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Le roi David

(~ -1085 - -1014, selon la Bible)
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      David, roi prophète, fils d'Isaï ou de Jessé, naquit à Bethléem, dans la tribu de Juda, vers l'an 1085 avant J.-C. Il n'avait que quinze ans lorsqu'après la réprobation de Saül, le prophète Samuel, arrivant à Bethléem, se fit présenter les sept fils d'Isaï, et choisissant David, qui était le plus jeune, lui donna l'onction royale au milieu de ses frères. Cependant David continuait de garder les troupeaux, lorsque Saül, agité du malin esprit, dit l'Ecriture, manda le jeune berger, afin qu'avec sa harpe il soulageât ses douleurs. Il fut fait écuyer du roi, mais il allait souvent à la maison de son père, et continuait de mener la vie pastorale.

      Quelques années s'étaient écoulées, lorsque les Philistins entrèrent en campagne contre Israël. Ils avaient dans leur armée un géant nommé Goliath. Sa taille était prodigieuse, et sa force extraordinaire. Il insultait les Hébreux, et les provoquait à un combat singulier. Depuis quatre jours, les armées étaient en présence, et il ne se trouvait dans Israël aucun guerrier qui osât accepter le défi du géant. David arrive au camp ; envoyé par Isaï, il venait voir ses frères. Il entend le superbe Philistin, et demande à le combattre. Saül et les chefs de l'armée semblent blâmer sa témérité ; le jeune pâtre répond : « En gardant les troupeaux de mon père, j'ai combattu et tué un lion et un ours ; je combattrai et je tuerai de même cet incirconcis. » Alors Saül veut le revêtir de ses propres armes. David les essaie, et les dépose en disant qu'elles l'empêchent de marcher. Il reprend son bâton pastoral, choisit dans le torrent cinq cailloux arrondis, et la fronde à la main s'avance contre Goliath : « Suis-je un chien, s'écrie le géant, pour que tu viennes à moi avec un bâton ? Viens, je donnerai ta chair à manger aux oiseaux du ciel. » David ne répond qu'en armant sa fronde. Goliath, atteint au milieu du front, chancelle et tombe. Le berger accourt, tire l'épée du géant et lui coupe la tête. Soudain, les Philistins consternés prennent la fuite, et les soldats d'Israël les poursuivent en jetant de grands cris. Abner présente au roi le jeune vainqueur tenant en main la tête et l'épée de Goliath.

      Dès ce moment, Jonathas, fils de Saül, aima David comme son frère. Cependant les femmes d'Israël s'avançaient en dansant et chantant : « Saül en a tué mille, et David en a tué dix milles . » Dès lors l'envie entra dans l'âme de Saül. Il avait promis sa fille Mérob en mariage à celui qui vaincrait David. Néanmoins, il le retint auprès de lui. Mais un jour que le fils d'Isaï jouait de la harpe, le roi, dans sa fureur, voulut deux fois le percer de sa lance. Il l'éloigna de sa cour, lui donna le commandement de 1000 soldats, et lui promit encore sa fille Mérob, qu'il fit bientôt après épouser par Hadriel Molathite. Michol, seconde fille de Saül, aimait David. Son père la promit pour compagne au jeune héros, à condition qu'il lui apporterait 100 prépuces de Philistins. Saül espérait ainsi le faire tomber entre les mains des ennemis d'Israël ; mais David les ayant attaqués et vaincus, au lieu des 100 gages demandés, en apporta 200, et Michol lui fut accordée. Saül n'en conservait pas moins le désir de se défaire de lui. La guerre recommença, et David triompha des Philistins. Le roi, toujours jaloux, voulut encore le percer de sa lance. Le jeune guerrier abandonna sa harpe et s'enfuit. Des gardes, envoyés pour l'arrêter, investirent sa maison ; Michol le desendit par une fenêtre, et mit à sa place un mannequin dans le lit nuptial ; David alla trouver Samuel à Ramatha. L'un et l'autre se rendirent à Naïoth où se trouvait une communauté de prophètes. Saül envoya des gardes pour arrêter David ; il vint lui-même ensuite, et il est dit dans l'Ecriture qu'à peine réunis aux prophètes, les gardes et Saül se mirent à prophétiser avec eux. Cependant Jonathas cherchait à sauver David des fureurs de son père. En vain Saül menaça son fils de sa lance : ce jeune prince voyait secrètement David, lui donnait des avis salutaires, et lui jurait une amitié éternelle. David, fuyant la colère de Saül, arriva à Nobé, où le grand-prêtre Achimelec lui donna l'épée de Goliath qui était dans le tabernacle. Saül en fut instruit, et fit mourir les prêtres du Seigneur.

