PREMIÈRE PARTIE
Introduction
Adoption d'un louveteau
Signes extérieurs de la franc-maçonnerie. Esprit de prosélytisme des maçons. Proposition d'un profane. Le cabinet des réflexions. Description de la loge. Places, insignes et fonctions des officiers. Ouverture des travaux d'apprenti. Les visiteurs. Les honneurs maçonniques. Réception du profane. Discours de l'orateur : dogmes, morale, règles générales de la franc-maçonnerie, rites, organisation des Grandes-Loges et des Grands-Orients, etc. Clôture des travaux d'apprenti. Banquets. Loges d'adoption. Mme de Xaintrailles reçue franc-maçon. Pose de la première pierre et inauguration d'un nouveau temple. Installation d'une loge et de ses officiers. Adoption d'un louveteau. Cérémonie
funèbre. Réception de compagnon. Réception de maître. Interprétation des symboles maçonniques. Les hauts grades. Carré mystique. Appendice : statistique universelle de la franc-maçonnerie. Calendrier. Alphabet. Abréviations. Protocoles. Explication des gravures.
On accomplit encore dans les loges deux autres cérémonies importantes : ce sont les adoptions de louveteaux et les pompes funèbres des
frères décédés.
Un
louveteau est un fils de maçon. Ce nom, qu'on dénature généralement, dont on fait tour à tour
lofton,
loweton,
loveton,
loveson, parce qu'on en a perdu l'
étymologie, est d'origine fort ancienne. Les
initiés aux mystères d'Isis portaient, même en public, un masque en forme de tête de chacal ou de
loup doré ; aussi disait-on d'un isiade : « c'est un chacal » ou « c'est un
loup. » Le fils d'un
initié était qualifié de jeune
loup, de louveteau. Macrobe nous apprend à ce sujet que les anciens avaient aperçu un rapport entre le
loup et le
soleil, que l'
initié représentait dans le cérémonial de sa réception. « En effet, disaient-ils, à l'approche du
loup, les troupeaux fuient et disparaissent : de même les constellations, qui sont des troupeaux d'étoiles, disparaissent devant la lumière du
soleil. » C'est pour une semblable raison que les
compagnons du devoir dits
les enfants de Salomon et
les compagnons étrangers se donnent aussi la qualification de
loups.
Il est d'usage, dans beaucoup de loges, que, lorsque la femme d'un maçon est sur le point d'accoucher, l'hospitalier, s'il est médecin, ou, s'il ne l'est pas, un
frère de cette profession, se transporte près d'elle, s'informe de sa santé au nom de l'
atelier, et lui offre les secours de son art, et même des secours pécuniaires, s'il pense qu'elle puisse en avoir besoin. Neuf
jours après la délivrance, le
vénérable et les surveillants vont la visiter, et la félicitent de cet heureux événement.
Si le nouveau-né est un garçon, la loge est spécialement convoquée pour procéder à son adoption. On pare le temple de feuillage et de
fleurs ; on dispose des cassolettes pour y
brûler de l'encens. Le louveteau et sa nourrice sont amenés, avant l'ouverture des travaux, dans une pièce voisine de l'
atelier. Les travaux s'ouvrent. Les surveillants, parrains-nés du louveteau, se rendent près de lui, à la tête d'une députation de cinq
frères.
Arrivé près du louveteau, le chef de la députation, dans une allocution qu'il adresse à la nourrice, lui recommande, non-seulement de veiller sur la précieuse santé de l'
enfant dont la garde lui est confiée, mais encore de cultiver sa jeune intelligence et de ne lui tenir jamais que des discours vrais et sensés
(10). Le louveteau est alors séparé de sa nourrice, placé par son père sur un coussin, et introduit dans la loge par la députation. Le cortège s'avance sous une voûte de feuillage jusqu'au pied de l'orient, où il s'arrête.
Qu'amenez-vous ici, mes frères? dit le
vénérable aux deux
parrains.
Le fils d'un de nos
frères, répond le premier surveillant, que la loge a désiré adopter.
Quels sont ses noms, et quel nom maçonnique lui donnez-vous ?
Le
parrain répond. Il ajoute au nom de famille et aux prénoms de l'
enfant un nom caractéristique, tel que
Véracité,
Dévouement,
Bienfaisance, ou tout autre de même nature.
Alors le
vénérable descend les marches de l'orient,
s'approche du louveteau, et, les mains étendues au-dessus de sa tète,
adresse au
ciel une prière pour que cet
enfant se rende digne un
jour de
l'
amour et des soins que l'
atelier va lui vouer. Ensuite il répand de l'encens
dans les cassolettes ; il prononce le serment d'apprenti, que les
parrains répètent au nom du louveteau ; il ceint celui-ci du tablier blanc, le constitue, le proclame
enfant adoptif de la loge, et fait applaudir à cette adoption.
Ce cérémonial accompli, il remonte au trône,
fait placer les surveillants avec le louveteau en tête de la colonne du nord, et leur retrace, dans un discours, les obligations auxquelles les astreint leur titre de
parrains. Après la réponse des surveillants, le cortège qui a introduit le louveteau dans la loge se reforme, le reconduit dans la pièce où il l'a pris, et le rend à sa nourrice.
L'adoption d'un louveteau engage tous les membres de la loge, qui doivent veiller à son éducation, et, plus tard, lui faciliter, s'il est nécessaire, les moyens de s'établir. On dresse un procès-verbal
circonstancié de la cérémonie, qui est signé par tous les membres de la loge et est remis au père du louveteau. Cette pièce dispense celui-ci de subir les épreuves. lorsqu'il a l'âge requis pour pouvoir participer aux travaux de la maçonnerie. On se borne alors à lui faire renouveler son serment.
__________________________________________________________________________________________________
(10) Voyez planche n° 4.