Saint Benoît d'
Aniane, célèbre restaurateur de la discipline monastique en France, était fils d'Aigulfe, comte de
Maguelone, et naquit en
Languedoc. Il fut échanson de pépin et de
Charlemagne, qui le comblèrent de faveurs. A l'âge de 25 ans, il échappa au danger de se noyer dans le Tésin, en voulant sauver son
frère. Il alla, en 774, prendre l'habit
religieux à l'
abbaye de St-Seine, en
Bourgogne. Aux pratiques austères de la règle de
saint Benoît, il ajouta ce que celles de saint Pacôme et de saint Basile avaient de plus rigoureux.
Les moines lui proposèrent d'être leur abbé ; mais il refusa cette offre, parce qu'il ne les voyait pas disposés à embrasser la réforme qu'il méditait, et il se retira, dès 780, dans une terre de sa famille en
Languedoc, sur le bord du ruisseau d'
Aniane. Plus de trois cents
disciples vinrent en peu de temps se mettre sous sa direction. Reconnu ensuite par tous les
monastères de
Provence, de
Languedoc et de Gascogne, comme leur père, il fit usage de cette confiance pour y rétablir la vie régulière.
Louis le Débonnaire l'ayant, par la suite, chargé de l'inspection de toutes les
abbayes de son empire, il profita de cette éminente dignité et de la haute considération dont il jouissait pour introduire la même réforme dans un grand nombre de
monastères qu'il soumit à la règle de
saint Benoît. Les exercices de piété qui formaient la principale occupation des moines ne l'empêchèrent pas de favoriser le
goût des bonnes
études. Il rassembla à
Aniane une nombreuse bibliothèque
et encouragea ses
religieux à copier les bons livres. Beaucoup d'ecclésiastiques séculiers, attirés par le désir de s'instruire dans les devoirs de leur état, y trouvèrent d'excellents maîtres. C'est ansi que ce
monastère célèbre devint insensiblement le
séminaire de divers
diocèses.
La vie
ascétique à laquelle Benoît s'était voué ne l'empêcha pas de prendre intérêt aux affaires générales de l'
Eglise.
Charlemagne l'avait envoyé, en 779
et 780, avec Leydrade de
Lyon, et Nefride de
Narbonne, à Urgel, pour travailler
à la conversion de Félix,
évêque de cette ville, contre
lequel ils tinrent plusieurs
conciles. Benoît réfuta l'hérésie
de ce
prélat dans plusieurs traités remplis d'une saine
théologie.
Louis le
Débonnaire, qui ne pouvait se passer de ses conseils, fit bâtir
le
monastère d'Inde, près d'Aix-la-Chapelle, afin de l'avoir toujours
auprès de lui. Il présida, en 817, à une assemblée
d'abbés, pour le rétablissement de la discipline monastique, et
fut le principal auteur des canons du
concile d'Aix-la-Chapelle sur le même
objet.
Il passa les dernières années
de sa
vue dans un état d'infirmité habituelle, et mourut dans son
monastère d'Inde, le 11
février 821, à 71 ans. On a de saint
Benoît d'
Aniane :
1° Codex regularum,
qu'il avait
composé n'étant encore que simple moine de St-Seine,
publié à Rome, en 1661, par les soins de Lucas Holstenius, et réimprimé à
Paris, en 1663.
2° Concordantia regularum. C'est une suite du précédent, pour montrer que la règle de
saint Benoît est parfaitement d'accord avec celle des anciens Pères de la vie monastique. D. Ménard la fit imprimer en 1638, à
Paris, avec de mauvaises notes
(1).
3° Quatre opuscules contre
Félix d'Urgel, que Baluze a insérés dans le 5ème volume de ses
Miscellanea.
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(1) La vie de
saint Benoît d'
Aniane, écrite par X. Smaragène, se trouve en tête de sa
Concorde des règles.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 3 - Pages 645-646)