      David ne se voyant plus en sûreté sur les terres d'Israël, se retira chez Achis, roi de Geth, prince des Philistins ; mais il fut bientôt reconnu, et ne se sauva des mains de ses ennemis qu'en contrefaisant l'insensé. Il se rendit à Odolham où ses parents et ses amis, et une foule de mécontents, au nombre de 400, se réunirent à lui. Il parcourut successivement avec eux le pays de Moab, où il vit le prophète Gad ; le pays de Juda, où le prêtre Abiathar vint le trouver dans la forêt de Hareth, portant avec lui les ornements du grand prêtre ; les plaines de Ceïla, d'où il chassa les Philistins enlevant les moissons, et où Saül accourut en vain pour le prendre. Il erra ensuite dans les déserts de Ziph, de Maon, et d'Engaddi. Un jour qu'il était caché avec sa troupe au fond d'une caverne, Saül y entra un moment pour quelque besoin. David coupa le bord du manteau royal sans que le prince s'en aperçût, et le laissa sortir sans lui faire aucun mal. Dès qu'il le vit assez éloigné de la caverne avec les 3000 hommes qui le suivaient, il sortit, et criant après le roi, il lui montra le bord de son manteau. Saül reconnaissant que sa vie ait été entre les mains de David, versa des larmes, et le pria de promettre, avec serment, de ne pas exterminer sa race lorsqu'il serait monté sur le trône d'Israël. David le jura et s'éloigna.

      Tandis qu'il était dans le désert de Maon, il fut insulté par Nabal, et voulut exterminer toute sa maison ; mais Abigaïl, épouse de Nabal, alla trouver, avec des présents, David, qui, touché de ses grâces et de sa beauté, laissa fléchir sa colère et consentit à pardonner. Bientôt après, Nabal mourut ; David épousa Abigaïl, et eut de ce mariage deux fils. Saül, instruit par les Zyphéens que David était caché sur la colline d'Achila, vint avec 3000 soldats pour s'emparer de lui. Mais David entrant, pendant la nuit, dans la tente du roi, prend sa lance et sa coupe, et, passant de l'autre côté de la colline, il appelle Abner à haute voix : « Vous êtes un mauvais gardien, lui cria-t-il. On est entré dans la tente de Saül, et l'on a pris sa lance et sa coupe. Envoyez ici un de vos gens, et on les lui rendra. »

