LA VIE DU DISCIPLE
Les quatre initiations
Nous arrivons à la Voie elle-même. Quelques mots sont tombés,
de loin en loin, dans le monde matériel, de la bouche de l'un des Maîtres
au sujet des grandes Initiations qui marquent les stades de la Voie, après
que le chelâ a été accepté par son Gourou, et que le
Gourou a pris sur lui de diriger, d'instruire et de surveiller son chelâ
; et nous pouvons découvrir, par-ci par-là, des allusions indirectes,
vérifiées par l'expérience de ceux qui ont franchi l'entrée
de la Voie, allusions qu'il est permis de répandre dans une petite mesure, non pour la satisfaction d'une vaine curiosité, mais pour l'instruction de ceux qui désireraient se préparer à ce grand pas en avant. Tout ce que l'on peut dire au sujet de ces Initiations doit être forcément imparfait ; ce qu'il est permis de révéler au monde humain au sujet de ces grands mystères ne peut constituer que des renseignements incomplets. Plus d'une question prendra naissance dans votre esprit, au fur et à mesure que je réunirai ces aperçus pour en former un tout bien mince, mais homogène ; plus d'une question vous préoccupera à laquelle la prudence ne permettrait pas de répondre. Comme je vous l'ai dit, ces renseignements ne sont pas fournis pour satisfaire la curiosité ; pour vous donner l'occasion de poser une série de questions et de recevoir une réponse à chacune d'elles ; ces aperçus ne sont destinés qu'aux aspirants de bonne foi, à ceux qui désirent savoir, afin d'être à même de se préparer ; à ceux qui désirent comprendre, afin de pouvoir exécuter. Aussi, de loin en loin, des allusions indirectes sont-elles faites, donnant des renseignements partiels, qui suffisent comme indication, mais ne sont pas de nature à satisfaire une vaine et
mondaine curiosité.
Deux puissants Maîtres figurent dans l'
histoire comme
ayant donné, à ce sujet, plus de renseignements que tous les autres,
et chacun d'eux est le Maître d'une
religion grande comme le monde. J'emploie
les mots « grande comme le monde », non pas dans le sens de surface
étendue, mais au point de
vue de leur portée sur les
âmes
prêtes à les recevoir. L'un de ces grands Maîtres fut le fondateur
du
Bouddhisme, le
Seigneur Bouddha ; l'autre de ces Maîtres fut
Shrî
Shankarâchârya, qui fit pour l'hindouisme ce que
Bouddha
a fait pour les contrées hors de sa portée, en
fondant sa foi
exotérique.
En ce qui concerne la voie à suivre, leurs enseignements sont identiques,
comme le seraient ceux de tout grand
Initié. Chacun d'Eux a établi
les mêmes stades ; chacun d'Eux a délimité ces stades par
des
Initiations spéciales qui les séparent de celles qui les précèdent, comme de celles qui les suivent. L'enseignement lui-même est parfaitement identique ; les différences ne se remarquent que dans la tournure des phrases qui les adaptent à l'une ou à l'autre des deux
religions. Voilà, certes, encore un cas où les hommes devraient apprendre à découvrir la vérité sous toutes ses formes et sous tous ses aspects ; devraient se rendre compte, au lieu de se quereller à propos d'apparences, que sous ces noms divers, simples étiquettes extérieures, se cachent des
vérités identiques.
Il y a quatre stades différents, dis-je, et chacun d'eux est caractérisé par une
Initiation. Voici maintenant ce que veut dire
Initiation : cela signifie l'épanouissement de la connaissance acquise grâce à l'intervention bien déterminée du
Gourou qui agit comme représentant de l'unique
Grand Initiateur de l'humanité, et confère la seconde naissance en
Son Nom. Cet épanouissement de la connaissance est, en quelque sorte, la caractéristique de l'
Initiation, car il donne ce que l'on appelle « la
clef du savoir » ; il ouvre à l'
Initié de nouveaux
horizons de savoir et de pouvoir ; il met entre ses mains la
clef qui ouvre les portes de la nature. Et dans quel but ? Afin que l'
Initié devienne plus utile au monde en général ; afin que son pouvoir de servir les hommes soit augmenté ; afin qu'il puisse se
joindre au petit groupe d'hommes qui se sont voués à l'humanité et ont renoncé à leur soi inférieur ; qui n'aspirent à rien, sauf à servir le Maître et l'humanité ; qui savent que le service du Maître et le service de l'humanité ne font qu'un ; qui en ont fini avec le monde et tout ce qu'il peut leur offrir ; qui se sont, enfin, à jamais consacrés au service des Grands Etres, leur servant d'instruments de travail, s'offrant à être les chenaux par lesquels se déversent leurs secours et leur grâce.
