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Le Psautier d'Hermophile

J.-P. Joubert de la Salette
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CI – CXX


CI

      Comme nous avons plusieurs levains suivant les degrés de perfection où ils sont élevés par notre art, car la nature ne nous en donne point d'elle-même, aussi avons-nous plusieurs eaux, plusieurs corps et plusieurs mercures. Il n'y a pourtant qu'un levain parfait, qu'un seul corps et qu'une seule eau véritable qui est le mercure des sages philosophes, qui est un vrai feu. Selon Artéphius, ce feu est un soufre et le mercure est le soufre, l'eau et le feu. Ce mercure est donc l'eau tirée des rayons du soleil et de la lune, dit Sendivogius.


CII

      Ce mercure ne saurait être tiré des rayons du soleil et de la lune qu'il ne soit double. Il ne saurait être tiré de ses cavernes vitrioliques sans tenir lieu de levain. Il ne saurait tenir du feu et de l'eau, du soleil et de la lune, du corps et de l'esprit sans être l'âme qui joint le corps et l'esprit, le médiateur du feu et de l'eau, et ce serait à tort que les philosophes lui donneraient tant de louanges si ce mercure n'était l'agent dans notre art et le dissolvant universel des corps.


CIII

      Nous avons besoin de ce levain ou mercure pour les trois dissolutions nécessaires à l'œuvre des philosophes. La première regarde le corps crud pour en tirer l'esprit séparé de son corps, qui nous est nécessaire pour donner la vie aux morts et pour guérir les maladies. La seconde est la solution de l'or et de l'argent qui composent par leur union la terre minérale. La troisième dissolution est ce qu'on appelle emploi pour la multiplication, la première qui est spirituelle sert pour la fermentation du corps impur, la deuxième radicale du pur, et la troisième multiplicative du très pur.


CIV

      On dissout le corps impur pour avoir l'esprit caché en lui et le mercure qui le dissout est la première clef qui ouvre la porte à la pierre. C'est ce mercure qui est préparé par notre art et qui est composé de matière vile et de peu de prix. Elle est sulfureuse et mercurielle, chaude et froide, sèche et humide. Elle contient la vertu styptique et astringente des métaux, dont parle Basile Valentin, deux fois née du mercure. Ce mercure contient un grand trésor, à savoir l'esprit du mercure et du soufre : la fleur et l'esprit de l'or ; il ouvre la porte de la maison de son père et de sa mère et ouvre l'entrée du palais du roi.


CV

      De la matière de cette première clef, l'art en forme une seconde par adaptation. La première est de toutes les couleurs, mais la seconde est blanche comme la laine et se précise beaucoup plus que la première. C'est elle qui ouvre la seconde porte et qui dissout la terre minérale dans laquelle est caché l'or des philosophes, le véritable soleil. Elle le fait paraître au jour sous plusieurs formes différentes, tantôt en terre, tantôt en eau et ouvre si bien toutes les serrures de ce palais royal qu'après l'avoir ouvert et fermé à diverses reprises, elle rencontre la pierre et l'élixir des philosophes.


CVI

      La troisième clef se forme de la matière de la première et de la seconde. C'est elle qui est la clef qui ouvre non seulement le cabinet où se trouve la pierre, mais encore la cassette de la pierre et la pierre même, afin qu'elle croisse et se multiplie en qualité et en quantité. Mais à chaque fois que la pierre est ouverte par cette clef rouge, il s'y fait une nouvelle dissolution et la terre devient eau ou bouillon gras et poreux, et l'eau devient terre. Il se fait corruption et à chaque fois une nouvelle génération et la pierre multiplie de dix degrés de qualité à chaque fois et cela jusqu'à sept fois.


CVII

      Cette multiplication est la dernière parole des sages, comme la dissolution est la première, dit Flamel. La dissolution est le premier fondement ou le premier pas de la philosophie et la multiplication en est la fin, si on excepte la projection dans laquelle il se fait encore une dissolution radicale par la séparation et exclusion de l'impur et par la congélation du grain pur. Ainsi la dissolution est nécessaire au commencement de l'œuvre, au milieu et à la fin et après l'accomplissement de l'œuvre par la première, les corps durs deviennent mois comme de la crème ou comme de la gomme pesante, dit Morien.