      David se retira ensuite une seconde fois auprès du roi Achis, qui lui donna la ville de Siceleg. Il fit alors des courses sur les Amalécites, sur les peuples de Gessur et de Gersi. On lit, dans le 1er livre des Rois, que David tuait tout ce qu'il trouvait, hommes, femmes et enfants, afin de cacher à Achis le théâtre de ses rapines, qu'il ramenait tout le bétail dont il s'était emparé à ce prince, et qu'il le trompait en lui faisaint croire qu'il venait du midi de Juda, de Jéramaël et de Céni. Achis, dont il avait ainsi gagné la confiance, en même temps qu'il le trahissait, le mena dans les guerres contre les Hébreux ; mais, quelque temps après, les chefs des Philistins, craignant que David ne cherchât à les livrer à Saül, obligèrent Achis à le renvoyer. Il retourna à Siceleg. Pendant son absence, les Amalécites avaient pillé cette ville, et en avaient emmené les habitants. David les poursuivit, les atteignit dans le désert, les tailla en pièces, délivra les prisonniers et ressaisit tout le butin. Enfin, Saül, vaincu par les Philistins sur la montagne de Gelboé, périt dans la bataille avec son fils Jonathas. Un Amalécite porta cette nouvelle à Siceleg, et présentant à David le diadême de Saül, se vanta d'avoir tué lui-même le roi d'Israël. David témoigna une grande douleur, fit mourir l'Amalécite pour avoir porté sa main criminelle sur l'oint du Seigneur, et composa un cantique funèbre en l'honneur de Saül et de Jonathas. Il se rendit aussitôt à Hébron, où la tribu de Juda le reconnut pour roi, en l'an 1031 avant J.-C.
      Isboeth, fils de Saül, régnait alors à Mahanaïm, au delà du Jourdain, sur les autres tribus d'Israël. David lui déclara la guerre. Abner, général des troupes d'Ibsboeth, ayant eu à se plaindre de ce prince, vint trouver David et lui offrit de le rendre maître de tout le royaume ; mais Joab, qui avait le commandement de l'armée de Juda, craignant qu'Abner ne l'obtînt, l'assassina lui-même à la porte d'Hébron. David détesta ce crime, et n'osa le punir ; mais il ordonna pour Abner de magnifiques funérailles. Peu de temps après, Isboeth fut égorgé dans son lit. David fit mettre à mort les coupables, et fut reconnu roi de tout le peuple d'Israël. Il prit Jérusalem sur les Jébuséens, y porta le siège de son royaume, et y fit transférer l'arche sainte, qui, depuis la mort d'Oza, était restée dans la maison d'Ober-Edom. Il dansa, la harpe à la main, devant l'arche qui fut déposée dans son palais. Lorsqu'il eut triomphé des Philistins, il conçut le dessein délever un temple au Dieu d'Israël ; mais le prophète Nathan lui annonça qu'il était souillé de trop de sang pour entreprendre ce grand ouvrage dont l'honneur était réservé à celui de ses fils qui règnerait après lui. David ayant délivré Israël des entreprises des Philistins, vainquit les Moabites, fit mourir les deux tiers de ce peuple et assujétit l'autre à un tribut annuel. Il soumit toute la Syrie, fit une expédition sur l'Euphrate, vainquit les Iduméens orientaux près de Palmyre, et mit des garnisons dans un grand nombre de places conquises. Le temps précis de toutes ces guerres n'est pas bien connu. David était âgé de 51 ans lorsqu'il vainquit Calama, roi de Mésopotamie, et Adarézel, qui régnait sur la Syrie de Soba. Ces deux rois infidèles avaient réduit en esclavage, et fait conduire à Babylone un grand nombre de garnisons et de colonies juives que David avait établies dans le voisinage de l'Euphrate ; et c'est à ces captifs que le lyrique sacré fait souvent allusion dans les psaumes, surtout dans le 136ème : Super flumina Babylonis. C'est une élégie touchante dont le but immédiat était de provoquer les Syriens au rachat des Hébreux captifs dans Babylone : la connaissance de ce fait historique, d'une captivité des Juifs, antérieure à celle qui eut lieu sous Nabuchodonosor, est due aux savantes recherches de M. Viguier, qui, dans son ouvrage De la distinction primitive des psaumes, a fixé les principales époques de l'histoire de David. Après avoir vaincu les Ammonites, et dissipé les Syriens, qui étaient venus à leur secours, David chargea Joab de faire le siège de Rabbath, et revint à Jérusalem. Un jour qu'il se promenait sur la terrasse de son palais, il aperçut dans le bain Bethsabée, femme d'Urie, qui servait dans l'armée de Joab. On lit, dans le Livre des Rois, qu'il fit venir cette femme, qu'il dormit avec elle, et qu'il la renvoya. Bethsabée lui ayant fait connaître qu'elle avait conçu, il manda Urie à Jérusalem ; mais ce guerrier, jaloux de prouver au roi son dévouement, refusa d'entrer dans sa maison, et voulut partir sur-le-champ pour rejoindre l'armée. David lui donna des lettres pour Joab. Elles contenaient l'ordre de faire périr ce serviteur fidèle par l'épée des Ammonites, et il perdit la vie dans un assaut. Alors David épousa Bethsabée, et scandalisa ainsi tout Israël (1). Le prophète Nathan le menaça des vengeances de Dieu. Il fit pénitence et détesta son crime. Mais l'enfant, conçu dans l'adultère, mourut peu de jours après sa naissance. David prit enfin la ville de Rabbath, et, après l'avoir pillée, fit scier ou écraser sous des chariots la plupart des habitants ; les autres furent mis en pièces avec des couteaux, ou jetés dans les fours à briques.

