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Le développement de l'âme

Alfred Percy Sinnett
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CHAPITRE VII :
LE PLAN ASTRAL (1/2)

      En exposant les nombreuses considérations qui font de la doctrine de la Réincarnation l'explication la plus plausible des voies que suit la Nature pour effectuer le progrès et l'évolution de l'âme, j'ai voulu éviter de compliquer les arguments ; aussi n'ai-je fait qu'une allusion passagère aux conditions variées permettant à la conscience de fonctionner sur les divers plans d'existence pendant la longue période qui sépare deux incarnations. Mais, pour comprendre les diverses phases de l'évolution spirituelle à accomplir dans cet intervalle, il est nécessaire de se faire une idée bien nette des différents plans de la Nature qui, tout en étant hyper-physiques, ne présentent pas tous les mêmes caractères de spiritualité pure et élevée.

      Le plan ou la région qui se trouve en contact immédiat avec notre plan et de nt les phénomènes deviennent tout d'abord perceptibles aux sens psychiques du clairvoyant ordinaire ne peut, en aucune façon, être considéré, par l'étudiant occultiste, comme un plan d'ordre purement spirituel. Ceux qui, d'une façon ou de l'autre, obtiennent le privilège (ou trouvent l'occasion, grâce aux facultés des autres) de faire des investigations dans les mystères de la Nature invisibles à l'œil physique, commettent tout d'abord une méprise très excusable : celle de prendre ce royaume qu'ils sont à même de connaître pour la totalité du royaume spirituel, pour « l'autre monde », suivant le terme théologique usuel. Dans cette vaste antichambre du monde spirituel, les conditions de la Nature ne sont pas moins surprenantes pour ceux qui, après la mort, s'y éveillent sans être instruits que pour ceux qui, étant encore en incarnation physique, peuvent devenir aptes à en observer les phénomènes.

      Il me semble à propos de conserver à cette région le nom qui lui est attribué dans la littérature mystique et occultiste européenne, celui de Plan astral. Il n'est pas précisément bien choisi, car cette région n'a rien de commun avec les étoiles, mais le temps l'a consacré depuis si longtemps, qu'il serait inopportun de le changer maintenant. Le terme correspondant en occultisme oriental est Kama-loca, la région du désir insatiable, dans laquelle les conditions d'existence sont si imparfaitement spiritualisées qu'elles n'y sont pas encore affranchies des appétits de la vie animale. Mais il vaut mieux parler ici du plan astral que du Kama-loca, car, malgré toute la reconnaissance que l'occultisme européen doit à la lumière orientale, ce serait embarrasser inutilement l'étudiant que de lui déguiser les idées de la philosophie orientale sous des termes empruntés à une langue qui lui est inconnue. Pour ceux qui peuvent l'employer couramment, le sanscrit est certainement un véhicule plus approprié à la pensée métaphysique qu'aucun langage européen actuellement en usage. Mais, au fur et à mesure du développement de la pensée, de nouveaux termes surgissent, qui répondent mieux aux exigences nouvelles ; et d'ailleurs, celui qui comprendra vraiment l'idée représentée en philosophie orientale par un mot sanscrit quelconque, trouvera bien le moyen de rendre cette idée dans son propre langage occidental. En somme, ce terme de Kama-loca donné au plan astral ne s'applique qu'à un seul des attributs de cette région. Pour les humains dont la conscience y est retenue après la mort, elle peut être en effet la région du désir – du désir non satisfait si leurs affinités sont encore trop matérielles pour le ur permettre de s'élever plus haut ; – mais c'est aussi une région où agissent librement des forces naturelles inconnues dans la vie physique. Nous ne nous en formerions donc pas une idée exacte en la considérant uniquement sous son aspect de purgatoire.