Entre chacune des grandes
Initiations, certains résultats
donnés doivent avoir lieu des changements dans l'homme intérieur
mais qui diffèrent beaucoup de ceux que nous avons étudiés
jusqu'à présent. Dès qu'un homme a passé par une
Initiation,
ce qu'il fait doit être accompli dans la perfection ; chaque entreprise doit être entièrement parachevée, toute chaîne doit être résolument brisée. Plus de travail imparfait ; le
disciple ne peut plus avancer avant d'avoir accompli dans la perfection l'uvre du stage qu'il traverse. Cet état présente donc le caractère déterminé qu'on ne retrouve nulle part dans la vie de parachever chaque phase avant de passer à la suivante. Un travail à moitié fait, une entreprise incomplète n'y seraient pas acceptés. Quelque temps que cela prenne, le travail doit être absolument terminé avant que l'on puisse faire un nouveau pas en avant. Techniquement, cela s'appelle « briser les chaînes » par lesquelles certaines choses entravent encore l'
âme. A l'extrémité de la Voie se trouve Jîvanmukti ; avoir parcouru la voie, c'est avoir atteint ce stade dans lequel la vie est libre ; en sorte qu'il faut briser complètement toutes les chaînes, afin que rien ne puisse entraver l'homme vivifié.
La première grande
Initiation fait de l'homme ce que
Shrî Shankarâchârya a appelé le Parivrâ
jaka ce que le
Bouddha a appelé le Srotâpatti. Le mot
bouddhiste, généralement employé sous sa forme Pâlî,
veut dire « celui qui est entré dans le courant » qui le sépare
de ce monde. Il n'appartient plus à ce monde, bien qu'il y puisse vivre ; il n'y conserve plus aucune place, rien ne peut plus l'y retenir.
La même idée, exactement, découle du mot Parivrajaka, « homme errant », c'est-à-dire homme qui n'a pas de demeure fixe. Non pas nécessairement errant dans son
corps physique, non pas nécessairement privé de demeure pour son
corps physique ainsi que l'on a fini par traduire le mot en langage
exotérique ; c'est l'homme qui, dans sa vie intérieure, est séparé de ce monde, qui n'a pas de lieu, de séjour fixe dans ce monde transitoire, où un lieu en vaut un autre. Il est prêt à aller de-ci de-là, à aller partout où il plaît à son Maître de l'envoyer.
Aucun lieu n'a le pouvoir de le retenir, il ne saurait s'attacher à aucun endroit, car il a brisé les chaînes qui le lient à un emplacement spécial. C'est pour cela qu'il est appelé « l'homme errant ». Je sais naturellement, comme vous le savez aussi, que l'on donne aujourd'hui à ce stade un sens tout à fait
exotérique, mais c'est dans le sens
ésotérique que je le considère, dans le sens que lui ont donné les grands Etres qui l'ont institué. Nous savons, hélas ! combien les choses ont changé depuis le temps jadis, comment ce qui était alors une des réalités de la vie est devenu aujourd'hui une affaire de mots et d'apparence extérieure. Mais je tiens à ce que vous connaissiez les quatre stades de la Voie, tels qu'ils sont décrits par l'Hindouisme, car certaines personnes s'imaginent à tort qu'ils ont été révélés par le
Seigneur Bouddha, alors que celui-ci n'a fait que décrire à nouveau l'ancienne, l'étroite Voie que tous les
Initiés de l'Unique Loge ont parcourue, parcourent et parcourront à l'avenir.
Commençons par la réalité. L'homme qui
a traversé le courant, ai-je dit, s'est définitivement séparé
du monde ; il ne s'en occupe plus, sauf pour lui être utile. Il ne s'en
occupe plus, que pour y exécuter les ordres de son
Gourou. C'est là,
la caractéristique de la première grande
Initiation de l'homme,
qui est né une seconde fois. Dans la majorité des cas, la seconde
naissance est conférée hors du
corps physique, mais dans un état
de pleine conscience : c'est-à-dire que l'homme est généralement
initié dans son
corps astral, en pleine conscience, tandis que le
corps
physique reste en état de transe ; quelquefois, un chelâ est
initié
sans qu'il lui soit permis, pour quelque temps, d'en avoir connaissance à
l'état de veille. Mais, dans les deux cas, ce qui a été acquis
ne peut plus être perdu ; l'homme ne peut plus être ce qu'il était
auparavant. Le nouveau-né peut, pendant un certain temps, n'avoir pas conscience
du nouvel entourage au milieu duquel il se trouve, mais il lui est impossible
de retourner dans le sein de sa mère et de se retrouver dans la position
où il aurait été, s'il n'avait pas été mis
au monde. De même, l'
Initié, qui a passé par la seconde naissance,
ne peut plus jamais se retrouver tel qu'il aurait été, si cette
seconde naissance ne lui avait pas été conférée et
il lui est impossible de prendre, à la vie de ce monde, la part qu'y prennent
ceux qui n'ont pas obtenu cette seconde naissance. Il peut s'attarder dans la
voie du progrès, il peut avancer lentement, il peut employer plus de temps
qu'il n'en faut pour se débarrasser des chaînes qui le lient encore
; mais il ne peut plus ne pas avoir été
initié, la
clef ne
peut plus échapper de ses mains. Il est entré dans le courant ;
il est séparé du monde ; il faut qu'il aille de l'avant, si lentement
que ce soit, quel que soit le nombre d'existences qu'il lui faille consacrer à
cela.