      Les interprètes des livres saints ne cherchent point à excuser David ; mais ils n'osent le condamner. Un des fils de ce prince, Annon, conçut une passion incestueuse pour sa sœur Thamar, l'outragea dans sa violence, et deux après, Absalon son frère, encore indigné de son crime, le tua dans un festin, et s'enfuit. Il passa trois ans à la cour du roi de Gessur, dont il avait épousé la fille. Enfin Joab le réconcilia avec David, il revint à Jérusalem et conçut le projet de détrôner son père. Il se fit saluer dans Hébron, roi d'Israël. David prit la fuite, et se sauva au delà du Jourdain, suivi de ses gardes et de ses meilleures troupes. Semeï, fils de Géra, l'aperçut qui fuyait, et le chargea d'imprécations. Absalon entra dans Jérusalem et y fut reçu par le peuple. Il s'avança ensuite jusqu'à Mahanaïm pour combattre David ; mais son armée fut défaite, et tandis qu'il fuyait, Joab le perça de sa lance. David donna des larmes à sa mort, et rentra dans Jérusalem. Bientôt Séba, fils de Bochri, levant l'étendard de la révolte, sonna de la trompette, et dit : « Nous n'avons que faire de David ; enfants d'Israël, retournez dans vos demeures ; » et ils suivirent Séba. La seule tribu de Juda demeura fidèle à son roi. Joab marcha contre les rebelles. Les habitants d'Abéla, craignant d'attirer sur leur ville les fléaux de la guerre, firent périr Séba, jetèrent la tête à Joab, au pied des remparts, et la révolte fut dissipée.

      En l'an 1017 avant J.-C., une famine qui dura trois années, ravagea le royaume de David. Les prophètes annoncèrent que le sang des Gabaonites, injustement répandu par Saül, avait allumé la colère de Dieu. David demanda aux Gabaonites quelle réparation ils désiraient : « Qu'on nous donne, dirent-ils, sept des enfants de Saül, afin que nous les mettions en croix. » Le roi ordonna qu'ils fussent livrés, et les Gabaonites les crucifièrent dans Gabaa, patrie de Saül.

      En l'an 1013 avant J.-C., David, cédant à un coupable orgueil, fit faire le dénombrement de tout Israël. Le prophète Gad vint trouver le monarque, et lui parla en ces termes : « Voici ce que dit le Seigneur : je vous donne le choix de trois fléaux que je vous prépare, une famine de sept ans, ou trois mois de fuite devant vos ennemis, ou une peste qui durera trois jours. » David choisit la peste, qui, dès le lendemain, commença ses ravages et enleva, dans trois jours, 70.000 personnes. Enfin Dieu, touché par les larmes et les prières du roi-prophète, dit à l'ange exterminateur : « C'est assez. » David dressa un autel au lieu où cet ange lui apparut, et on croit que c'est le lieu même où dans la suite fut élevé le temple de Salomon.

