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La voie de l'occultiste - Tome 2

Annie Besant
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FRAGMENT I : LA VOIX DU SILENCE
Chapitre IX : Les Sept Sons

      Avant de poser le pied sur le degré supérieur de l'échelle des sons mystiques, tu devras entendre de sept manières la voix de ton Dieu intérieur.


      Charles Webster Leadbeater : Comme nous l'avons déjà dit, La Voix du Silence doit servir de guide au candidat jusqu'à la Quatrième Initiation. A ce point, sa conscience est élevée jusqu'au septième principe et commence à fonctionner sur le plan atmique ou nirvanique. L'homme est alors prêt à mettre le pied sur ce qui est appelé ici le degré supérieur de l'échelle et à subir la préparation qui précède la Cinquième Initiation – celle de l'Adepte Asekha. Le Sentier présente deux divisions égales, qui peuvent être nommées les degrés inférieur et supérieur de l'échelle.

      L'Initié, est-il dit, doit entendre de sept façons la voix de son Dieu intérieur. Dans la période présente, ce Dieu Intérieur est le Moi supérieur, le bouddhi ou deuxième principe. L'aspirant pendant sa méditation peut entendre ou non une série de sept sons, prouvant qu'il est arrivé aux sept sous-plans du plan bouddhique ; ceci dépend de son tempérament psychique. Mais dans tous les cas, il faut qu'il fasse descendre dans sa vie l'influence de bouddhi, et cela sur chacun des plans inférieurs, afin que l'activité de tous ses principes soit gouvernée par elle et qu'ainsi, dans sa vie, son Dieu intérieur soit toujours présent.

      La deuxième période est nommée « l'échelle des sons mystiques », peut-être parce que ce sont ceux de la voix du silence, cachée dans l'atma ou Moi supérieur. Gardonsn-nous, dans notre texte, de pousser trop loin l'interprétation exacte d'un mot anglais quelconque, car c'est une simple traduction. Dans l'original, chaque mot sanscrit ou pali abonde en sens techniques. Pourtant, le mot « mystique », dont la racine signifie « près des yeux », indique ici certains sons qui ne se mêlent en rien à la vie centrifuge mais donnent des ordres qui semblent venir d'en haut, à la manière ex cathedra de la conscience pure. Le texte donne à entendre que les sons dont l'énumération va suivre sont plus accessibles et ne sont pas, en tout cas, « mystiques » pour le candidat dans la période dont il s'agit. La véritable conscience ne vous dit pas ce que vous devez faire, comme on le croit en général ; mais elle vous donne l'ordre de suivre la voie que déjà vous savez la meilleure, et cela quand votre mental cherche une excuse pour en suivre une autre ; elle parle avec l'autorité de la volonté spirituelle imposant à notre vie telle ou telle direction. Ce n'est pas l'atma, c'est le bouddhi ou deuxième principe qui donne la connaissance intuitive du bien et du mal.


      Le premier son est comme, la douce voix du rossignol chantant à sa compagne, un chant de départ.
      Le second arrive comme le bruit d'une cymbale d'argent des Dhyanis éveillant les étoiles scintillantes.
      Le suivant ressemble à la plainte mélodieuse d'un lutin de l'océan emprisonné dans son coquillage.
      Il est suivi du chant de la vina.
      Le cinquième siffle dans ton oreille comme le son d'une flûte de bambou.
      Puis il se change en un éclat de trompette.
      Le dernier vibre comme le grondement sourd d'une nuée d'orage.
      Le septième engloutit tous les autres sons ; ils meurent, et on ne les entendra plus.


      La série des sept sons mentionnés ici a vivement excité la curiosité de tous les lecteurs qui ont médité sur les pages de ce petit livre. Remarquons d'abord le caractère des sons ; nous verrons ensuite qu'ils peuvent s'interpréter de plusieurs manières. Dans l'ordre où ils sont placés, ils deviennent de plus en plus matériels et perdent leur caractère pénétrant. Notons par exemple la différence entre la vina et une trompette indienne de modèle ancien. En entendant pour la première fois, peut-être dans une vaste salle rernplie d'auditeurs, les sons merveilleusement subtils de la vina, l'Européen constate presque toujours avec surprise que, sans le moindre effet de violence, ils pénètrent dans les coins les plus éloignés et donnent l'impression d'accents presque étrangers à nos plans matériels.