On a demandé combien d'existences s'écoulaient entre ce degré
et la libération finale, l'obtention de Jîvanmukti. Je me souviens
d'avoir entendu dire que Svâmi T. Subba Row, parlant ici à quelques
amis de l'opinion généralement répandue que sept existences
doivent être employées à cette partie du développement
du candidat chélâ, fit cette remarque parfaitement juste et significative
: « Il peut en falloir sept, aussi bien que soixante-dix, comme il peut ne
falloir que sept
jours ou sept heures. » Cela veut dire : la vie de l'
âme
ne se chiffre pas par des années et des heures terrestres ; le succès
dépend de son énergie, de sa
force et de sa volonté. Un homme
peut perdre son temps ou l'employer de la façon la plus avantageuse et
de cela dépendront les progrès qu'il pourra faire.
Mais durant cette étape, qui s'ouvre avec la première
Initiation et qui finit à la seconde, il y a trois choses différentes
dont un homme doit se débarrasser absolument, avant d'être à
même de franchir le second portail. La première de ces choses est
l'illusion de la personnalité. Cette personnalité doit être
détruite ; il ne suffit plus de la dominer, de l'amoindrir, de la tenir
en respect, il faut la détruire, la tuer à jamais. L'illusion du
soi personnel distinct doit disparaître. Il faut que le chélâ
reconnaisse qu'il ne fait qu'un avec les autres, car le Soi de tous est unique.
Il doit se rendre compte que tout ce qui l'entoure est un, l'homme et l'
animal,
aussi bien que le monde végétal et les formes minérales et
élémentales de la vie. Il lui faut se délivrer de l'illusion
de la personnalité. Vous voyez combien le développement de la connaissance
peut vous secourir en cela, combien le fait de reconnaître le Soi véritable
peut vous aider à vous débarrasser du
faux ; combien la vision du
réel contribue à faire disparaître l'
illusoire ; de cette
façon, l'illusion de la personnalité peut être absolument
détruite. Pourquoi ? Parce que les yeux de l'homme se sont ouverts et que
ses regards franchissent le cercle des illusions : il conquiert ainsi sa
liberté
et se délivre des chaînes que l'on nomme « l'illusion de la
personnalité ».
Le
disciple doit ensuite s'affranchir du doute. C'est le second obstacle qui l'empêcherait
d'aller plus loin. Il doit s'en affranchir d'une manière qui est clairement
déterminée en acquérant le savoir. Les choses du monde
invisible ne doivent plus être pour lui des questions théoriques,
les grandes vérités de la
religion ne doivent plus être pour
lui de simples idées philosophiques ; il doit les avoir admises comme des
faits réels. Il ne doit plus avoir à se demander le « pourquoi » ou le « comment » de quoi que ce soit. Il y a certaines vérités
fondamentales de la vie, au sujet desquelles il ne lui est plus possible de conserver
le moindre doute. Avant de pouvoir faire un nouveau pas en avant, il doit avoir
acquis, au sujet de la grande vérité de la Réincarnation,
une conviction assez absolue pour que l'ombre même d'un doute ne puisse
l'effleurer ; la grande vérité de Karma doit être définitivement
établie pour lui ; il doit avoir acquis une certitude que rien ne saurait
ébranler au sujet de cette autre grande vérité l'existence
des
Hommes divins, des Jîvanmuktas, qui sont les
Gourous de l'humanité.
Sur ces points son savoir ne doit plus être théorique, mais réel,
mais pratique, afin que l'ombre même d'un doute ne puisse plus jamais obscurcir
son mental la seule situation qui puisse donner cette certitude, c'est celle où
la connaissance s'est substituée à la théorie et où
le contact absolu avec la réalité rend désormais impossibles
les déceptions provoquées par les illusions du monde matériel.
La dernière des trois chaînes dont il faille
se débarrasser entièrement durant ce stade est la superstition.
Rendez-vous clairement compte de ce que ceci veut dire et vous comprendrez parfaitement
pourquoi
Shrî Shankarâchârya et le
Bouddha ont,
tous deux, fait usage des noms par lesquels Ils ont respectivement désigné
cette phase de la vie du chélâ. Superstition veut dire, au sens technique
du mot (sens que j'entends naturellement lui donner), confiance dans les
rites
extérieurs des sectes pour obtenir l'assistance spirituelle. En ce qui
concerne la nature extérieure de ces
rites, l'homme perçoit, sous
la forme, la vérité qu'ils contiennent, et si la vérité
est là, la valeur de l'apparence extérieure dépend de son
plus ou moins degré d'
adaptation à ce monde d'
ignorance et d'illusion.
