, où le vénérable prélat l'attendait pour reconstituer l'abbaye de St-Julien qu'il avait fait rebâtir. Il fut reçu le jour de la fête de saint Martin par toute la population, heureuse de compter encore au nombre de ses concitoyens un personnage aussi illustre. Mais cette joie se changea bientôt en tristesse, car la mort vint le frapper le jour même de l'octave de cette fête, 18 novembre 942, auquel sa mémoire est honorée. Il fut inhumé dans un caveau, sous le grand autel de l'église de St-Julien, et, longtemps après, ses reliques étaient vénérées par les fidèles qui affluaient de très loin à son tombeau. Elles en furent extraites plus tard et placées dans une châsse d'argent qui aura probablement disparu dans le XVIème siècle, durant les guerres de religion, car un procès-verbal dressé par Bernard, archevêque de Tours, en présence de la reine Marie, femme de Charles VII, et d'autres grands personnages, en constatait encore l'existence en 1457.

      Les soins donnés par Odon à la réforme et à l'extension de l'ordre de saint Benoît ne l'empêchèrent pas de se livrer à l'étude et de continuer la culture des lettres. Pendant qu'il était écolâtre à St-Martin, il avait exercé un enseignement public des saintes Ecritures, écrit un abrégé des Morales de saint Grégoire le Grand, et composé plusieurs hymnes en l'honneur de saint Martin. Sa réputation s'accrut et s'appuya sur de nouveaux écrits, après qu'il eut été élu abbé de Cluny. Tous ses ouvrages ont été recueillis dans la Bibliothèque de Cluny, par dom Marrier et André Duchesne, ainsi que dans le tome dix-septième de la Bibliothèque des Pères, édition de Lyon. On y trouve : L'abrégé des Morales du pape saint Grégoire sur le livre de Job ; trois livres de remarques sur le prophète Jérémie ; un poème sur l'Eucharistie, dédié à Odon, abbé de Cambray ; un livre du Mépris du monde. L'abbé Compaing, chanoine de Toulouse, en a donné une traduction française, Aurillac, 1715, in-8° ; la Vie de saint Géraud ou Gérard, comte d'Aurillac ; un petit traité de la Parité de saint Martin avec les apôtres ; un traité de la Translation de saint Benoît ; un livre d'Homélies et Sermons à ses confrères ; le quatrième de ces sermons roule sur l'incendie de l'église de St-Martin ; un livre de Louanges de St-Martin ; 10° des Hymnes et des Cantiques en l'honneur des saints ; 11° plusieurs Sermons sur les fêtes de St-Pierre, de la Madeleine et de St-Benoît ; 12° le traité de la Translation du corps de saint Martin, qui lui est généralement attribué, mais que l'abbé des Thuileries prétend, d'après des raisons assez solides, n'être pas de lui. Ce traité est inséré dans le chapitre 3 des Gestes des comtes d'Anjou ainsi que dans les différentes vies de saint Martin, recueillies par Chlictove, Paris, Petit, 1511 ; mais cette édition est très incorrecte. Le moine anonyme de Marmoutier, dans la préface de ces Gestes, dit que l'abbé Odon avait fait une chronique qui fut augmentée par Thomas Paccius de Loches ; c'est probablement celle qui est conservée en manuscrit au collège St-Benoît de Cambridge et qui est intitulée Chronicon ab exordio mundi usque ad annum Christi 937. La vie d'Odon a été écrite par le moine Jean, son disciple, qui voyageait habituellement avec lui ; elle se trouve également dans la Bibliothèque de Cluny, dans Surius, au 18 novembre, et dans le tome 7 des saints de l'ordre de St-Benoît, par D. Mabillon. Il y est dit qu'Odon avait fait des remarques sur la Vie de saint Martin par Sulpice Sévère ; mais cette ouvrage n'est pas venu jusqu'à nous. La vie d'Odon a encore été écrite en français par Giry, par Baillet et par D. Antoine Rivet, tome 7 de son Histoire littéraire de la France.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 30 - Pages 170-171)




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