      Dans la série, le son le plus élevé est comparé à certain chant du rossignol. Il y a, dit-on, des cas où sa voix s'élève à de telles hauteurs qu'elle finit par échapper à l'oreille humaine, bien que les vibrations du chant fassent encore trembler visiblement la gorge de l'oiseau. L'existence de notes aussi élevées est bien connue de l'étudiant des sciences. Le son d'une sirène, par exemple, peut sous la pression accrue de l'air ou de la vapeur, être élevé si haut que les personnes qui l'écoutent déclarent, l'une après l'autre, qu'elles ne l'entendent plus. Il existe, pour appeler les chiens policiers allemands, un certain sifflet. Si l'on emploie cet instrument qui semble un sifflet ordinaire, aucun son n'est perceptible pour l'homme, mais le chien qui se trouve dans une autre pièce ou à une certaine distance, dresse immédiatement les oreilles et arrive en bondissant au lieu précis d'où l'appel lui semble avoir été émis.

      L'interprétation des sons comporte deux groupes. Le premier son mentionné sur la liste peut représenter le dernier entendu par le candidat. Les sons étant énumérés de haut en bas dans l'ordre de leur création, suivant l'usage oriental, le premier créé se trouve être le septième quand l'aspirant approche du Créateur de ce son. Le grondement sourd d'une nuée d'orage vient d'abord ; il représente le principe physique de l'homme ou y correspond. Au milieu se place la vina représentant l'antahkarana (suivant la classification de Mme Blavatsky). Le chant du rossignol vient en dernier ; il représente atma, le silence. Le septième son, le son imperceptible, succédant à tous les autres qui, en l'atteignant, meurent et ne sont plus entendus, est ainsi bien symbolisé. L'aspirant doit parvenir à entendre Dieu dans le grondement sourd du plan physique, puis dans la trompette du plan astral, puis dans le son du mental inférieur comparé à celui d'une flûte de bambou, et ainsi de suite jusqu'au monde où réside son principe le plus élevé.

      A un autre point de vue, les mêmes sons peuvent symboliser l'intensité avec laquelle est perçue par l'aspirant la voix Moi supérieur. La voix est unique, mais on l'entend de sept manières. En commençant elle est subtile et douce, pareille au chant du rossignol et souvent s'évanouit dans le silence ; ensuite, elle devient plus forte et ressemble à « la cymbale d'argent des Dhyanis ». Elle grandit sans cesse ; enfin, elle résonne constamment et remplit les airs comme le grondement sourd d'une nuée d'orage. Au début de notre progression, la voix du Moi supérieur peut nous sembler grêle et faible, mais plus tard elle acquiert pour nous toute la réalité du tonnerre.

      Notons aussi que, dans le texte, la désignation de ces divers sons fait suite à la mention de Koundalini dirigée de chakra en chakra. Or, cette énergie, éveillant à sept profondeurs ou à sept degrés différents, produit avec une force croissante les résultats physiques déjà mentionnés. C'est pourquoi la voix entendue quand Koundalini atteint le centre situé entre les yeux, sera perçue à sept degrés d'intensité, symbolisés par les sept sons énumérés.

      Encore une fois, il est naturel que, sur le plan le plus dense, le candidat n'entende la voix intérieure que faiblement et comme le chant du rossignol. En s'élevant au plan suivant où l'enveloppe du Moi intérieur est moins épaisse, il percevra plus facilement la voix de ce Moi. Enfin, quand il atteint le principe supérieur, la voix ressemble au grondement d'une nuée d'orage. Si nous assignons la subtilité aux choses d'en-haut, l'illusion des plans inférieurs en est la seule cause ; nous finirons par constater qu'elles présentent tout le volume et toute la réalité du tonnerre.

      Ces interprétations ne s'excluent pas mutuellement ; toutes les expériences qu'elles comportent sont simultanément possibles pour le candidat.

      Je me souviens qu'à propos de ces divers sons, une question nous fut posée, au cours de nos entretiens sur le toit, à Adyar ; la Présidente et moi-même y répondîmes dans ces termes :

      Annie Besant : Pendant la méditation, un des premiers sons entendus (très distinctement en ce qui me concerne), ressemble à celui du tam-tam dans un village indien. L'ayant décrit à H. P. B., elle me, dit : « C'est très bien. Continuez ». J'entendis ensuite comme une suave musique, et puis ce qui ressemblait à un carillon argentin. Un autre son rappelait celui d'une cloche de temple, tel qu'on l'entend à Bénarès. A mon avis, ces sons prouvaient que je commençais à entendre sur le plan astral. Je n'ai jamais constaté qu'ils signifiassent autre chose.

