Biographie universelle ancienne et moderne Honorius III fut élu pape à
Pérouse le 18
juillet 1216, deux
jours après la mort d'
Innocent III, auquel il succédait. Le nouveau
pontife s'appelait
Cencio Savelli. Il était
Romain de naissance ; sa capacité dans les affaires l'avait fait distinguer dès le temps de
Clément III, qui l'avait nommé camérier de l'
Eglise romaine. Il s'était élevé peu à peu jusqu'à la pourpre, et était devenu successivement cardinal-diacre du titre de Ste-Luce, et depuis
cardinal-prêtre du titre de St-Jean et de St-Paul.
Son premier soin fut d'écrire au roi de Jérusalem pour l'assurer de son zèle en faveur des
croisés, ensuite aux
évêques de France pour relever le courage des
pèlerins, puis à l'empereur de Constantinople pour lui promettre son appui contre les schismatiques et les Grecs, enfin, au
patriarche latin, en l'exhortant à conserver l'union avec l'empereur, sans préjudice des droits de l'
Eglise.
Honorius s'occupa ensuite de l'élection de Pierre de Courteney, qu'il couronna empereur d'Orient, et qui fut pris bientôt après par Théodore Comnène, et jeté en prison, où il mourut.
Les affaires d'Angleterre exigèrent bientôt toute l'attention du pape. Jean-sans-Terre était mort, et laissait à son successeur, Henry III, le fardeau d'une guerre contre le prince Louis, fils de
Philippe-Auguste, qui prétendait à la
couronne, et soutenait son parti à la tête d'une armée. Ce prince s'était jeté en Angleterre, comptant sur la protection d'
Innocent III, qui avait d'abord persécuté le roi Jean, et lui avait depuis rendu son amitié.
Honorius III, animé des dernières pensées de son prédécesseur, négocia avec le prince français. Il employa tous à tour les prières et les menaces, écrivit aux
barons et aux
évêques anglais que la mort de Jean leur ôtait tout prétexte de révolte, exhorta dans le même sens l'
archevêque de
Bordeaux et les seigneurs de Guyenne à rentrer dans leur devoir de sujets fidèles, et parvint enfin à susciter contre le fils du roi de France un parti auquel ce prince dut céder.
La
croisade de
Palestine occupait encore tous les
esprits.
Honorius III y mettait tout son zèle. Il avait engagé le roi de Hongrie à
joindre ses
forces à celles des
croisés. Mais le Portugal et l'Espagne étaient désolés par les armes des
Maures. Des
divisions de familles s'étaient élevées pour la succession aux trônes de Castille et de
Léon. Le midi de la France était affligé de la guerre contre les Albigeois.
Honorius III chercha à triompher de toutes ces difficultés, en intervenant dans toutes ces querelles, où il mettait toute l'ardeur de son caractère et le poids de son autorité.
Son but principal était de donner un chef suprême à la
croisade ; et ce fut dans cette
vue qu'
Honorius couronna empereur d'Allemagne Frédéric II, qu'
Innocent III avait déjà reconnu comme roi des Romains. Ce prince, qui devait être tourmenté si cruellement par les successeurs d'
Honorius III, était roi de
Sicile, et rendit en cette qualité
hommage au pape. Le nouvel empereur promit avec serment de se transporter sous deux ans au plus tard en
Palestine, et le pape reçut cette promesse avec joie. Cette bonne intelligence fut cependant altérée dans la suite par quelques prétentions d'
Honorius III qui blessaient l'autorité du roi relativement à la nomination des
évêques, que le pape voulait instituer comme seigneur
suzerain du royaume de
Sicile ; et ce fut là le
germe de ces fatales
divisions qui éclatèrent sous les
pontificats de Grégoire IX et d'Innocent IV.
En France, les relations du pape eurent pour objet principal la guerre contre les Albigeois.
