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La Toison d'Or

Baron H. Kervyn Lettenhove
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      A ce malheureux prince dont le règne avait été aussi court que tragique, succéda comme chef et Souverain de la Toison d'or, Maximilien d'Autriche.

      Ce fut le 29 août 1478, à Bruges, dans l'Eglise de St-Sauveur, que l'époux (91) de Marie de Bourgogne, fille unique de Charles le Téméraire, reçut d'abord l'ordre de chevalerie des mains de Monsieur de Ravenstein, puis fut revêtu du collier par Monsieur de Lannoy. Immédiatement après il prêta le serment en qualité de Chef et Souverain de la Toison d'or. Il présida immédiatement après une réunion statutaire avec le cérémonial habituel.

      Ce chapitre fut peu nombreux et pour cause : treize chevaliers étaient morts depuis la dernière promotion !


      Et la guerre avait repris si vivement que les joûtes habituelles étaient remplacées par des batailles !

      Louis XI avait envahi la Flandre et mis le siège devant Condé, s'attaquant ainsi au patrimoine d'une jeune orpheline, sans comprendre combien :

Ce serait vitupère
Et grand mal à porter
De vouloir deshériter
Qui n'a ni père, ni mère.

      Maximilien « qui était beau et brave prince, nullement pusillanime et qui fut grand capitaine » (92) et avec lui presque tous les chevaliers présents à Bruges quittèrent le Chapitre pour se mettre à la tête des troupes levées pour repousser l'envahisseur. A la bataille de Guinegate (93) (07 août 1479), il montra un très grand courage. Comme les milices se débandaient sous l'effort déjà ictorieux des troupes françaises, il mit pied à terre avec les sires de Nassau, de Romont et quelques autres chevaliers de la Toison d'or et se plaçant à leur tête, les ramena au combat. Cette héroïque intervention changea en un incontestable succès une bataille presque perdue. le soir, Maximilien couchait au milieu du camp conquis, tandis que ses soldats vainqueurs chantaient :

« Un jeune prince humble et plein de vaillance
A rué sus l'orgueil de France...
Vive le duc Maximilien ! »


      A coté de ce courage reconnu par tous les historiens (94), il faut dire à la louange de Maximilien, qu'aucun grief ne fut formulé contre sa conduite privée dans les Chapitres de la Toison d'or. Il était, d'ailleurs, animé des meilleures intentions : « ses vues tendaient au bien du pays » (95). Il se montrait généreux de toutes façons, en dons d'abord, car « il était très libéral et magnifique, donnait et dépensait fort » (96), puis souvent par son pardon ; il disait lui-même qu'en « pardonnant à des ingrats, il trouvait l'occasion de montrer deux fois sa clémence ». « Il était impossible de trouver un prince plus libéral et plus bon » (97).

      Enfin, comme ses prédécesseurs », il fut l'un des plus zélés protecteurs des lettres et des arts » (98).

      Un nouveau et tragique malheur vint encore brusquement frapper la maison de Bourgogne, quelques années à peine après le deuil de .

      Marie de Bourgogne, la fille unique de l'infortuné Charles le Téméraire, la jeune épouse de Maximilien, mourut à Bruges, le 27 mars 1481, des suites d'une chute de cheval qu'elle avait faite en chassant le héron dans les bois de Sainte-Croix, à proximité de Bruges. « Elle était belle, bonne, douce, aimable, pieuse, respectée de tous » (99). Les Brugeois surtout chérissaient la petite-fille de Philippe le Bon. Ils la vénéraient lorsqu'ils la voyaient mêlée à la foule suivre pieds nus, un cierge à la main les processions qui demandaient la victoire à Dieu. Ils l'admiraient et l'acclamaient quand elle passait faucon au poing sur sa haquenée pour aller courir les bois et les marais.

      Un jour, hélas, au lieu de la voir reparaître aux portes de Bruges, aux sons d'un joyeux hallali, ils l'aperçurent pâle, décolorée, étendue sur une civière les reins brisées par son cheval qui au saut d'un obstacle s'était renversé sur elle. « Elle fut fort regrettée, plainte et plourée » (100).


      Elle ne laissait qu'un fils, né à Bruges le 22 juin 1478, âgé seulement de trois ans ! On l'appela Philippe le Beau. Ce fut le quatrième Chef et Souverain de l'ordre. Il était chevalier de la Toison d'or depuis l'année 1481 (101) et c'était Monsieur de Lannoy qui avait eu l'honneur de lui passer le collier autour du cou.

      En 1491 , il présidait son premier Chapitre de la Toison d'or.

      En 1494, il était inauguré comme Comte de Flandre.

      En 1495, il épousait Jeanne d'Arragon.

     En 1500, il réunissait un second Chapitre de la Toison d'or dans lequel le fils qui venait de lui être donné et que nous connaissons sous le nom de Charles-Quint, est reçu comme chevalier de la Toison d'or. A cette même assemblée, il est loué pour ses grandes vertus et sa grande habileté dans la direction des affaires.

      En 1505, il présidait un troisième et dernier Chapitre, car, en 1506, il était emporté à Burgos par les suites d'un refroidissement contracté dans une joûte.


      Triste et rapide histoire ! Les espérances les plus légitimes, fondées sur d'heureux prémices, s'évanouissent devant le cercueil d'un prince de vingt-sept ans ! Etrange persistance de la destinée ! « Aux quatre grands princes de la maison de Bourgogne, dont le dernier, Charles le Téméraire, avait eu une fin si malheureuse, a succédé une orpheline de dix-neuf ans ; à cette orpheline succède un jeune prince de trois ans ; à celui-ci succèdera un enfant de six ans, mais cet enfant va résumer en lui l'histoire du XVIème siècle et ouvrir une ère nouvelle à la civilisation ! » (102) C'est Charles-Quint ! Et sa gloire rejaillira puissamment sur l'ordre de la Toison d'or, car le grand empereur fut pendant près de cinquante ans son Chef et souverain.


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(91)  Il l'avait épousée le 19 août 1477.

(92)  Brantôme.

(93)  Il les battit encore une seconde fois au même endroit en 1518. Cette dernière bataille est connue sous le nom de journée des éperons.

(94)  Histoire de Flandre, par le baron Kervyn de Lettenhove, etc. Brantôme écrit aussi : « du courage il avait. »

(95)  Gachard.

(96)  Brantôme.

(97)  Brantôme.

(98)  Le Glay.

(99)  Histoire de Flandre, par le baron Kervyn de Lettenhove, t. V, 328.

(100)  Molinet.

(101)  Il avait été armé chevalier par Ad. de Clèves ; Josse de Lalaing avait prêté en son nom le serment de l'ordre de la Toison d'or.

(102)  Histoire de Flandre, par le baron Kervyn de Lettenhove, t. V, 508.




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