Saint Maurice, l'un des plus
illustres martyrs de la foi chrétienne, était chef de la
légion Thébéenne, ainsi appelée parce qu'elle avait été levée dans la Thébaïde, ou Haute-Egypte. Cette
légion faisait partie des troupes conduites par Maximien contre les Bagaudes, peuple de la Gaule qui s'était révolté pour venger la mort de Carin. Arrivé à
Octodorum, ville alors considérable, peu éloignée du lac Léman, Maximien ordonna que l'armée ferait un sacrifice aux
dieux pour obtenir le succès de l'expédition ; mais la
légion Thébéenne, presque entièrement composée de chrétiens, ne voulut prendre aucune part à cette
idolâtrie et s'éloigna du camp. L'empereur lui enjoignit de revenir, et, sur son refus, ordonna qu'elle serait décimée. Les soldats sur qui tomba le sort souffrirent la mort avec un courage qui enflamma leurs
compagnons d'une nouvelle ardeur : ils s'affermirent mutuellement dans la résolution de mourir tous plutôt que de trahir leur foi ; et ces généreux athlètes de Jésus-Christ reçurent tous la
couronne du
martyre, en l'an 286.
L'
Eglise honore le 22 septembre la mémoire de
saint Maurice et de ses
compagnons : leurs
corps furent découverts plusieurs années après, au lieu d'Agaune
(1), où Sigismond, roi de
Bourgogne, fit bâtir depuis une
abbaye devenue célèbre. Il existe en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne, un grand nombre d'
églises et de chapitres sous l'invocation de St-Maurice ; enfin il a donné son nom à un ordre militaire institué en Savoie par le
duc Emmanuel-Philibert et confirmé par le pape Grégoire XII en 1572. Plusieurs des
compagnons de
saint Maurice sont honorés d'un culte particulier à Soleure, à la cité d'
Aoste, à Turin, à
, et même à Bergame
(2). Les
Actes du
martyre de
saint Maurice ont été rédigés par saint Eucher,
évêque de
Lyon. Ce fut le père Pierre-François Chifflet qui en découvrit le premier une copie exacte, qu'il fit imprimer ; ils
ont été publiés depuis dans les
Acta
sincera, par
dom Thierry Ruinart, et dans le fameux recueil des
Bollandistes, au 22 septembre, avec les notes du père Jean
Clé.
Plusieurs écrivains
protestants ont révoqué en doute l'authenticité de cette pièce, et ont nié le
martyre de la
légion Thébéenne ; mais leurs raisons ont été solidement réfutées par
dom Joseph Delisle, qui a publié la
Défense de la vérité du martyre de la légion Thébéenne, en réponse au ministre Dubourdieu,
Nancy, 1737, in-8°. On peut aussi consulter l'
Apologie de la légion Thébéenne, etc, en allemand, par Félix de Balthasar, membre du grand conseil de Lucerne, 1760, in-8° ; et surtout l'
Eclaircissement sur le martyre de la légion Thébéenne, et sur l'époque de la persécution des Gaules sous Dioclétien et Maximien, par M. de Rivaz,
Paris, 1779, in-8° ; ouvrage rempli d'érudition et qui ne laisse rien à désirer sur ce sujet.
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(1) Aganne, aujourd'hui St-Maurice.
(2) Voyez
S. Alexander è Thebanâ legione martyr, Bergamensium tuto secundis curis illustratus,
Bologne, 1746, in-fol., par le père Gratioli, barnabite.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 27 - Page 340)