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La voie de l'occultiste - Tome 2

Annie Besant
© France-Spiritualités™






FRAGMENT II : LES DEUX SENTIERS
Chapitre XVII : Le Sentier secret

      Si tu veux moissonner la douce paix et le repos, diciple, ensemence avec les graines du mérite les champs des moissons futures.
      Accepte les douleurs de le naissance.



      Charles Webster Leadbeater : Aryasanga cherche sans cesse à persuader le disciple de suivre le Sentier supérieur, celui du renoncement et de ne pas accepter la paix du nirvana. On a défini la vie sur le plan atmique ou nirvanique comme un repos dans l'omniscience, mais, bien entendu, s'il y a repos c'est uniquement parce que la conscience de l'effort suivi de fatigue y est inconnu. La plus prodigieuse activité règne sur ce plan et, comme j'ai déjà essayé de le faire comprendre (51), elle y représente l'essence même de la vie.

      Sous l'influence de la fatigue, on désire le repos, mais lorsqu'on quitte le corps en pleine conscience, plus de fatigue et l'on ne souhaite plus le repos. Dans ces conditions, nous le regardons un peu comme ici-bas nous regardons la mort ; nous aspirons, non pas à voir décroître, mais à voir grandir la puissance et l'énergie dont nous jouissons. Le Logos Solaire ne Se repose jamais, pas un seul instant ; s'Il le faisait, même pendant une seconde, nous cesserions tous d'exister.

      Beaucoup d'hommes parvenus au nirvana n'ont plus, à l'égard de l'évolution du monde, aucune obligation ; cependant, il semble impossible pour tout être parvenu aussi haut de ne pas répandre la gloire et la splendeur sur ceux qui sont encore au-dessous de lui ; fût-il rempli d'une telle dévotion que toute sa pensée ne cesse de s'élever vers les cimes et n'en redescende jamais, nous serions portés à croire qu'il ne pourrait s'empêcher de répandre sa dévotion sur les hommes d'ici-bas.

      Sept chemins s'ouvrent devant l'Adepte ; la plupart éloignent de la terre le candidat, mais sur chacun l'Adepte sert également le Logos. On peut supposer que tout Adepte consent à se rendre là où sa présence est la plus nécessaire et la plus uyile, mais en même temps, Il semble devoir accepter aussi volontiers de rester ici-bas et d'accepter « les douleurs de la naissance », s'Il est appelé à le faire. Toute autre attitude, surtout l'idée égoïste de s'échapper du monde et d'assurer la libération du moi séparé, empêcherait l'aspirant de s'élever aussi haut. Rester parmi les hommes pour les assister peut nous sembler le parti le plus charitable et c'est très naturel car, si nous sommes incapables d'aimer ainsi les personnes qui sont près de nous et nous sont connues, comment pourrions-nous en aimer d'autres qui nous sont inconnues ? N'oublions pas cependant que si les Seigneurs de la Flamme descendus de Vénus n'avaient pas quitté leur système planétaire afin d'apporter au nôtre leur assistance, notre évolution à ce jour aurait subi un retard d'au moins une ronde. Certains d'entre nous auront peut-être un jour le devoir d'aller assister de même quelque autre système moins avancé que le nôtre.

      En même temps, nul doute qu'il faille des élèves avancés en nombre toujours croissant pour accomplir ici-bras l'œuvre des Maîtres. L'Arhat est libre de ne plus accepter de naissances physiques, mais à coup sûr nos Maîtres désirent nous voir poursuivre nos incarnations dans l'intérêt de l'œuvre.


      Recule-toi du soleil dans l'ombre, pour faire place aux autres. Les larmes qui arrosent le sol desséché de la peine et de la douleur font pousser les fleurs et les fruits de la rétribution karmique. Au-dessus de la fournaise de la vie de l'homme et de sa fumée noire, s'élèvent des flammes ailées, des flammes purifiées qui, prenant leur essor sous l'œil karmique, finissent par tisser la trame glorieuse des trois vêtements du Sentier :

      Le commencement de ce passage semble donner à penser qu'l n'y a pas assez de soleil pour tous. N'en croyez rien. Tous peuvent être heureux. Comme la terre, nous créons notre ombre. Nous sommes les auteurs de nos chagrins et du nos peines ; c'est là notre Karma, comme tout ce qui nous advient. Aryasanga veut dire qu'il faut toujours être prêt à aider autrui, dût-on subir pour cela des ennuis ou des pertes.

