Biographie universelle ancienne et moderne Flavius
Sisebut, roi des Visigoths d'Espagne, succéda, en
février 612, à
Gondemar. Ce prince joignait aux talents d'un capitaine, l'
amour des lettres et une piété sincère. Des qualités si
rares à cette époque réunirent sur lui tous les suffrages,
et si l'on en croit la
Chronique d'Isidore
de Séville, son élection fut unanime.
Sisebut justifia toutes les espérances
qu'on avait conçues de son règne. Il choisit pour lieutenant
Suintila, fils de
Recarède Ier, que sa trop grande
jeunesse à la mort de son
frère Liuva, avait sauvé des fureurs de Witeric, et il le chargea de soumettre les
Vascons et les
Asturiens révoltés. Dès que cette expédition fut terminée,
Sisebut attaqua les Romains, maîtres encore d'une partie de la Bétique et de la
Lusitanie, les vainquit dans plusieurs combats, et les força à quitter la Péninsule ou de reconnaître son autorité. L'empereur Héraclius confirma le traité que le gouverneur romain avait fait avec le roi des
Visigoths. Suivant le P. Mariana, ce fut à la condition que
Sisebut chasserait d'Espagne les Juifs, qu'Héraclius regardait comme la cause de tous les maux qui désolaient l'empire ; mais le zèle de
Sisebut n'avait point attendu les ordres de l'empereur pour se manifester. Quatre ans avant la confirmation du traité, il avait par deux édits
(1) prescrit des mesures très rigoureuses contre les Juifs, dont quatre-vingt-dix mille avaient reçu le
baptême pour échapper aux supplices ou à l'exil. La conduite de
Sisebut fut censurée par un
concile de Tolède. On ne peut disconvenir, ajoute Mariana, que le roi n'eût fait une chose très opposée à l'
esprit de l'
Evangile ; car il n'est jamais permis de forcer quelqu'un d'embrasser une
religion qu'il ne croit pas véritable. (
Histoire d'Espagne, t. 1, p. 597.) Le clergé vit avec plus de peine encore
Sisebut prononcer la déposition d'Eusèbe,
évêque de Barcelone ; ce
prélat avait permis la représentation d'une comédie qui retraçait les usages et les mystères du
paganisme. Les autres
évêques n'excusaient pas une faute si grave ; mais ils pensèrent que ce n'était point au roi de la punir.
Affermi sur le trône d'Espagne,
Sisebut s'occupa de faire fleurir dans ses Etats la
religion, le commerce et les lettres. Il fit tenir, en 619, à Séville, un
concile dans lequel fut condamnée l'hérésie des
Acéphales, et qui prit différentes mesures de police. Il équipa une flotte, exerça son peuple à la marine, entoura
Evora de fortifications, dont on voit encore les ruines, et embellit Tolède d'une
église dédiée à sainte Léocadie.
Ce prince mourut en 621, laissant un fils qui lui succéda sous le nom de Récarède II. Une mort prématurée enleva Récarède au bout de quelques mois ; et tous les suffrages se réunirent alors sur
Suintila. On conserve dans les archives des
églises de Tolède et d'Oviédo plusieurs
Lettres de
Sisebut, et quelques-unes ont été publiées par le P. Florez (
Espanna sagrada, t. 7). Divers auteurs lui attribuent, mais sans fondement, la
Vie de saint Didier,
évêque de
Vienne, imprimée dans le recueil des bollandistes, 21 mai. Burmann a inséré dans l'
Antholía latina, t. 2, p. 322-325, un fragment de soixante-et-un vers d'un poème :
De eclipsibus solis et lunæ, dont il paraît que
Sisebut est l'auteur
(2). Les monnaies de ce prince ont été publiées par Mahudel, à la suite de sa
Dissertation sur les médailles espagnoles, pl. 12 (Voyez
Mahudel), et par Vélasquez (
Conjecturas sobre las medallas de los reyes Godos, page 67 et suivantes).
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(1) On les trouve dans le
Codex legum antiquarum, Francfort., 1613. in-fol., t. 1er, p. 215, et dans le tome 4 des
Historiens de France, par
dom Bouquet.
(2) Ce petit poèle, adressé à saint Isidore de Séville à l'occasion d'un petit traité d'astronomie que ce
prélat avait
composé à la demande de
Sisebut, avait déjà été publié, mais d'une
manière moins complète, par Pithou, par Scaliger, etc. ; et on l'attribuait
à un Fulgentius, d'ailleurs inconnu, ou à Varro Atacinus
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 39 - Page 418)