Saint Sigismond, roi de
Bourgogne, succéda, en l'an 516, à son père
Gondebaud, qui l'avait associé au trône depuis trois ou quatre ans, selon quelques auteurs. Elevé dans l'hérésie des
ariens, que professait son père, il eut le bonheur d'être ramené à la foi
catholique par saint Avit,
archevêque de
Vienne ; et ce fut sous la direction de ce
prélat et de saint Maxime,
évêque de Genève, qu'il commença, en 515, la fondation du célèbre
monastère d'Agaune (Saint-Maurice-en-Valais), où il n'y avait avant lui que des ermites logés dans des cellules isolées. Il augmenta ce
monastère au point de contenir jusqu'à 500
religieux.
Le premier soin de Sigismond, dès qu'il fut le seul maître de la
Bourgogne, fut d'y rétablir l'exercice de la
religion catholique : il convoqua, en 517, à Epaone
(1) un
concile provincial, qui donna une règle aux moines d'Agaune, et fit solennellement la dédicace de ce
monastère (voyez Maurice). Il s'occupa, l'année suivante, d'une nouvelle promulgation de la loi
Gombette, corrigée et augmentée, et continua de se livrer aux soins du gouvernement ; il avait été, comme son père, nommé patrice de l'
empire d'Occident ; et l'on voit par ses lettres à l'empereur Anastase
(2) qu'il attachait beaucoup de prix à cette faveur.
Le reste de son règne n'offre plus qu'un tissu de crimes et d'infortunes. Après la mort de sa première femme Amalberge
(3), il choisit une
épouse de basse condition, nommée Constance ou Procopia, qui, pour assurer le trône à ses
enfants, résolut de faire périr Sigeric, que Sigismond avait eu d'Amalberge, et accusa ce jeune prince d'une conspiration contre la vie de son père. Elle sut colorer cette calomnie d'apparences trompeuses et de
faux témoignages si pressants, que le roi, effrayé du danger dont il se croyait menacé, condamna son fils à mort et le fit étrangler en 522. Ce malheureux père ne tarda pas à être désabusé sur l'innocence de Sigeric : déchiré de remords, il se retira dans l'
abbaye d'Agaune, et s'y livra, pour
expier son crime, aux exercices de la pénitence la plus austère. Cependant se sujets, indignés de la mort violente du jeune Sigeric, objet de leur affection, et ne voulant plus être gouvernés par un roi revêtu de l'habit de pénitent et incapable de commander les armées dans la guerre dont les menaçaient les
enfants de Clovis, pour venger la mort de leur aïeul Chilpéric (voyez
Clotilde), se révoltèrent ouvertement et se donnèrent à
Clodomir, roi d'
Orléans. Sigismond, sorti de sa retraite, se mit à la tête du petit nombre de ceux qui lui étaient restés fidèles, fut défait et se sauva, en habit de moine, dans son
monastère, dont les passages, taillés dans le roc, auraient été difficiles à forcer. On l'en tira par ruse, en l'invitant à venir se mettre à la tête d'un parti que l'on disait formé en sa faveur ; et pour empêcher les
religieux d'Agaune de marcher au secours de leur fondateur, on mit en même temps le
feu à l'
abbaye. Sigismond, livré aux Français, fut mené à
Rosières, dans l'
Orléanais, avec sa femme et ses deux fils.
Clodomir lui fit trancher la tête quelque temps après (en 524), lorsqu'il sut que
Gondemar, second fils de
Gondebaud, s'était fait reconnaître roi de
Bourgogne. Le
corps de Sigismond et ceux de sa famille furent jetés dans un puits au village de Saint-Péravi-la-Colombe, d'où on les porta, quelques années plus tard, au
monastère d'Agaune. L'empereur Charles IV les fit ensuite transférer à Prague.
Plusieurs miracles rendirent célèbres les
reliques de
saint Sigismond, honoré comme
martyr (4), et dont la fête est au 1er mai. Sa vie, par Grégoire de
Tours, est insérée dans le recueil des Bollandistes. Il laissa une fille, nommée Suavegote, qui avait épousé Thierri, roi de
Metz, en 522.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 39 - Page 323)
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(1) Au lieu nommé depuis
Eviona, près de Saint-Maurice-en-Valais. Voyez de Rivaz,
Eclaircissements sur le martyre de la légion thébienne, p. 72. Avant les recherches de ce laborieux écrivain, on avait proposé plusieurs opinions différentes sur le lieu où ce
concile avait été célébré. Suivant J.-J. Chifflet, ce fut à Nyon ; suivant Papre Masson, dans l'
abbaye d'Agaune ; l'abbé de
Longuerue et d'autres le mettent à
Yenne en Savoie ; Baillet, à Ponas ou Paunas, près de
Vienne. Adr.
Valois et Annet de
Pérouse,
évêque de
Gap, le placent à
Albon, dont le territoire se nommait autrefois
Ager epaonensis. Voyez la
Bibl. hist. de la France, n°511-515.
(2) Lettres de saint Avit,
Epist. 83.
() Quelques auteurs l'appellent Ostrogothe, parce qu'elle était fille de
Théodoric, roi des Ostrogoths.
(4) On lui donne cette qualification sans doute parce que les rebelles qui le livrèrent à la mort étaient des ariesn, qui se portèrent à cette trahison par haine contre la foi
catholique.