Biographie universelle ancienne et moderne Maximien, surnommé
Hercule (Marcus-Aurelius-Valerius-Maximinus), empereur romain, reçut la pourpre, en 286, des mains de Dioclétien, qui voulait se donner dans cet ancien
compagnon d'armes un
collègue dont l'expérience et la valeur pussent maintenir l'intégrité de l'Empire. Fils d'un paysan des environs de Sirmium, Maximien s'était endurci aux travaux guerriers, sous les règnes d'
Aurélien et de Probus. Sans culture, grossier dans ses murs et ses manières, il n'estimait, après la bravoure, que les arts qui servent le faste ; ses
panégyristes le félicitaient de reproduire les vertus des héros de l'ancienne Rome, sans avoir même entendu prononcer leurs noms. Il avait plutôt l'habitude que le génie des opérations militaires ; et le sentiment de son infériorité lui faisait rapporter aux sages conseils de son bienfaiteur les succès qui lui étaient le plus personnels. Dioclétien retirait encore de son ascendant sur Maximien un avantage précieux à sa politique : il abandonnait à la violence de son
collègue tous les actes de rigueur et de vengeance ; et les peuples bénissaient sa modération, sans apercevoir la main qui donnait l'impulsion au naturel féroce de Maximien. Le gouvernement de celui-ci était comparé à l'âge de fer, et l'on retrouvait l'
âge d'or dans l'administration paternelle de Dioclétien. La vanité des deux empereurs leur avait fait
ajouter à leurs noms les titres de
Jovius et d'
Herculius ; et les flatteurs disaient que pendant que l'un des maîtres du monde maintenait l'
harmonie dans toutes ses parties par la puissance de ses regards, l'autre terrassait d'un bras invincible les monstres et les tyrans.
Les premiers
ennemis qu'eut à combattre Maximien furent les Bagaudes
(1), paysans de la Gaule, qui venaient de faire un sanglant effort pour échapper à la dureté de esclavage. Ælianus et Amandus, chefs de la révolte, cédèrent à la discipline des
légions, et payèrent de leur vie la témérité qu'ils avaient eue de se revêtir de la pourpre. Une autre insurrection contre laquelle fut impuissante la valeur de Maximien, détacha la
Bretagne de l'empire. Carausius qui commandait la flotte romaine à Gessoriacum (
Boulogne-sur-Mer), gagna ses soldats, et se rendit indépendant, en l'an 287, dans l'île qu'il était chargé de défendre contre les incursions des barbares. Maximien fit d'inutiles préparatifs pour le réduire ; la rébellion ne put être étouffée que par
Constance Chlore, l'un des deux Césars que Dioclétien sentit la nécessité d'admettre
encore en partage de son autorité, et auquel il avait donné la main de Théodora, belle-fille de Maximien. Par suite de ce partage, ce dernier eut à gouverner l'Italie, la
Numidie, la
Rhétie et la haute
Pannonie.
Deux nouveaux usurpateurs s'étaient levés en Afrique en 296 ; Dioclétien marcha contre Achillée en Egypte, et Maximien chassa de leurs
montagnes les barbares de la Mauritanie, et les contraignit de se soumettre. Ces deux princes célébrèrent leurs victoires (20 novembre 303) par une entrée triomphale à Rome, dont ils s'éloignèrent
bientôt pour toujours. Le premier établit son séjour à
Nicomédie ; le second, à Milan, qu'il embellit à grands frais.
L'abdication de Dioclétien, en 305, entraîna celle de Maximien, qui,
cédant à regret à l'
influence de son
collègue, se
retira au fond de la Lucanie.
La proclamation subite de son fils Maxence par les gardes
prétoriennes de Rome lui rouvrit, en 306, la carrière de l'ambition ; il conduisit toutes les opérations qui consolidèrent l'autorité de ce fils, et se fit prier par lui et le sénat de reprendre la pourpre.
Son caractère altier arma enfin Maxence contre lui : chassé de Rome par les soldats, il se retira en
Illyrie, sollicita vainement Dioclétien de reprendre les rênes de l'empire, donna de l'ombrage à
Galère, et n'eut plus d'autre retraite que la cour de Constantin, auquel il avait uni Fausta, sa fille.
Son génie turbulent lui fit entreprendre la ruine de son gendre pour ressaisir le pouvoir. Pendant que Constantin était occupé sur les bords du Rhin contre les
Francs, Maximien répandit le bruit de sa mort, corrompit les troupes qui restaient dans la Gaule, et se fit proclamer empereur. Mais, épouvanté bientôt de la marche rapide de Constantin, il se renferma dans
, où ses soldats le livrèrent pour acheter leur pardon. Il obtint de choisir le genre de sa mort, et il s'étrangla de ses propres mains en 310. Il avait provoqué sa fin tragique par des tentatives réitérées contre les
jours de Constantin. Gibbon a essayé d'élever des doutes sur les détails que donnent à cet égard les
historiens chrétiens. Il est certain que
Maximien fut l'un des plus grands persécuteurs de leur culte (Voyez
Maurice).
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(1) Le nom général de
Bagaudes fut employé en Gaule, dit Gibbon, jusque dans le Vème
siècle pour désigner les rebelles. Ducange le fait dériver du mot
celtique Bagad, assemblée tumultueuse. Les retranchements qu'ils avaient élevés dans l'endroit qu'on appelle aujourd'hui St-Maur-des-Fossés, à deux
lieues de
Paris, sur les bords de la
Marne, portaient encore au VIIIème siècle le nom de
Castrum Bagaudarum.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 27 - Pages 372-373)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 1213.