      Les actions qui entraînent de grandes souffrances karmiques sont rares. C'est d'abord, bien entendu, la cruauté ; et puis quelques autres. Mais les souffrances ont habituellement pour cause la manière dont on prend les désagréments, fruits du Karma ; elles représentent alors nettement « du Karma payé comptant ». Citons, par exemple, les regrets égoïstes donnés aux personnes qui, dans l'au-delà, se sont élevées à une vie plus heureuse ; cause de souffrance pour tout le monde, même pour les défunts qui sont très péniblement affectés par la dépression et par le chagrin. Jamais le Karma n'apporte à l'homme plus que l'homme ne peut supporter et supporter facilement ; mais ceci ne s'applique pas à ce que l'homme y ajoute de pensées, de sentiments et d'actes insensés.


      Ces vêtements sont : Nirmanakaya, Sambhogakaya et Dharmakâya, robe sublime.

      Nous examinerons en détail la question de ces trois vêtements dans notre commentaire du troisième fragment. Ils représentent trois possibilités offertes à l'homme devenu Adepte. Il peut, ou accepter immédiatement le nirvana, ou ne le prendre qu'après avoir passé par d'autres expériences spirituelles très hautes ; ou rester, comme Nirmanakaya en rapport avec notre terre afin de remplir le réservoir spirituel ; ou enfin entreprendre sur d'autres globes ou systèmes une tâche nouvelle. Ce dernier choix n'implique évidemment aucun égoïsme ; la possibilité que le moindre égoïsme puisse exister à des altitudes pareilles est inconcevable.

      La première édition de notre texte mentionnait les « Bouddhas égoïstes », mais après sa mort, Mme Blavatsky pria notre Présidente de supprimer le passage qui contenait ce terme, cause de nombreux et dangereux malentendus. Il s'agissait des « Pratyeka Bouddhas », grands Adeptes ayant rang de Bouddha mais appartenant au premier rayon. Comme « eka » signifie « un », certains Bouddhistes du nord ont supposé qu'un Pratyeka Bouddha travaillait exclusivement pour soi – idée blasphématoire pour toute personne connaissant Leur rang. Les trois Seigneurs de la Flamme, élèves du Seigneur de la Terre, sont des Pratyeka Bouddhas ; Ils descendirent ici-bas pour aider la Terre et hâter son évolution dans la ligne du premier rayon, alors que le Bouddha travaille sur le deuxième. Les critiquer pour une œuvre qui n'est pas la Leur est absurde.


      La robe Shangna peut, il est vrai, acheter la lumière éternelle. La robe Shangna suffit à donner le Nirvana de la destruction ; elle arrête la renaissance, mais ô Lanou, elle tue aussi la compassion. Les Bouddhas parfaits, une fois vêtus de la gloire de Dharmakaya, ne peuvent plus aider au salut de l'homme. Hélas ! les Soi seront-ils sacrifiés à soi, le genre humain au bien d'unités ?
      Sache, ô débutant, que c'est là le sentier ouvert, la route du bonheur égoïste, dédaignée par les Bodhisattvas du Cœur Secret, les Bouddhas de Compassion.


      La robe Shangna est très inférieure aux trois vêtements dont nous venons de parler ; elle représente ici la balance du Karma et la destruction de la personnalité par l'extinction de tous les désirs, y compris le désir de l'existence ; elle comporte une évolution du corps causal bien plus complète qu'elle ne l'est jusqu'ici dans la plupart des hommes, mais sans développement de l'amour et de la compassion, ni du désir d'aider le monde. L'homme qui s'est ainsi libéré de l'obligation des renaissances peut, comme ego, séjourner infiniment longtemps sur les niveaux supérieurs du plan mental.

      Dans ce passage, Aryasanga paraît se plaindre de ceux qui, prenant le vêtement Dharmakaya, se retirent sur des plans ou dans des systèmes éloignés ; en réalité cette pensée peut avoir été la sienne ; il ne peut avoir reproché à ces Bouddhas leur égoïsme. Les Pratyeka Bouddhas sont tout aussi avancés que notre Seigneur le Bouddha ; Leur compassion est égale à la Sienne ; mais Ils n'ont pas pour devoir de remplir Son office. Bien des milliers d'années avant de parvenir aussi haut, ces Grands Etres devaient être déjà incapables de tout sentiment égoïste. Ne l'oublions pas : La Voix du Silence fut écrite après la mort d'Aryasanga par un de ses disciples ; Aryasanga n'est donc pas entièrement responsable du texte. Il semble qu'ici la méprise du disciple ait coloré les idées de son instructeur.