L'homme s'est élevé au-dessus des aspects
exotériques et
des cérémonies, mais vous êtes familiarisés avec cette
idée dans votre vie de tous les
jours. Le Sannyâsî est supposé
être un homme qui s'est élevé au-dessus de ces choses, un
homme auquel on ne les demande plus. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce qu'il est
supposé avoir atteint la réalité, parce qu'il est supposé
n'avoir plus besoin de ces choses, qui sont les degrés de l'échelle
que les hommes doivent gravir ; elles sont nécessaires durant les premiers
stades ne l'oubliez pas c'est une question de développement.
Si vous voulez atteindre le haut d'une maison, il vous faut gravir l'escalier
ou l'échelle ; et il serait fou, l'homme qui dirait : « Je ne veux
pas gravir l'escalier par les marches », à moins qu'il ne possédât
un pouvoir et une connaissance des lois de la nature, lui permettant de modifier
la polarité de son
corps et de s'élever au moyen de ce que l'on
nomme la lévitation ; en utilisant l'action de la volonté, au lieu
d'employer la méthode, comparativement lente et vulgaire, qui consiste
à monter marche après marche. Pour un tel homme, l'escalier est
inutile, attendu qu'il peut s'élever à l'aide de sa propre volonté
et atteindre le haut de la maison sans employer la lente méthode de l'ascension.
Mais il ne s'ensuit nullement que l'escalier soit inutile ; il ne s'ensuit pas
que d'autres que lui puissent atteindre le haut de la maison en refusant de faire
usage de l'escalier. Ils ne sont que trop nombreux, aujourd'hui, les hommes qui,
tout en étant incapables de s'élever d'eux-mêmes, refusent
d'employer l'escalier, oubliant que, tant que la volonté n'est pas développée,
les méthodes inférieures sont nécessaires, pour peu que l'on
veuille arriver à s'élever le moins du monde.
Ceci m'
amène à vous
dire un mot du « vrai Sannyâsî ». Il y a cinq mille ans,
comme aujourd'hui, le mot était employé sans la réalité.
Même il y a cinq mille ans, au début du
Kali Yuga (11),
nous voyons
Shrî Krishna (12) établir
une distinction entre le Sannyâsî apparent et le Sannyâsî
réel. Vous souvenez-vous, qu'ayant à traiter ce même sujet,
il a dit : « Celui qui agit par devoir, sans se soucier du résultat
de ses actions, est un Sannyâsî et un Yoguî, mais non pas celui
qui est sans
feu et ne fait rien. » « Celui qui est sans
feu »,
c'est-à-dire celui qui n'allume pas les
feux du sacrifice, qui n'accomplit
pas les
rites et les cérémonies, car on ne les exige plus du Sannyâsî.
Mais, a dit
Shrî Krishna, « il n'est pas un vrai Sannyâsî,
celui qui ne se fait remarquer que par l'absence de
rites et de cérémonies
et par l'inaction dans le monde des hommes » ! Et si cela était vrai
il y a cinq mille ans, c'est, hélas ! encore bien plus vrai aujourd'hui.
Si cela était vrai lorsque le grand Avatar foulait le sol de l'Inde, c'est
encore bien plus vrai après cinq mille ans d'obscurité. Si nous
embrassons d'un coup d'il le monde oriental tout entier, si nous prenons
les Indes elles-mêmes avec leurs innombrables Sannyâsîs, nous
trouvons des hommes qui ne sont Sannyâsis que par le costume qu'ils portent
et non pas par la vie qu'ils mènent, des hommes qui ne sont Sannyâsîs
que par l'apparence extérieure et non en vertu de renonciations internes.
Et si nous quittons le sol des Indes pour nous transporter, par exemple à
Ceylan, en Birmanie, en Chine ou au Japon, nous y trouvons aussi des moines bouddhistes,
qui ne sont moines que par leurs robes jaunes et non par la noblesse de leur vie
; par l'apparence extérieure et non par la vérité interne.
Et s'il reste vrai que la
religion soit plus facile à pratiquer ici que
dans tout autre pays ; s'il reste vrai que les traditions des Indes rendent son
sol sacré et son atmosphère plus spirituelle que celle des autres
pays ; s'il est vrai qu'il s'y trouve des localités si sanctifiées
par les existences qui s'y sont écoulées que, même pour l'homme
de ce monde, le fait seul de s'y rendre ait pour conséquence d'apaiser
le mental et d'éveiller les aspirations de l'
âme ; s'il est vrai
que les Indes, à cause de cela, sont à jamais chéries et
sacrées, ses
enfants, hélas ! sont indignes de ce qu'elle est et
ont failli de toutes les manières. Si nous scrutons du regard le monde
physique tout entier, nous ne trouvons aucun endroit où la vie spirituelle
soit menée d'une façon générale, aucune nation chez
laquelle elle soit placée au premier rang. Il sent son cur se briser,
celui qui sait ce que l'homme pourrait faire et qui voit ce qu'il fait ; celui
qui a conscience de ce qui pourrait être et constate ce qui est ; celui
qui perçoit la vérité et ne trouve ici-bas, hélas
! que du mensonge sous des apparences de vérité. Et pourtant, malgré
tout, le cur d'aucun
disciple ne doit se briser, car les Maîtres sont
à jamais vivants et Leurs
disciples continuent à fouler le sol du
monde des humains ; mais, aujourd'hui, leur qualité n'est pas indiquée
par l'apparence extérieure et par le costume qu'ils portent, mais par la
vie intérieure, le savoir, la pureté et la dévotion qui ouvrent
toujours encore les portes de l'
Initiation.