      Il existe, dans l'Inde, une école fondée par un homme au sujet duquel le Maître M. S'est exprimé en termes élogieux. Ses élèves, au bout de quelque temps, entendent très distinctement dans leur cerveau certains sons, mais je n'ai jamais observé que leurs progrès en fussent accélérés. Dans le Nord, on vient souvent me demander ce que signifient les sons perçus. Je leur réponds : « C'est un commencement de clairaudience. Rien de plus ».

      Je ne suis jamais arrivée à identifier les sept sons mentionnés par H. P. B. Ils peuvent signifier que vous devez réveiller successivement votre conscience sur chaque plan et que chacun symbolise la note d'un plan donné, de même qu'ici-bas le
fa est la combinaison des innombrables sons du plan physique. Mais cela n'explique pas grand-chose.

      Charles Webster Leadbeater : Je ne parviens pas à les faire exactement correspondre aux plans. Peut-être doivent-ils représenter les sons qui accompagnent l'éveil des sept centres par Koundalini, car le son est un des phénomènes qui se produisent dans ce cas particulier. Je n'ai jamais été bien sûr de ce qu'elle voulait dire. On serait disposé à croire que la cymbale d'argent, sur des tons divers, pourrait remplacer tous les sons décrits. Le tonnerre ne semble certainement pas très à sa place.

      Annie Besant : Il va sans dire que certains sons, dans notre tête, appartiennent entièrement au système vasculaire. Quand une personne les entend très fortement, c'est qu'elle arrive à an état d'anémie dangereux.

      Les sons ne présentent pas un caractère progressif. H. P. B. procède très souvent d'une façon circulaire ; elle commence quelquefois par le nombre quatre et puis continue de chaque côté. Peut-être même ne suit-elle aucun ordre. On pourrait commencer par le tonnerre, la trompette et le lutin de l'océan ; la cymbale représenterait le quatrième son, la flûte le cinquième, et la vina, qui a plus de douceur, le sixième ; le rossignol serait, enfin, le septième de la série.


      Charles Webster Leadbeater : S'il nous est permis de les placer de la sorte, ils commencent à présenter un sens précis.

      Annie Besant : H. P. B., astralement consultée, a dit : « Quelle absurdité de les avoir tous compris de cette façon ! Vous auriez bien pu les disposer vous-mêmes ainsi : tonnerre, trompette, coquillage de l'océan, cymbale, flûte, vina, rossignol ». Elle traita notre littéralité d'abominable.


      Charles Webster Leadbeater : Des listes analogues se trouvent dans plusieurs ouvrages sanscrits. En voici un exemple tiré du Shiva Samhita :

      Le premier son est comme le susurrement de l'abeille enivrée de miel ; le second, comme une flûte ; le troisième, comme une harpe. Ensuite, en pratiquant graduellement la yoga qui détruit les ténèbres d'ici-bas, on entend sonner des cloches, puis gronder le tonnerre. Quand l'homme, libre de crainte, fixe sur ce dernier son attention entière, il parvient à l'absorption, Ô Dieu aimé ! Quand le mental du yogui s'abîme dans ce son, il oublie tout objet extérieur et s'absorbe dans ce son (27).


      Quand les six sont tués et déposés aux pieds du Maître, alors l'élève est plongé dans l'Un, devient cet Un et y vit.

      Voici comment Blavatsky parle des six :

      Les six premiers ; c'est-à-dire quand la personnalité inférieure est détruite et que l'individualité intérieure est plongée et perdue dans 1e septième principe ou Esprit.

      De l'Un mentionné par le texte, elle dlit :

      Le disciple est un avec Brahman on l'Atma.

      Quand les six principes sont « tués » ; en d'autres termes, quand ils ne font plus preuve d'indépendance mais sont devenus tout à fait obéissants à la volonté du Moi, l'aspirant vit dans l'Un. La septième voix, celle de bouddhi, lui fera atteindre l'Atma. Mme Blavatsky applique, par analogie, le terme Brahman à l'atma humain. Brahman (neutre) est l'Un contenant les Trois. De même, atma contient en soi bouddhi et manas, quand l'homme, devenu un Arhat, sait vivre dans le triple esprit.


      Avant d'entrer dans ce Sentier, tu dois détruire ton corps lunaire, nettoyer ton corps mental et rendre ton cœur propre.

      Au terme « corps lunaire », Mme Blavatsky ajoute cette note :

      La forme astrale produite par le principe kamique, le Kamaroupa ou corps du désir.