      David étant devenu vieux, on fit le choix d'une jeune Sunâmite, nommée Abisag, pour le réchauffer dans les glaces de l'âge. Abisag était la plus belle des filles d'Israël, et plusieurs commentateurs pensent qu'elle fut vraiment épouse de David. Adonias, fils aîné de ce monarque, commença dès lors à affecter la royauté. David, averti par Bethsabée et par le prophète Nathan, fit monter Salomon sur sa mule, et ce prince, le plus jeune des fils du roi, fut sacré dans Gihon. Son père, se sentant près de la fin, le fit venir, lui remit les plans du temple, avec les trésors amassés pour sa construction ; lui recommanda de punir Joab, que son grand crédit avait rendu insolent, et qui avait commis plusieurs crimes dignes de mort ; il lui enjoignit enfin de punir Semeï, qui l'avait accablé d'outrages, tandis qu'il fuyait devant Absalon, et il mourut en l'an 1014 avant l'ère vulgaire. Il avait régné sept ans et demi dans Hébron, et trente-trois à Jérusalem. Il était âgé de 70 ans et 6 mois ; il fut enterré à Jérusalem, qu'on appelle quelquefois la cité de David.

      On lit dans Josèphe que Salomon enferma de grandes richesses dans le tombeau de son père, que le grand-prêtre Hircan, et ensuite Hérode le Grand, le firent ouvrir et en tirèrent des sommes considérables. Il est aussi parlé de ce trésor dans des mémoires arabes, imprimés dans la Bible polyglotte de le Jay. Benjamin de Tudèle a fait, sur ce tombeau, des récits fabuleux. On sait néanmoins qu'il était respecté parmi les juifs, et il en est parlé dans les Actes des apôtres. Dion Cassius dit (lib. 69, in Adrian.), qu'il s'écroula sous le règne de cet empereur. Saint Jérôme nous apprend qu'il allait souvent prier à ce tombeau. Le cardinal Grimani a donné la description et la figure d'un sépulcre qu'on disait être celui de David. Doubdan, Morizon, et plusieurs autres voyageurs, mais surtout Mariti, parlent des tombeaux magnifiques des rois de Juda ; ils sont creusés dans le roc, très anciens sans doute, mais il est impossible de distinguer celui du roi prophète. Les docteurs juifs et musulmans se sont plu à défigurer, par d'extravagantes rêveries, l'histoire de David. Les rabbins en font un bâtard, qui vint au monde circoncis de la main de Dieu, et qui serait mort en naissant si Adam ne lui eût prêté 70 ans de sa vie. Ils disent qu'il rendait lépreux ceux qu'il regardait de travers. Ils prétendaient qu'il était adonné à la magie, même à l'idolâtrie, etc. Les musulmans ne le cèdent en rien aux rabbins. Ils croient que David entendait le langage des oiseaux, que les pierres lui obéissaient, que le fer s'amollissait sous ses doigts, que ses larmes étaient fécondes, et faisaient croître les plantes. L'article DAVID, dans le Dictionnaire de Bayle, est celui qui a fait le plus de bruit, et il attira au philosophe des persécutions dont le ministre Jurieu se fit le principal instigateur. Cet article fut longuement réfuté par Crousaz dans l'Examen du pyrrhonisme, et dans l'Apologie de David, Paris 1737, in-12. La Vie de David a été écrite en latin par J. Boschius, Anvers, 1608, in-8° ; en anglais par Delany en 3 volumes in-8°, et par Sam. Chandler en 2 volumes in-8° (l'une et l'autre ont été traduites en allemand) ; et en français par l'abbé de Choisy, in-4°. J. M. Hase a publié un ouvrage estimé, qui a pour titre : Regni Davidici et Salomonæi descriptio geographica et historica, Nüremberg, 1739, in-fol.
