Biographie universelle ancienne et moderne Jean XX ou XXI, élu pape le 13 septembre 1276, dans le palais de
Viterbe, était
Portugais,
évêque de Tusculum, et se nommait Pierre-Julien. Il devait n'être que le vingtième, suivant le rang observé jusqu'ici : mais quelques écrivains mettent au nombre des papes Jean, fils de Robert, qui mourut au bout de quatre mois, sans avoir été sacré, après la mort de
Jean XIV, et notre Jean se trouve, d'après ce calcul, être le vingt-et-unième
(1).
Son élection fut précédée de quelques dissensions entre les
cardinaux et les
prélats. Les premiers prétendaient que la constitution étant suspendue par le dernier pape,
Adrien V, ils ne devaient point élire. Les
prélats, les procureurs, et les autres officiers de la cour de Rome, forcèrent à main armée les
cardinaux à s'assembler. On les tint rigoureusement enfermés, et ils ne tardèrent pas à faire leur nomination.
Jean XXI était très instruit pour son temps ; on lui a même attribué
Le Trésor du pauvres ; mais l'opinion la plus commune est que ce livre appartient à
Jean XXII. Le nouveau pape commença par donner son approbation à la suspension prononcée par son prédécesseur, contre la constitution de Grégoire X. Il rendit aussi une autre
bulle portant punition des excès commis contre les
cardinaux à l'occasion du dernier conclave.
Une affaire d'un autre genre attira son attention vers la France et l'Espagne ; c'était la guerre qui était sur le point d'éclater entre
Philippe le Hardi et Alphonse de Castille. Le pape écrivit au roi de France pour l'engager à maintenir la paix et à tourner ses armes contre les infidèles. Il lui représente que le
concile de
Lyon a ordonné, en faveur de la
croisade, une paix générale entre tous les princes chrétiens, avec pouvoir aux
prélats de procéder par censures contre ceux qui ne voudraient pas y acquiescer. En conséquence, le pape mande à son
légat, Simon de
Brie, de contraindre le roi de France et ses adhérents à se désister de cette entreprise de guerre contre le roi de Castille, et d'employer, s'il le
juge expédient, l'
excommunication contre les personnes et l'interdit sur les terres, nonobstant tout privilège de n'être point frappé de censures.
Fleury observe à cette occasion l'inutilité dérisoire de ces privilèges, auxquels les papes dérogeaient quand ils voulaient.
Jean XXI condamna, avec plus de raison, des erreurs enseignées dans l'université de
Paris, et qui provenaient des mauvais raisonnements d'un fausse philosophie.
Fleury en parle avec quelques détails qu'il faut lire dans son
histoire.
Le
pontificat de
Jean XXI fut de courte durée ; un accident déplorable termina sa vie. Un bâtiment qu'il avait fait construire près le palais de
Viterbe s'écroula tout à coup, et la
chambre qu'il habitait tomba sur lui et l'enveloppa de ses débris. Il fut tellement blessé, qu'il mourut au bout de six
jours (le 16 mai 1277), après avoir reçu tous les sacrements. Il avait tenu le
saint-siège pendant huit mois seulement. On l'accuse de peu de discrétion et de trop de précipitation dans ses paroles. Il eut pour successeur Nicolas III.
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(1) Lenglet-Dufresnoy et le P. Pagi indiquent un certain Vice-dominius, qui aurait élu le 05 septembre.
Fleury n'en parle point. Au surplus, les deux chronologistes conviennent qu'il n'a jamais été compté.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 20 - Page 609)