      Sur le terme « corps mental », elle donne le commentaire suivant :

      Manas-roupa. Le premier se rapporte au soi astral ou personnel ; le second à l'individualité ou l'Ego qui se réincarne, et dont la conscience sur notre plan, ou le Manas inférieur, doit être paralysée.

      Mme Blavatsky s'occupait des plans moins exclusivement que ne le font aujourd'hui les Théosophes. Son attention se portait davantage sur les principes, et elle voyait, sous leur influence, la matière des différents niveaux prendre forme. Elle parle ici de « notre plan », voulant dire la région de l'existence personnelle – physique, astrale et mentale inférieure. La « forme astrale » n'est pas nécessairement le corps astral, mais plutôt la forme personnelle édifiée dans les régions subjectives de notre vie personnelle (plans astral et mental inférieur), à cause de notre forme corporelle, comme aussi des sentiments et pensées personnels qui s'y rapportent. Dans mon petit livre Le plan dévakhaninique, et dans La Sagesse antique du Dr Besant, sont donnés les quatre types de vie observés dans le monde céleste : 1) l'amitié personnelle ; 2) la dévotion personnelle ; 3) le véritable esprit missionnaire ; et 4) l'activité humaine. Tous ont un caractère émotif – bien que purs de tout égoïsme, ils ne sont pas impersonnels mais kâmiques ; le caractère de l'expérience acquise sur le plan physique leur donne leur forme. Seulement, le manas inférieur pur serait l'antahkharana – le mental de l'âme et non le mental du corps ; son activité serait exclusivement stimulée par en haut. Maintenant il doit être purifié de tout kâma, afin de devenir pour l'âme un canal parfait.

      Comprenez bien la condition du corps astral chez une avancée. Il ne répond pour ainsi dire pas aux impacts venant du dehors. En soi-même il est mort à l'existence d'ici-bas ; il ne possède plus de vie indépendante ; il a été « tué ». L'homme ordinaire reçoit-il un coup, des flammes de colère jaillissent sans doute immédiatement de son corps astral. Pour l'homme avancé, rien de pareil. Dans son cas, l'impact traversant l'astral atteindrait au-dedans le véhicule bouddhique, et celui-ci répondrait à sa façon ; son propre impact sur l'astral y ferait naître les admirables nuances caractérisant les émotions se rattachant à l'amour, et qui correspondent, dans le corps astral, au véhicule bouddhique. Comme l'a souvent expliqué le Dr Besant, l'aura astrale d'un homme avancé est incolore, ou plutôt d'une blancheur un peu laiteuse lorsqu'il est au repos ; par contre, toutes les plus ravissantes couleurs du plan astral l'inondent, éveillées par la réponse envoyée par le grand être ait monde extérieur.


      Les eaux pures de la vie éternelle, claires et cristallines, ne peuvent se mêler aux torrents boueux des tempêtes de la mousson.
      La goutte de rosée céleste qui brille aux premiers rayons du matin dans le sein du lotus, devient un morceau d'argile lorsqu'elle tombe à terre : voilà la perle changée en fange.
      Lutte avec tes pensées malpropres avant qu'elles ne te dominent. Agis avec elles comme elles le feraient avec toi ; si tu les ménages, qu'elles prennent racine et poussent, sache-le bien, ces pensées te terrasseront et te tueront. Prends garde, disciple, ne souffre même pas que leur ombre t'approche, car, croissant en grandeur et en force, cette chose de ténèbres absorbera ton être avant que tu aies bien pu le rendre compte de la sombre présence du monstre impur.


      Il y a, dans ce monde, des personnes qui s'imaginent qu'il est possible de persister dans la vie inférieure tout en avançant sur le Sentier ; parfois même, elles croient qu'en se livrant à divers genres d'excitation vicieuse elles peuvent générer une énergie considérable, susceptible de les faire avancer et de les élever ; elles craignent de devenir incolores, en réprimant complètement les activités inférieures. Il a été dit, assurément, que la personne incolore, l'homme bon et faible, ne peuvent faire de progrès. « Plût à Dieu que tu fusses froid ou bouillant », dit l'Esprit dans l'Apocalypse, « ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'es ni bouillant ni froid, je te vomirai de ma bouche (28). »

      Ce passage représente fort bien les faits. Les personnes qui donnent le plus d'espoir sont, dans l'ordre des préférences : 1) l'homme énergique et bon, 2) l'homme énergique et pervers, et 3) l'homme bon et ordinaire. Nul ne peul être un criminel actif à moins de posséder, fortement développée, telle ou telle qualité divine. Sa perversité a pour cause le défaut d'équilibre – par exemple une grande force de volonté, un grand courage ou une grande intelligence, sans amour pour son prochain. Un grand amour et une grande force de volonté, sans intelligence, risquent aussi de rendre un homme dangereux et malfaisant, car il peut devenir le chef fanatique de mécontents et de révolutionnaires. L'homme bon, sans plus, dont toutes les qualités sont débiles, faible en volonté, en intelligence et en amour, fait peu de progrès, bien qu'ils puissent être réguliers. Les grands hommes ont de grands défauts mais ils peuvent rapidement s'en défaire ; les petits ont de petits défauts dont la durée paraît souvent interminable.