      Vivre pour l'humanité est le premier pas.
      Pratiquer les six vertus glorieuses est le second.
      Revêtir l'humble Nirmanakaya, c'est renoncer pour soi à l'éternel bonheur, afin d'aider au salut de l'homme. Atteindre la béatitude du Nirvana, mais y renoncer, est le pas suprême, le dernier pas ; le plus haut sur le sentier du renoncement.
      Sache, ô disciple, que c'est là le sentier secret, choisi par les Bouddhas de perfection, qui ont sacrifié le Soi à des soi plus faibles.


      Les six vertus glorieuses sont les paramitas, dont nous avons déjà parlé au chapitre XIV ; elles représentent l'une des manières de suivre le Sentier. Une autre méthode est résumée dans la série des qualités requises, énumérées dans Aux Pieds du Maître, et que suivent les quatre étapes du Sentier proprement dit.

      Il n'est pas tout à fait exact de dire que les Nirmanakayas renoncent au bonheur car l'Adeptat est, en soi, l'obtention du bonheur. Ce qui est vrai, c'est que l'Adepte pourrait demeurer éternellement sur les cimes prodigieuses où Il S'est élevé, mais qu'Il préfère descendre pour aider l'humanité. Mais ceci ne Le prive pas de l'éternelle félicité inhérente à Sa propre condition ; Il décide simplement d'agir à des niveaux inférieurs.


      Pourtant, si la doctrine du cœur est trop haute pour toi ; si tu as besoin de t'aider toi-même et si tu crains d'offrir ton assistance aux autres ; alors, homme au cœur timide, sois averti à temps ; contente-toi de la doctrine-œil de la Loi. Espère encore. Car, si tu ne peux atteindre le Sentier secret aujourd'hui, il sera à ta portée demain. Sache que pas un effort, même le plus petit, dans la direction bonne ou mauvaise, ne peut s'évanouir du monde des causes. Même la fumée qui s'envole ne reste pas sans traces. « Une parole dure prononcée dans les vies passées n'est pas détruite, mais revient toujours. » Le poivrier ne donnera pas de roses, et la suave étoile argentée du jasmin ne se changera pas en épine ou en chardon.
      Tu peux créer en ce jour tes chances pour ton lendemain. Dans le grand voyage, toute cause semée à chaque heure porte sa moisson d'effets ; car la stricte justice gouverne le monde. D'une puissante poussée d'action qui jamais ne se trompe, elle apporte aux mortels des vies heureuses ou malheureuses, progéniture karmique de toutes nos pensées et actions antérieures.
      Prends donc tout ce que le mérite a en réserve pour loi. Homme au cœur patient. Aie bon courage et accepte le destin. Tel est ton Karma, le Karma du cycle de tes naissances, la destinée de ceux qui dans leur peine et leur douleur sont nés en même temps que toi, qui se réjouissent et pleurent de vie en vie, enchaînés à tes précédentes actions.


      Il n'y a pas lieu de désespérer si la résolution de pratiquer l'altruisme parfait n'est pas immédiatement possible. Il faut poursuivre les efforts dans la bonne direction jusqu'au moment où cet idéal semblera tout à fait naturel et d'une réalisation comparativement aisée. Certaines gens, incapables de réaliser tel grand idéal mis sous leurs yeux, ont le sentiment que, de toutes les choses qu'ils peuvent faire, aucune n'en vaut la peine ; ils s'effondrent et par suite ne font rien. Mais c'est là une grande faute. Notre Seigneur le Bouddha Se montrait fort sage quand Il s'adressait à des auditeurs de tout genre ; S'attachant à leur éviter cette sorte de découragement, Il réservait à Ses moines la doctrine du Sentier supérieur. Aux gens ordinaires, il prêchait le sentier moyen et leur disait de mener la vie la plus haute et la plus noble qui leur serait possible, afin d'être un jour capables d'entrer dans Son Ordre. Aujourd'hui, disait-Il, se créent vos occasions de demain, c'est-à-dire pour l'incarnation prochaine. Inutile de désespérer car l'homme qui saisit une occasion en reçoit dix, et celui qui tire des facultés dont il dispose toutl le parti possible, dans la limite de ses forces, développe assurément ces facultés avec une rapidité surprenante.

      Le dernier paragraphe mentionne les personnes qui naissent en même temps. De fait, les hommes évoluent par groupes et se retrouvent bien souvent, étroitement unis et apparentés de façons diverses. Dans un de ces groupes, ce qui arrive à l'un de ses membres réagit fortement sur les autres, en bien comme en mal. Les aspirants devraient trouver un encouragement additionnel dans cette idée que chacun de leurs succès rendra grand service à de nombreuses personnes dont les destinées se rattachent ainsi étroitement aux leurs.


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(51)  Chapitre VII




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