CVIII

      Les autres disent que par la dissolution, les corps secs sont réduits en eau sèche qui ne mouille point les mains, c'est-à-dire en mercure puis en semence, ensuite en esprit fixe et enfin en terre, laquelle est souvent réduite en eau mais par dissolution, et retourne en terre par congélation, monte et descend et de clarté en clarté est élevée à la dernière période de fixité et de fusibilité, et comme il faut pour toutes les opérations avoir une eau sèche et dissolvante comme la clef nécessaire présentée et préparée des mains de nature à l'artiste, plusieurs ont cru que ce dissolvant ou cette clef était le mercure vulgaire.


CIX

      Tous les auteurs s'accordent en ce point, que le mercure vulgaire n'est point notre eau dissolvante, ni notre véritable mercure. La raison en est prise du côté de son impureté, qui ne lui permet pas de se mêler intimement et par les plus petites parties, avec les corps purs qui doivent être dissous, ni par conséquent de demeurer avec eux inséparablement après leur dissolution. Cette même impureté qui lui est naturelle ne lui donne pas le pouvoir de purifier les impurs que nous devons purifier dans leur dissolution, car celui qui doit purifier les autres doit être pur dit Philalèthe.


CX

      Outre la pureté qui manque au mercure, il lui manque une chaleur naturelle qu'il n'a pas pour être le mercure des philosophes qui dissout radicalement l'or, qui se change en or, après avoir changé l'or en soi par la dissolution. Ce défaut de chaleur vient de ce que c'est un fruit tombé de son arbre avant le temps, auquel la nature n'a pas adjoint son propre agent, mais comme il est demeuré impur, froid et indigeste, il a besoin d'un soufre lavé et incomburant que l'art lui ajoute pour le mûrir, réchauffer et le purger et sans ce soufre, l'art ne saurait perfectionner le mercure.


CXI

      Ce soufre pur et fixe qui perfectionne le mercure vulgaire dans la projection où il est transmué en or, doit être tiré des choses qui sont de la nature du mercure, autrement, il n'aurait pas le pouvoir de le pénétrer et de s'unir à lui intimement. Car, la nature ne s'unit qu'à la nature et repousse tout ce qui lui est étranger. Or, le mercure des philosophes contient ce soufre lavé et incomburant par lequel il est peu à peu digéré et changé en or et puis par une nouvelle régénération, changé et élevé en pierre fixe fondante, qui change le mercure vulgaire en or dans un moment.


CXII

      On peut voir de ce que nous venons de dire, que Philalèthe a dit la vérité, lorsqu'il nous assure dans sa métamorphose que le mercure vulgaire et celui des sages ne sont point différents matériellement et fondamentalement l'un de l'autre ; car l'un et l'autre sont une eau sèche et minérale. Que les enfants de la science sachent donc, dit ce philosophe, que la matière ou mercure vulgaire peut et doit entrer en partie dans la matière du mercure des philosophes, de sorte que leur matière est homogène et qu'elles ne diffèrent ensemble que selon le plus ou moins de degrés de chaleur.


CXIII

      II est donc certain, pour parler de bonne foi et selon la doctrine de ce grand philosophe, que si l'on pouvait ôter au mercure vulgaire ce qu'il a de superfluités sulfureuses adustibles, d'aquosités, de terrestréités corrompantes, et si on pouvait lui donner la chaleur du soufre incomburant, c'est-à-dire une vertu spirituelle et ignée, les ténèbres de Saturne étant dissipées, on verrait sortir ce mercure tout brillant de lumière et ce mercure ne serait plus vulgaire. Ce serait celui des philosophes qui disent tous qu'étant déterminé comme il est, il ne peut être notre mercure sans perdre sa forme.


CXIV

      Le mercure vulgaire est un corps, celui des philosophes est un esprit, du moins le mercure vulgaire est corporel, mort, et celui des sages est spirituel et vivant. Le vulgaire est mâle et le nôtre est femelle ou du moins hermaphrodite. C'est une eau, le mercure vulgaire la contient mais elle est trop enveloppée dans son corps. Le mercure des philosophes est notre bénite semence, le vulgaire n'en est que le sperme qui la contient, mais on ne l'en peut tirer que par la dissolution qui se fait par notre mercure et dans lequel il perd sa première forme pour reprendre une forme plus noble et plus excellente.