Nous arrivons maintenant au second
stade à celui que
Shrî Shankarâchârya appelle
le stade du Koutîchaka, c'est-à-dire de l'homme qui construit une
hutte ; et que les Bouddhistes appellent le stade du Sakridâgâmin,
de l'homme auquel une nouvelle naissance est encore conférée. Dans
ce stade, on n'a plus à briser des entraves déterminées,
mais à acquérir certaines facultés. C'est le moment où
les Siddhis sont nécessaires. Après la seconde
Initiation, ils doivent
être développés parce que le
disciple a atteint une phase
de sa vie où les devoirs très étendus l'attendent, non seulement
dans le monde des hommes physiques, mais aussi dans les autres mondes qui l'entourent
et qui sont en dehors du plan matériel. Il doit être capable de parler,
non seulement avec les lèvres, mais aussi en communiquant directement,
de mental à mental, et en le faisant consciemment et délibérément.
Je tâcherai de vous expliquer demain les différentes sortes de devoirs
en présence desquels il se trouve, devoirs qui réagissent sur le
monde physique et qui, s'ils étaient parfaitement remplis comme
cela n'est pas le cas aujourd'hui changeraient considérablement
l'orientation même de la vie matérielle de l'homme. Mais pour pouvoir
s'acquitter de cette partie de sa tâche ; afin de pouvoir se préparer
aux devoirs élevés qu'il aura à remplir ; lorsque toutes
les sources du savoir lui seront ouvertes et que la Nature aura dépouillé
tout voile assez épais pour lui
fermer les yeux, il lui faut, ce stade
une fois atteint, développer ses facultés internes et dérouler,
une à une, toutes les capacités latentes en lui. C'est durant cette
phase qu'il faut, si cela n'a pas été fait auparavant, que le
feu
latent soit avivé ; c'est durant cette phase que Koundalini
(13)
doit être amené à fonctionner dans le
corps physique et dans
le
corps astral de l'homme vivifié. Vous pouvez bien lire dans certains
livres, comme dans l'
Ananda Lahiri de
Shrî Sankarâchârya, des passages traitant de la façon
d'attiser le
feu vivant et de le faire passer de chakram en chakram. En s'éveillant,
ce
feu confère à l'homme le pouvoir de quitter à volonté
son
corps physique, car au fur et à mesure qu'il passe de chakram en chakram,
il dégage le
corps astral du
corps physique et le met en
liberté.
A partir de ce moment, un homme peut, sans cesser un instant d'être conscient,
sans qu'il se produise dans son mental la moindre lacune séparant un état
de l'autre, quitter son
corps physique pour passer dans le monde invisible, y
agir d'une façon pleinement consciente et rapporter avec lui, à
son retour, le souvenir de tout ce qu'il y aura accompli. C'est durant ce second
stage que tous ces pouvoirs sont développés et évolués,
s'ils n'ont pas été évolués plus tôt ; et tant
qu'ils ne sont pas en pleine activité, tant qu'ils ne sont pas absolument
aux ordres du chélâ, tant que les barrières séparant
le monde visible du monde invisible n'ont pas été brisées,
le
disciple ne peut aller plus loin. Lorsque ces barrières tombent par
suite du développement des sens et des pouvoirs latents de l'homme, par
suite de l'acquisition des Siddhis, le
disciple se trouve prêt à
franchir le troisième grand pas dans la voie du progrès, et à
entrer dans une phase d'existence nouvelle et plus haute. Vous comprendrez facilement
tout le tort que des hommes mal préparés peuvent se faire à
eux-mêmes, en essayant d'atteindre artificiellement ce stade, avant le moment
où l'évolution régulière les y
amène ; avant
d'être développés au point de
vue spirituel. Il se trouve,
dans les écrits qui ont été publiés, spécialement
dans les
Tântrika, bien des aperçus sur lesquels se
jettent avidement ceux qui aspirent à posséder des pouvoirs, tout
en se préoccupant fort peu de savoir si leurs capacités mentales
et morales les mettent à même de manier correctement ces pouvoirs.
