Saint Malachie, l'un des plus
illustres prélats de l'Irlande, était né en l'an 1094, à
Armagh, d'une famille noble et ancienne ; il renonça, jeune, aux avantages que lui offrait le monde pour se mettre sous la direction d'un pieux reclus nommé Imac. Cet exemple fut suivi par quelques jeunes gens ; et il se forma autour de la cellule du solitaire un
monastère,
dont Malachie devint le modèle par sa douceur, son humilité et son application à l'étude des saintes lettres. Il fut ordonné
prêtre à l'âge de 25 ans, et se chargea de différentes
prédications auprès des pauvres habitants des campagnes, qui en étaient privés depuis longtemps. Il alla ensuite trouver Malchi,
évêque de Lismore, pour apprendre de lui les règles de l'ancienne
discipline ecclésiastique ; et à son retour il fut placé à la tête de l'
abbaye de
Bangor, où il établit la réforme. Il passa de cette retraite sur le siège
épiscopal de Connor ; mais cette ville ayant été ruinée par le roi d'Ulster, il revint dans
Armagh, dont il fut élu
archevêque en 1127. Il ne prit possession de ce nouveau siège qu'après la mort de Maurice,
prélat intrus, qui s'en était emparé par violence. Il s'attacha d'abord à faire revivre l'ancienne discipline dans ce
diocèse, pourvut les
paroisses de pasteurs, autant que le malheur des temps pouvait le permettre, et fit agréer en 1135 Gelase pour son successeur. Il retourna pour lors à Connor, y établit un
évêque et alla lui-même habiter Down, où il fonda un nouveau siège
épiscopal. Les besoins de l'
Eglise d'Irlande le déterminèrent à faire le voyage de Rome : il passa par Clairvaux,
pour voir saint
Bernard, dont la haute éloquence avait causé plus d'une fois son admiration ; et à son retour d'Italie, il s'arrêta près de lui pendant quelques mois. Malachie revint à Clairvaux en 1148, pour conférer avec le pape Eugène III sur les nécessités de son
Eglise ; mais, à peine arrivé, il tomba malade, vit avec
résignation sa fin prochaine, et expira, le 2 novembre, entre les bras
de saint
Bernard. L'
Eglise célèbre sa fête le 3 du même
mois.
La
Vie de saint Malachie a été écrite en latin par saint
Bernard, et traduite en italien par le père Maffei. On en trouve l'analyse dans Baillet et les autres hagiographes. Jean Germano a publié :
Vita, gesti e predittioni del patre
san Malachia, Naples, 1670, 2 vol. in-4°. On a, sous le nom de
saint Malachie, une
Prophétie sur les papes,
depuis Célestin II, élu en 1143, jusqu'à la fin des siècles.
On sait que c'est l'ouvrage d'un faussaire qui fabriqua cette pièce pendant
la tenue du conclave, en 1590 ; elle a été publiée pour la
première fois, en 1595, par un
bénédictin de la congrégation
du Mont-Cassin (Voyez
Arnould Wyon) ; on l'a insérée, avec des notes explicatives, dans plusieurs receuils, notamment dans le
Dictionnaire de Moreri, édition de 1759. Le père Cl.-Fr. Menestrier a donné au public la
Réfutation des prétendues prophéties de saint Malachie,
Paris, 1689, in-4°. Ce petit ouvrage, écrit avec beaucoup de solidité, a reparu dans le
Recueil des pièces curieuses, t. 3 et 4.
Dom Feijoo, qui réfute également ces prétendues prophéties dans son
Teatro critico, en cite d'autres, attribuées au même saint, et qui sont relatives aux rois d'Espagne, mais qui ne sont pas connues hors de ce royaume (Voyez le
Journal des savants, de 1743, p. 490).
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 26 - Page 199)