      Mais dans tout cela aucun encouragement à mener une vie mauvaise; nous y voyons affirmé qu'à elle seule la répression des tendances inférieures n'assure pas de rapides progrès, mais qu'il faut chercher par des efforts positifs et énergiques à exprimer ce qui est élevé et bon. Ces efforts penvent entraîner une chute. La force de volonté, le savoir ou l'amour qui lui ont valu ses efforts, peuvent eux-mêmes rendre la chute de l'homme plus profonde et plus terrible s'il perd l'équilibre. C'est pourquoi la gravité de son péché peut être un présage de progrès rapides ; mais ces progrès ne commenceront que lorsque l'homme, sous l'influence de la souffrance karmique, aura compris son erreur et fait disparaître les impuretés résultant de sa chute. Tant que cette purification n'est pas achevée, rien à faire ou presque rien. Mme Blavatsky s'exprime sur ce point, avec vigueur dans ses Premiers pas sur le Sentier de l'Occultisme :

      Il y a des gens dont la faculté de raisonnement a été faussée par des influences étrangères au point de s'imaginer que les passions animales peuvent être sublimées et élevées, que leur force et leur ardeur peuvent – si l'on peut s'exprimer ainsi – être tournées en dedans, accumulées et enfermées en nous, jusqu'à ce que leur énergie soit, non pas épuisée, mais tournée vers des objets plus élevés et plus saints, c'est-à-dire jusqu'à ce que leur force accumulée permette à leur possesseur d'entrer dans le vrai sanctuaire de l'âme et de se tenir en présence du Maître – le SOI SUPÉRIEUR. Pour cela ils ne veulent ni lutter contre leurs passions, ni les détruire et veulent seulement, par un ferme effort de volonté, en éteindre les flammes violentes et les tenir en échec au-dedans de soi, permettant au feu de couver sous une mince couche de cendres. Ils se soumettent joyeusement à la torture du jeune Spartiate qui laissait dévorer ses entrailles par un renard plutôt que de s'en séparer. Ô pauvres visionnaires aveugles !
      Autant espérer qu'une bande de ramoneurs ivres, aux vêtements noircis par le travail, puissent être enfermés dans un sanctuaire tendu de voiles blancs et qu'au lieu de les transformer par leur présence en un monceau de lambeaux souillés, ils seront transformés, eux, par leur introduction dans le réduit sacré, et finalement en ressortiront aussi immaculés que le sanctuaire. Pourquoi ne pas imaginer aussi qu'une douzaine de sconces emprisonnés dans la pure atmosphère d'un sanctuaire, en ressortiront imprégnés de tous les parfums de l'encens qu'on y a brillé. Etrange aberration de l'esprit humain !


      Cette partie de notre texte se termine par ces passages non équivoques :

      Avant que le pouvoir mystique puisse faire de toi un Dieu, Lanou, tu dois avoir acquis la faculté de tuer à volonté la forme lunaire.
      Le Soi de la matière et le Soi de l'esprit ne peuvent jamais se rencontrer. L'un doit disparaître, car il n'y a pas de place pour les deux.
      Avant que l'esprit de ton âme puisse comprendre, le bourgeon de la personnalité doit être écrasé, et le ver des sens détruit sans résurrection possible.


      Le pouvoir mystique est ici encore Koundalini qui, dans le corps, représente « la grande force primitive cachée sous toute matière organique et inorganique ». Voici d'ailleurs sur ce point la note de Mme Blavatsky :

      Koundalini est appelé le pouvoir serpentin ou annulaire à cause de son travail ou progrès en spirale dans le corps du yogui qui développe ce pouvoir en lui-même. C'est un pouvoir électrique, igné, occulte ou fohatique, la grande force primitive cachée sous toute matière organique ou inorganique.


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(27)  Op. cit., V, 27, 28.

(28)  Bible Louis Segond">Apocalypse, III, 15-16.




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