Dans plusieurs des Tântras, il y a des vérités cachées,
à la
disposition de ceux qui peuvent les atteindre, mais les indications
superficielles, à cause de leurs lacunes, sont souvent trompeuses pour
ceux qui n'ont pas connaissance des faits réels et qui n'ont pas de
Gourou,
pour leur en expliquer les
allégories et les réticences. En sorte
que certaines personnes qui, dans leur
ignorance, mettent ces leçons
incomplètes en pratique, dans le but de hâter leur développement
psychique, avant que leur développement mental et moral les ait mis en
état de le faire avec sécurité ces personnes, dis-je,
obtiennent en effet des résultats, mais des résultats qui leur font
du mal au lieu de leur faire du bien. Souvent, elles ruinent leur santé
physique, perdent leur
équilibre mental, et compromettent leurs facultés
intellectuelles, en tentant de cueillir les
fruits de l'
arbre de Vie avant même
qu'ils aient atteint leur maturité ; en essayant de pénétrer
dans le
Saint des
Saints avec des mains souillées et des sens impurs. Dans
ce temple, l'atmosphère est telle que rien d'impur ne peut y subsister
; les vibrations y sont si puissantes qu'elles brisent tout ce qui est au-dessous
du diapason, qu'elles mettent en pièces tout ce qui est impur, tout ce
qui n'est pas de nature à s'adapter à leur redoutable activité.
Mais, lorsque, sous la direction de son
Gourou car
c'est dans cette seule condition que cela devrait être tenté
lorsque, sous la direction de son
Gourou, le
disciple a complètement traversé
ce stade, il atteint la troisième grande
Initiation, celle qui fait de
l'homme ce que
Shrî Shankarâchârya à appelé un
Hamsa, ce que la littérature Bouddhiste appelle un Anâgâmin,
l'homme auquel aucune incarnation n'est plus imposée, à moins, toutefois,
que ce ne soit par l'effet de sa propre volonté. Ce stage comme
l'indique le nom que lui a donné
Shrî Shankârachârya
est celui où l'homme arrive à la
conception de l'unité,
celui où il apprend qu'il ne fait qu'un avec le
Suprême. Ce
nom lui a été donné parce que l'expansion de son état
de conscience l'a élevé jusqu'à la région de l'univers
où cette identité devient un fait acquis et qu'il a obtenu l'expérience
du « Je suis Cela ». En perfectionnant ses sens psychiques et leurs
rapports avec ses sens physiques, il devient non seulement apte à pénétrer
dans les régions où l'on atteint la
conception de l'unité,
mais encore à rapporter le souvenir de cette
conception dans son état
normal de veille, et à l'imprimer dans son cerveau physique. Est-il besoin
de vous dire qu'il doit perdre le dernier lambeau de désirs terrestres,
s'il en conserve encore des traces lorsqu'il arrive à ce stade ? Durant
cette période, il brise donc une dernière chaîne que l'on
appelle Kâmarâga, désir teinté si peu qu'il le
soit d'aspirations terrestres, car, lorsque l'on se rend compte de l'unité
universelle, tout ce qui est séparé en apparence perd à jamais
le pouvoir de décevoir. Le
disciple s'est donc élevé bien
au-dessus des limitations de la séparativité et domine, non seulement
ce que nous appellerions ici-bas les désirs terrestres, mais encore les
désirs les plus épurés, les plus spirituels qui se rapportent,
le moins du monde, au Soi personnel. Les désirs spirituels, eux-mêmes,
abandonnent l'homme qui atteint à une pareille
hauteur ; même en
pensée, il ne peut se séparer des autres, en sorte qu'il ne peut
éprouver des désirs spirituels pour lui-même, comme entité
séparée, mais seulement pour lui-même comme faisant partie
intégrante du tout. Ce qu'il acquiert, c'est pour tous qu'il l'acquiert
; ce qu'il gagne, c'est pour tous qu'il le gagne. Il se trouve dans une région
de l'univers d'où la
force descend dans le monde des hommes, et ce qu'il
gagne, il le transmet, il le déverse sur tous ; il le partage avec tous.