      David est le premier poète lyrique de l'antiquité. Le recueil de ses odes sacrées est appelé, en hébreu, Sepher Tehillim (Livre des hymnes) et dans l'Evangile le livre des psaumes. Saint Augustin, saint Athanase, et la plupart des Pères y trouvent un abrégé de tout ce que contiennent les livres saints. Le cardinal de Boisgelin, dans sa Voix du psalmiste, appelle les Psaumes la quintessence de toute la Bible. Le nombre des psaumes canoniques a toujours été fixé chez les chrétiens, comme chez les juifs, à 150. Saint Hilaire et Origène remarquent que, de leur temps, les Hébreux ne s'accordaient pas encore sur l'ordre et la distribution des Psaumes. Eusèbe, Théodoret, Bide et plusieurs autres, disent qu'Esdras fut le seul ou du moins le principal auteur de la collection de ces divins cantiques. Le sentiment général de l'Eglise est qu'ils ont été inspirés par l'Esprit saint. Mais on n'est point d'accord sur la question de savoir s'ils sont l'ouvrage d'un seul ou de plusieurs écrivains. Saint Chrysostôme, saint Ambroise, saint Augustin, Bellarmin et beaucoup d'autres, croient que David les a tous composés. Saint Athanase et Eusèbe de Césarée ne comptent que 72 Psaumes de David. Ils pensent que les autres sont l'ouvrage de ceux dont ils portent le nom, tels qu'Aggée, Asaph, Ethan, Idithun, Zacharie (2). Eusèbe de Césarée attribue onze Psaumes aux fils de Coré, douze à Asaph, deux à Salomon, un à Moïse, un à Ethan Jezraîte. Le psaume Bonum est confiteri Domino est attribué à Adam ; le psaume Dixit Dominus, à Melchisedech ; le 64ème à Jérémie et à Ezéchiel ; le 136ème Super flumina, à Jérémie ; le 111ème et le 145ème à Aggée et à Zacharie. Les Pères et les interprètes sont encore divisés sur les titres que portent les psaumes. Saint Augustin, Théodoret et Bossuet les regardent comme inspirés. Théodoret croit qu'Esdras les écrivit de sa main. Ils sont considérés comme la clef des psaumes, mais ils n'ont point été canonisés par le concile de Trente. Dans ces titres, 72 portent le nom de David ; 50 sont sans nom d'auteur ; mais, en suivant le sentiment des docteurs juifs, saint Jérôme, Origène, Eusèbe et saint Athanase pensent que les Psaumes sans nom doivent être rapportés à celui dont le nom précède immédiatement. Le père Lelong donna, en 1723, dans sa Bibliothèque sacrée, la liste des auteurs qui ont fait sur les Psaumes un travail particulier, et ces auteurs étaient alors au nombre de 1213. Contant de la Mollete observait en 1791, dans son Traité sur la poésie et sur la musique des Hébreux, qu'en joignant à la liste du père Lelong les auteurs qui ont travaillé sur toute l'Ecriture, le nombre total de ceux qui ont écrit sur les Psaumes peut, sans exagération, s'élever à 1300. Les uns ont cru voir dans ces odes sacrées une suite d'événements de la vie de David ; d'autres ont pensé qu'on avait suivi dans leur ordre celui des solennités du temple de Jérusalem. Saint Augustin avoue qu'il n'a pu découvrir le mystère de l'arrangement des psaumes. Saint Jérôme croit qu'il est inutile d'y chercher une suite chronologique d'événements, parce que les poètes lyriques ne suivent point cet ordre dans leurs chants. Enfin, plusieurs commentateurs pensent qu'Esdras ou d'autres les avaient recueillis avec un scrupule religieux, mais comme ils les rencontraient, sans supprimer ce qui était déjà répété, sans réunir ce qui était séparé, ni séparer ce qui paraissait réuni mal à propos. L'auteur de la Synopse attribuée à saint Athanase, et Joseph Chrétien dans son Hypomnesticon, prétendent que David avait composé 3000 psaumes, mais que le roi Ezéchias en choisit 150 et supprima tous les autres. les Psaumes sont, de tous les livres connus, celui a été le plus souvent expliqué, et La Harpe convient « qu'il n'y a peut-être encore personne qui les ait entendus, ou même qui puisse les entendre. » Les Notes et les Réflexions du père Berthier ; l'Harmonie des psaumes, par Pluche ; leur Sens propre et littéral, par Lallemant ; les Traités sur la poésie des Hébreux, par Contant de la Mollete, le docteur Lowth, et le savant Herder ; et le Sens primitif des psaumes, par M. Viguier, sont ce que l'on a de plus satisfaisant sur le lyrique sacré. M. Viguier croit que David composa lui-même la musique d'une grande partie de ses odes (au moins de 85). Il donne les clefs, souvent