CXV

      Je sais bien que le mercure vulgaire conservant sa forme dont il est spécifié, n'est pas la matière immédiate de la pierre et quand même il serait dépouillé de sa forme, il ne peut être changé en pierre qu'il ne soit fait mercure des sages, ni mercure des sages sans avoir été mortifié et revivifié ou engendré. Il n'est pas aussi le dissolvant de l'or et des autres métaux, qu'il n'ait été dépouillé de tout ce qu'il a étranger non métallique et corporel ; mais on peut dire dans la vérité qu'il est la plus aisée et la plus prochaine matière ou le sujet le plus propre à la projection philosophique.


CXVI

      On peut dire aussi en faveur du mercure vulgaire qu'il est la molle montagne dont parle Sendivogius et dans laquelle on peut fouir facilement avec l'agent des philosophes et y trouver l'eau vive et ignée ou le feu humide que nous cherchons, et l'ayant trouvé, en faire des merveilles. On peut dire encore en sa faveur qu'il peut être utile à l'œuvre si on peut lui ôter ce qu'il a d'impuretés et suppléer à ce qui lui manque de vertu ignée. Il dit de lui-même dans un dialogue qu'il est mercure mais qu'il y en a un autre qui ouvre les portes de la justice, dont il est le précurseur, symbole admirable d'un grand mystère.


CXVII

      C'est un grand avantage du mercure vulgaire d'être la voie de son maître et le précurseur du mercure des sages qui, d'après le grand Philalèthe, vient délivrer ses frères les minéraux, métaux, végétaux, animaux et tous les corps naturels, de toutes leurs souillures originelles. Nous parlons toujours par paraboles et comparaisons, parce que la nature et sa science sont la source de tous les mystères et le symbole des plus hautes vérités. Par elles, on trouve l'explication, la prédiction et les manifestations de tout ce qui est occulte. Tel est l'effet de la savante sagesse, artiste de toutes choses et qui enseigne parfaitement la racine secrète des opérations merveilleuses, selon l'expression du roi Salomon, lui-même ainsi qu'il le dit, et décrit la sagesse triplement car elle reçoit trois sens mutuellement et également représentatifs l'un de l'autre et nous écrivons comme ce sage a écrit.


CXVIII

      Les philosophes ont sans doute été dans cette pensée lorsqu'ils ont dit qu'on doit tirer un air par un autre air, un esprit par un esprit, prendre ou attraper un oiseau par un oiseau, comme parle Aristée. Les autres ont dit que par un esprit crud, on doit en extraire un qui fut digeste et cuit. Les autres ont dit qu'un menstrue végétal, uni au minéral et à un troisième menstrue essentiel, étaient nécessaires pour avoir le dissolvant universel ou mercure des philosophes, c'est-à-dire que ce troisième mercure a besoin d'un précurseur comme un Elie.


CXIX

      Ce fameux mercure, auquel les philosophes ont donné tant de louanges, mérite d'avoir symboliquement un précieux feu qui est dit l'esprit d'Elia et qui prépare les voies de son Seigneur. Le précurseur est de même nature que le Seigneur, mais celui-ci est infiniment plus noble car il est né d'une terre vierge et conçu d'un esprit céleste au lieu que le précurseur a été conçu en iniquité comme les autres corps métalliques, quoiqu'il ait été purifié dans la suite et lavé dans le centre de sa mère pour être rendu digne de préparer les voies du roi philosophique.


CXX

      Ce discours allégorique est tiré de la doctrine du savant Philalèthe, notre contemporain, et du fameux Sendivogius qui enseignent que tous les corps métalliques sont tous conçus en iniquité et malédiction dans le sein d'une terre corrompue et que l'or même tout pur qu'il est, aussi bien que le précurseur dont nous parlons, ont besoin du mercure des philosophes qui est conçu d'une terre vierge et formé de son sang très pur par un esprit céleste, source de beauté, de pureté et de lumière ; et aussi, quoiqu'il soit de nature corporelle, de la nature des autres, il les purifie par sa vertu.




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