Clotaire Ier, quatrième fils de Clovis, et le troisième et dernier né de son
mariage avec Clotilde, naquit en 497, et eut en partage, en 511, le royaume de
Soissons. Comme il était le plus jeune, ses
frères eurent le projet de lui enlever ses Etats : il vécut assez pour réunir à sa
couronne les Etats de ses
frères, et jouir seul de l'immense héritage de Clovis, augmenté par la
Thuringe, de la
Bourgogne, et de quelques provinces du midi de la France.
Courageux, libéral, et politique habile, il entra dans les desseins ambitieux de ses
frères, comme s'il eût prévu qu'ils ne travaillaient qu'à sa propre élévation. Aussi cruel que les rois ses contemporains, ses rivaux et ses parents, il fut de moitié dans l'assassinat de ses neveux, fils de
Clodomir, et prit sa part du royaume d'
Orléans qui devait leur appartenir ; mais il surpassa tous les princes de son temps par ses débauches. Les
historiens varient sur le nombre de ses femmes : on croit qu'il en eut six ; tous s'accordent à dire qu'il épousa à la fois deux surs, nommées Ingonde et Aregonde, et qu'il força la veuve de
Clodomir, dont il venait d'assassiner les
enfants, à partager son
lit. Il avait aussi épousé Radegonde, sa captive, dont il avait fait tuer le
frère, et qui se sépara de lui à cause de la
dissolution de ses murs.
Heureux dans toutes ses expéditions guerrières, excepté en Espagne où il fut battu devant Saragosse (voyez
Childebert), il n'éprouva de vifs chagrins que par les révoltes continuelles de Cliramne, l'un de ses fils, qui, par sa beauté, son courage, son
esprit actif, avait captivé toutes ses affections.
Aucun pardon ne put fléchir ce fils rebelle, aucun serment fait à son père ne lui parut sacré. Après l'avoir vaincu, Clotaire ordonna de l'attacher sur un banc où il fut battu pendant une heure ; ensuite on l'enferma avec sa femme et ses
enfants dans une chaumière à laquelle on mit le
feu (voyez
Alain Ier de Bretagne). Cette vengeance cruelle fut suivie de regrets qui contribuèrent à avancer les
jours de Clotaire ; il mourut à
Compiègne (1) dans la 64ème année de son âge, et la 47ème de son règne. Ce prince, mêlant encore les souvenirs de l'ambition aux craintes
religieuses qui l'agitaient dans ses derniers moments, s'écria : « Hélas ! que doit être le roi du
ciel, puisqu'il fait mourir ainsi les plus grands rois de la terre ! »
Il laissa quatre fils, Caribert, Gontran, Sigebert et Chilpéric, entre lesquels le royaume de France fut de nouveau partagé. Etant devenu maître de toute la monarchie française, après la mort de Childebert, il avait établi sa résidence à
Paris en l'an 558.
Son corps fut porté à
Soissons, et enterré dans l'églie de St-Médard, qu'il avait commencée et que Sigebert, son fils, acheva.
__________________________________________________________________________________________________
(1) Suivant Peignol, il mourut le 10 novembre 561.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 8 - Pages 476-477)