Il en résulte que le monde devient meilleur chaque fois qu'un homme atteint
à cette
hauteur. Tout ce qu'il obtient est acquis à l'humanité
et tout ce qui arrive à portée de ses mains ne fait que passer par
elles pour se répandre de là dans le monde des hommes. Le
disciple
ne fait qu'un avec
Brahman et, par suite, avec chacune de ses manifestations
; et il réalise cela parfaitement dans sa propre conscience, et non seulement
par ses espérances et ses aspirations. On fait usage d'un singulier mot
pour désigner l'autre entrave qu'il brise durant ce stade, on emploie le
mot Pâlî Patigha, que nous sommes bien obligés de traduire
par « haine » bien que ce mot soit absurde dans ce cas. On veut dire,
en réalité, que s'étant identifié avec tous, il n'établit
plus de distinction entre les races et les familles, entre les différentes
choses de ce monde. Il ne peut désormais plus éprouver ni
amour,
ni haine, provoqués par des distinctions extérieures. Il ne peut
désormais plus aimer ou haïr quelqu'un, parce qu'il appartient à
une race différente. Il ne peut désormais plus aimer ou haïr
parce qu'il établit une distinction entre les hommes et les choses qui
les entourent. Vous vous souvenez de cette curieuse expression de
Shrî
Krishna, lorsqu'il parle du Sage, qui n'établit aucune distinction
entre le
Brahmane éclairé et un
chien. Il a atteint la
conception
de l'unité et voit
Brahman en tout, ou, pour me servir d'une autre
expression, il voit
Shrî Krishna partout et l'apparence extérieure
que revêt le Seigneur ne signifie rien pour sa vision purifiée ;
il est donc absolument exempt de ce que nous sommes bien obligés d'appeler
« la haine » ou la « répulsion ». Rien ne le repousse,
rien ne le fait reculer. Il n'éprouve plus qu'
amour et
compassion pour
tout et pour tous. Il fait, en quelque sorte, rayonner autour de lui une atmosphère
enveloppante d'affection. Tous ceux qui viennent à lui, tous ceux qui l'approchent,
ressentent l'
influence de sa divine
compassion. Et c'est pourquoi, à l'époque
où les
Brahmanes étaient réellement tout ce que leur dénomination
implique, on disait que le
Brahmane était « l'ami de toute chose
et de toute créature ». Leur cur, ne faisant qu'un avec la
Divinité, était assez large pour contenir tout ce que la Divinité
avait créé.
Après s'être à
jamais débarrassé de l'illusion de la séparativité,
le
disciple entre dans le stade final qui lui est dévolu ;
Shrî
Shankarâchârya l'appelle Paramahansa et le terme Bouddhiste est
Arhat. A ce propos, nous constaterons une fois de plus le terrible avilissement
moderne des termes sacrés, en
voyant celui qui désigne cette haute
situation employé d'une façon si générale et avec
tant d'insouciance ; en le
voyant employer souvent par simple courtoisie, pour
désigner une apparence extérieure, au lieu d'une vivante réalité.
La vraie signification de ce terme implique que l'homme a passé par la
quatrième grande
Initiation et traverse le stade qui précède
celui de Jivanmoukti ; il peut, tout en restant pleinement conscient, s'élever
jusqu'à la région de Tourîya
(14) et
y vivre. Il n'a pas besoin de quitter son
corps pour en éprouver la
béatitude,
pour y être absolument conscient.
Son état de conscience comprend
cette région et l'embrasse, tout en se trouvant active dans le cerveau
physique. C'est une des grandes caractéristiques de l'accession à
ce stade. Il n'est nullement nécessaire que la conscience quitte le cerveau
physique pour s'exercer dans cette haute région ; la conscience du chélâ
s'est agrandie jusqu'à l'embrasser ; et, en même temps qu'il parle,
et qu'il agit dans le monde des hommes, tout ce vaste savoir reste sous ses yeux
et il en fait l'expérience à volonté. Durant ce stade, il
se libère des cinq dernières « entraves », afin de devenir
le Jivanmoukta. La première de ces entraves est appelée Roûparâga,
le désir d'une « vie corporelle », car aucun désir d'une
telle vie ne saurait le
toucher. Ensuite il se débarrasse d'Aroûparâga,
le désir d'une « vie incorporelle », aucun désir de
ce genre n'a plus de pouvoir sur lui. Puis il se délivre de Mâna
et nous sommes encore obligés d'employer un mot beaucoup trop grossier
pour exprimer la réelle et subtile nature de cette entrave, l'orgueil ;
il ne songe pas un seul instant à la grandeur du but qu'il a atteint, à
la
hauteur vertigineuse à laquelle il se trouve, car, pour lui, il n'y
a plus ni haut ni bas, ni
hauteurs élevées, ni humbles vallées.
Les unes et les autres ne lui paraissent faire qu'un.
Il perd ensuite la possibilité de se trouver froissé
par quoi que ce soit. Quoi qu'il arrive, il demeure inébranlable. Les mondes
peuvent s'entrechoquer, il restera impassible. Rien de ce qui peut arriver dans
ce monde manifesté ne peut troubler la sublime sérénité
de l'homme qui s'est élevé ainsi jusqu'à la
conception du
Soi universel. Qu'importe une catastrophe la forme seule est brisée.
Qu'importe l'écrasement d'un monde ce n'est que le genre de manifestation
qui change, Il vit dans ce qui est antique, constant, immortel, éternel
; et il n'y a rien qui puisse troubler sa sérénité, rien
qui puisse amoindrir la parfaite sensation de paix qu'il éprouve. C'est
alors que ses membres se trouvent dégagés de la dernière
de toutes les entraves Avidyâ ou ce qui produit l'illusion
; le dernier et léger nuage qui entrave la vision parfaite et la
liberté
absolue. Il n'est plus obligé de renaître ; aucune contrainte ne
peut le ramener à la terre, mais il peut se réincarner volontairement.
