Saint Maclou /
Saint Malo /
Saint Mahout naquit au pays de Galles, dans la vallée de Llan-Carvan, où sa mère, qui habitait une autre partie de cette contrée, était venue faire un voyage. Gwent, son père, tenait un rang considérable parmi les
Bretons. Maclou fut baptisé par
saint Brendan, abbé du
monastère de Llan-Carvan, une des écoles célèbres de ce temps.
Saint Brendan le forma aux sciences et à la piété, et lui conféra les ordres sacrés. On dit même que Maclou, annonçant un zèle ardent pour aller prêcher la foi aux infidèles, fut sacré
évêque régionnaire.
Saint Brendan avait fait un voyage à une île de l'Océan que la tradition représentait comme un séjour délicieux. Maclou, son
disciple, brûlait de suivre son exemple, afin de porter la lumière du christianisme chez les païens. Il quitta sa patrie vers l'an 520, et atterrit à la côte
septentrionale de l'
Armorique, près de la ville d'
Aleth, sur un
îlot, où vivait un saint ermite nommé Aaron, qui était aussi venu de
Bretagne. Maclou prêcha la foi aux païens et au petit nombre de chrétiens du pays. Il eut d'abord beaucoup à souffrir du roi Houel ; mais il parvint bientôt à dissiper les préventions que l'on avait inspirées à ce prince contre lui, et même éprouva sa protection dans la pieuse entreprise dont il s'était chargé. Toujours pénétré de l'idée d'aller à la découverte de terres nouvelles où il se trouvait des infidèles à convertir, Maclou, qui était habile dans la navigation, partit d'
Aleth avec 90 de ses
compagnons,
disciples de
saint Brendan. Il fit voile vers les
Orcades, ensuite au nord-ouest. Les
légendes rapportent qu'il navigua pendant plusieurs
années, ce qui doit probablement signifier qu'il renouvela la même tentative à plusieurs reprises ; mais son zèle ne fut pas couronné de succès : il ne découvrit rien. Ces traditions informes ont porté
quelques auteurs à supposer qu'avant la décadence de la marine des
Gaulois, sous César et sous Auguste, ce peupe voyageait d'
Europe en Amérique, et que le souvenir de ces courses lointaines donna lieu à toutes les entreprises dont il est question chez les écrivains du
moyen-âge, lorsqu'ils parlent de la recherche d'une île immense, située aux extrémités du monde et désignée par les noms de Grande-Ile, île Inca, île Inconnue ou Perdue, île Brandin, Brandan, Borrhondon, etc. ; mais les lumières manquent pour éclairer suffisamment cette question. Maclou gouverna pendant longtemps l'
Eglise d'
Aleth, instruisant le peuple par ses discours et ses exemples. Après la mort de
saint Aaron, il se chargea de la conduite de son
monastère. Bientôt la tranquillité dont il avait joui jusqu'alors lui fut ravie ; il fut tellement tourmenté par des hommes pervers, que, pour leur échapper, il s'embraqua sur un navire destiné pour l'
Aquitaine. Il gagna ensuite la ville de
Saintes, ou Léonce, qui en était
évêque, le reçut avec de grandes marques de respect. Rappelé peu de temps après, Maclou se démit de
l'
évêché d'
Aleth, en désignant Gudwal pour son successeur, et retourna près de Léonce. Il mourut à
Saintes le 15 novembre 565. Ses
reliques, longtemps conservées dans une
église de son nom située hors des murs de cette ville, furent transférées à
Aleth, d'où la crainte des Normands les fit porter à
Paris ; puis elles furent partagées entre différentes
églises. L'
évêché
d'
Aleth fut transféré, en 1144, dans l'île d'Aaron, où
se transportèrent aussi les habitants, et l'ancienne ville demeura déserte
; ce n'est plus aujourd'hui qu'un faubourg nommé
St-Servan. Le nom
d'Aaron fit place à celui de St-Malo pour désigner l'île, et ne s'appliqua plus qu'à la langue de terre qui la joint au continent.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 25 - Pages 653-654)