Honorius, qui protégeait la maison de
Montfort contre les comtes de
Toulouse, avait plus d'une fois pressé
Philippe-Auguste de prendre part dans cette querelle et de soutenir Simon de
Montfort. Le pape renouvela les mêmes instances auprès de Louis VIII, successeur de Philippe. Louis était occupé alors à poursuivre en
Poitou le recouvrement des provinces confisquées sur le roi Jean, père du roi d'Angleterre Henry III, à cause du meurtre d'Arthur. Le pape essaya de le détourner de cette entreprise, en l'exhortant à se croiser contre les Albigeois. Louis VIII soutint la justice de son droit ; mais enfin il céda, laissa respirer Henry et alla mourir au siège d'
Avignon.
C'est ainsi que les papes prétendaient se rendre les arbitres des querelles des souverains, changer leurs guerres politiques en guerres
religieuses sous le prétexte que, la plupart des guerres étant injustes et par conséquent autant de péchés, le chef de l'
Eglise avait le droit d'en juger les motifs et d'en interdire l'exécution. Ce système avait été inventé depuis la naissance des
croisades. On ne voyait qu'armements de cette espèce. Outre la
croisade de la Syrie, il y en avait contre les
Vaudois et les Albigeois ; on en avait vu une d'
enfants sous
Innocent III, et sous
Honorius III des
croisés tournèrent leurs armes contre les païens de la Prusse et de la Livonie. Tous les peuples étaient
croisés. Même ceux de l'Asie qui étaient dans la communion de Rome. La reine de Géorgie députa des ambassadeurs à
Honorius, pour lui témoigner son impatience d'envoyer ses soldats à la terre sainte, dans l'espoir d'obtenir les secours des chrétiens contre les Tartares, qui ravageaient l'Asie sous la conduits du terrible Gengis-Khan.
Cependant la puissance des papes commençait à décliner. Malgré les instances et les menaces d'
Honorius, le comte de Schwerin s'empara de la personne du roi de Danemark, Waldemar II, et le retint en prison pendant trois ans. Grégoire VII eût été mieux obéi. Après avoir écrit de nouveau à Frédéric pour lui reprocher la lenteur à acquitter la promesse qu'il avait faite de porter ses armes dans la
Palestine (1),
Honorius III mourut le 18 mars 1227, après un pontifiicat de dix ans et huit mois ; il eut pour successeur Grégoire IX.
La plus grande partie des lettres d'
Honorius ont été publiées à
Toulouse par Innocent
Ciron, sous le titre de
Quinta compilatio decretal., 1645, in-fol., avec des notes de l'éditeur. On en trouve aussi dans la Collection des
conciles, dans les Recueils de Baluze, de Wadding. de D. Martène, de d'
Achery, d'Ughelli, etc. Enfin, on a publié sous le nom de ce pape une indigeste rhapsodie intitulée
Grimoire du pape Honorius : c'est une de ces misérables compilations,
fruits de l'
ignorance et du charlatanisme, comme l'
Enchiridion du pape Léon, les
Secrets du grand Albert, etc. La plus ancienne édition indiquée par Lenglet Dufresnoy (
Recueil sur les apparitions, 2, 2, 255) est intitulée
S. D. Honorii papæ III adversus tenebrarum principem et ejus angelos conjurationes ; extractæ ex originali Romæ servato, anno 1629.
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(1) Cette lettre est de 1226, et rapportée tout entière dans la
Notice et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi, t. 2.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 19 - Pages 589-590)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Honorius III,
cencio Savelli, né à Rome, élu pape en 1216, mort en 1227, reconnut l'ordre de saint Dominique et celui des
Carmes, fit entreprendre une
croisade (la 5ème), qui resta sans résultats,
et arma Louis VIII contre les Albigeois. Il accorda le premier des
indulgences dans la canonisation des saints. Ce pape défendit d'enseigner le
droit civil à
Paris (1220), n'y permettant que l'étude du
droit canon. On a sous son nom :
Conjuration adv. principem tenebrarum, 1629.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 890.