Son savoir embrasse tout ce que comporte notre chaîne planétaire.
Il apprend tout ce que cette manifestation peut avoir à enseigner ; aucune
leçon ne reste inapprise, aucun secret ne demeure plus caché, il
n'existe aucun recoin que ses regards ne puissent scruter, aucune possibilité
qu'il ne soit apte à saisir. A la fin de ce stade, toutes les leçons
ont été apprises ; tous les pouvoirs ont été complètement
acquis. Il est omniscient et omnipotent dans toute cette chaîne planétaire.
Il a accompli l'évolution de l'humanité ; il a franchi le dernier
des degrés que l'humanité aura franchi lorsque le grand Manvantara
prendra fin et que l'uvre de cet univers sera terminée. Il n'y a
plus rien de voilé pour lui ; il n'y a rien qui n'existe en lui, car son
état de conscience s'est dilaté pour tout embrasser. Il peut entrer
quand il le veut dans le Nirvâna où règnent l'unité,
la conscience universelle et la plénitude de la vie. Il a atteint le but
de l'humanité ; la dernière porte est devant lui et s'ouvre à
deux battants au seul bruit de ses pas. Cette porte franchie, il devient le Jivanmoukta,
comme disent les Hindous ; l'
Adepte Asékha, ou celui qui n'a plus rien
à apprendre, comme l'indique la nomenclature bouddhiste. Tout est su, tout
est accompli. Devant Lui s'ouvrent différentes voies parmi lesquelles Il
peut choisir à son gré ; devant Lui s'étendent de vastes
possibilités parmi lesquelles Il peut prendre celle qu'Il veut, en allongeant
la main. Au delà des limites de cette chaîne planétaire, au
delà des limites de notre Kosmos, dans des régions dont notre compréhension
ne saurait se faire la plus légère idée, s'ouvrent des voies
au milieu desquelles le Jîvanmoukta peut choisir celle qu'Il veut parcourir.
Mais il est une voie la plus difficile, la plus pénible de toutes,
bien que la plus rapide que l'on appelle la voie de la Grande Renonciation.
Si c'est celle-ci qu'Il choisit, après avoir considéré attentivement
le monde des hommes, le Jîvanmoukta refuse de s'en éloigner ; Il
déclare qu'Il veut y rester et assumer réincarnation, après
réincarnation, dans le but d'instruire et d'aider les hommes. Une fois
de plus,
Shrî Shankarâchârya parle de Ceux qui restent
et travaillent, jusqu'à ce que l'uvre soit accomplie. Leur propre
tâche est bien achevée, mais Ils Se sont identifiés avec l'humanité,
et tant que l'évolution de cette humanité ne sera pas terminée,
Ils ne quitteront pas les rangs des hommes qui luttent. Ils sont libres, mais
restent dans une servitude volontaire ; Ils ont atteint la libération,
mais cette libération ne sera complète que lorsque les autres seront
libérés comme Eux. Ce sont là les Maîtres de
Compassion
qui vivent à portée des hommes, afin que l'humanité ne soit
pas dans la position d'un orphelin sans père, afin que les élèves
ne cherchent pas vainement un
Gourou pour les instruire. Ce sont les Grands Maîtres
envers lesquels plusieurs d'entre nous éprouvent un sentiment si profond
de gratitude, parce qu'Ils restent sur ce globe terrestre, tout en vivant au delà,
dans un état de conscience Nirvanique, afin de maintenir un lien entre
les Mondes supérieurs et les hommes qui ne sont pas encore libres ; les
hommes pour lesquels le
corps physique est une prison dont la vie n'a pas encore
été libérée. Tous Ceux qui ont atteint à ce
niveau élevé sont des Etres glorieux, tous Ceux qui s'y trouvent
sont divins, mais on peut oser dire, sans manquer de respect, que les plus chers
au cur de l'humanité, Ceux auxquels elle est le plus intimement attachée
par des liens de reconnaissance passionnée, à cause de la Renonciation
accomplie, ce sont Ceux-là mêmes qui auraient pu nous abandonner,
qui auraient pu nous laisser orphelins, mais qui n'ont pas voulu s'éloigner,
afin de servir de Pères aux hommes. Tels sont les grands
Gourous aux pieds
desquels nous nous inclinons ; tels sont les grands Maîtres qui soutiennent
la Société
Théosophique. Ils ont envoyé leur messager,
H. P. Blavatsky, pour apporter au monde un message presque entièrement
oublié ; pour lui montrer de nouveau l'étroite et ancienne Voie
que quelques-uns parcourent en ce moment et que vos pieds pourraient fouler.
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(11) Kali Yuga, âge noir.
(12) Shrî Krishna, Avatar de
Vishnou.
(13) Siddhis, les couvoirs psychiques.
(14) Touriya, l'état suprême, celui de la haute conscience spirituelle.