utiles, pour découvrir les sens les plus obscurs, et il retrouve le sens primitif plus reconnaissable, plus profond, plus sublime dans le latin de la Vulgate et dans le grec des Septante que dans l'hébreu actuel. La poésie des Psaumes est métrique ; mais les rabbins même ignorent aujourd'hui quelle était la nature du mètre hébreu. Les Psaumes, divisés en monologues et en dialogues, avec ou sans les chœurs, étaient exécutés dans le temple de Salomon par 4000 lévites, divisés en 24 classes, au son des cymbales, des harpes et des psaltérions (voyez le savant ouvrage de M. Viguier). On ne peut révoquer en doute ni la haute antiquité des Psaumes, ni le respect qu'on a toujours eu dans les premiers siècles de l'Eglise et dans les âges suivants pour ces cantiques sacrés. Les évêques, les prêtres, les religieux, devaient les savoir par cœur ; c'était une règle presque générale. Ils se trouvent compris tout entiers dans l'office divin, et les ecclésiastiques sont tenus d'en réciter tous les jours quelque partie. « Les Psaumes, dit La Harpe, sont de continuelles élévations à Dieu, des invocations, des supplications, des actions de grâces, des entretiens de l'homme avec Dieu, des exhortations et des leçons pour ses serviteurs, des menaces et des arrêts contre ses ennemis, des hommages à ses grandeurs, à ses justices, à ses bienfaits, à ses merveilles. Quand ils ne nous auraient été transmis que comme des productions purement humaines, ils seraient encore, par leur originalité et leur antiquité, dignes de toute l'attention des hommes qui pensent ; et par les beautés uniques dont ils brillent, dignes de l'admiration et de l'étude de tous ceux qui ont le sentiment du beau. » En effet, la poésie du roi-prophète est élevée, forte et hardie. Tout y est image, emblème, allégorie ; le pathétique y égale le sublime d'idées et d'expression. Le latin des Psaumes, sans être pur ni même correct, respire quelque chose d'antique, et le sublime du lyrique sacré n'est point perdu dans les langues modernes. Tel est le poète dont Voltaire n'a cessé de parler avec mépris, et dont il ose comparer les vers à ceux du roi de Prusse. La Harpe n'hésite point à élever David au-dessus de Pindare et d'Horace ; il le trouve bien autrement sublime qu'Homère et Virgile. Il fait enfin remarquer qu'Athalie, Esther et les odes sacrées de Rousseau, doivent au lyrique hébreu leurs plus grandes beautés, et sont ce qu'il y a de plus parfait dans la langue française.
      Les Psaumes ont été traduits dans toutes les langues, même en vers turcs (voyez le Voyage de Spon). Les principales traductions françaises, en prose, sont celles de Sacy, de Le Gros, de Berthier, de Pluche, de La Harpe et de M. Viguier ; la plus récent est celle de M. Agier. On estime encore les versions d'Antoine le Maistre, de Lallemant, de d'Antine, de Jean Martianay, de Calmet, de Loriot et de plusieurs autres. Plus de 100 poètes français se sont exercés sur les Psaumes de David ; nous citerons seulement Marot, Bèze, Desportes, Michel de Maillac, secrétaire d'Etat ; Antoine Godeau, le président Nicole ; Guill. Du Vair, garde des sceaux, Malherbe, Lingendes, Racan, mademoiselle Chéron, Jean-Baptiste Rousseau et le cardinal de Boisgelin (3).


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(1)  Il eut d'elle quatre fils, dont Nathan et Salomon.

(2)  M. Viguier pense que les titres ou inscriptions d'Asaph, de Jérémie, etc., ne désignent que les compositeurs de la musique des psaumes. C'est aussi le sentiment de La Harpe et celui d'un grand nombre d'interprètes.

(3)  Le Codex latinus Psalmorum Davidis, Mayence, J. Fust et P. Schoyffer de Gernsheim, 1453, in-fol., est d'une rareté excessive, et le premier ouvrage imprimé avec indication d'année.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 10 - Page 180-185)




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