      Tout d'abord, il faut bien nous souvenir que le plan astral – et cette remarque s'applique également au plan spirituel dont je parlerai plus tard – est, pour les âmes humaines désincarnées, une région bien différente de œ qu'elle est pour le Soi Supérieur d'une âme encore incarnée, mais qui, en raison de son développement occulte, se trouve capable d'y séjourner durant les trances temporaires de son corps physique. Dans la plupart des cas, chez la personnalité défunte, le pouvoir de la volonté, cet attribut de l'esprit, reste inactif sur le plan astral ; son épanouissement se réserve pour le royaume de l'esprit. Et lorsque nous nous imaginons l'âme, qui a quitté la terre, absorbée là-haut par les mêmes préoccupations, les mêmes aspirations qui la guidaient, pendant sa vie terrestre, vers l'idée d'un état incorporel, nous nous la représentons telle qu'elle sera après avoir atteint le plan spirituel, et non telle qu'elle est dans sa condition astrale. Pour ceux qui meurent, le plan astral est, dans la plupart des cas, le premier stade du monde des effets, et non plus une sphère où des causes spirituelles peuvent encore être générées. Les aspects supérieurs de l'entité y sont en expectative, attendant l'éveil futur sur le plan spirituel ; pendant ce temps, les aspects inférieurs, pouvant fonctionner sur le plan astral, réitètent simplement les impulsions provoquées pendant la vie terrestre. Il en résulte que l'âme, qui suit sa destinée naturelle dans la condition astrale, s'y trouve en présence de nombreuses occasions qui lui paraîtraient pleines d'intérêt si elle avait conservé toute sa présence d'esprit ; mais elle est, en règle générale, bien souvent incapable d'en profiter.

      En voici un exemple. Le plan astral, qui interpénètre le plan physique où s'écoule la vie terrestre, est infiniment plus subtil, plus extensible et plus éthéré que ce dernier ; en sorte que le corps astral, véhicule de la conscience humaine sur ce plan (comme le corps physique fut son véhicule pendant l'incarnation), est en état de se transporter rapidement d'un lieu à l'autre, sous l'influence de forces qu'il est capable de diriger. L'Ego Supérieur d'un incarné, s'il se trouve sur le plan astral, peut arriver à dominer ces forces ; il passe alors à volonté et presque avec la rapidité de la pensée d'une région de la terre à l'autre. Mais la volonté spirituelle d'un individu désincarné, passant sur le plan astral par le cours naturel des choses, est, comme je l'ai dit, engourdie, et en conséquence sa conscience astrale n'est pas capable de diriger ses mouvements, elle devient le jouet de courants magnétiques qu'elle n'a pas contribué à actionner. Néanmoins, immédiatement après la mort, les mouvements de cet être peuvent procéder de courants mis en activité par les derniers désirs, par les dernières pensées affectueuses de sa vie expirante ; il en résulte que nous pouvons expliquer, dans une certaine mesure, les apparitions à distance, lorsque des mourants se sont quelquefois fait voir aux amis qu'ils laissaient sur terre. Mais cette personnalité astrale reperdrait bientôt le pouvoir de diriger ses mouvements et errerait çà et là sans but, à moins que de très fortes attaches, créées par l'affection ou par des émotions agréables ou pénibles, ne la retinssent auprès de certaines personnes ou dans certains lieux.

      Pour comprendre la nature de ces liens et aussi dans le but de mieux étudier le plan astral, il faut se souvenir que cette région n'est pas un monde à part, éloigné du nôtre par la distance ou en différant par ses caractéristiques. Il s'étend tout autour de nous, bien qu'invisible à l'appareil visuel ordinaire. C'est un autre aspect du monde physique avec, en plus, des forces et des habitants inconnus à ce dernier – il est même matériel par sa nature quoique d'une matérialité appartenant à un ordre bien plus affiné que celle du plan physique.

      Que faut-il entendre par cette subtilité de la matière ? Rien n'est plus important, pour l'étude des plans hyperphysiques, qu'une compréhension approfondie de cette question. Notre habitude de considérer la matière, telle que la perçoivent nos sens, sous ses états liquide, solide et gazeux, pourrait nous induire en erreur. En effet, suivant l'interprétation occulte, le gaz le plus léger, l'hydrogène, n'est ni plus subtil ni plus éthéré que le plus lourd des minéraux. L'atmosphère et le rocher sont tous deux formés de matière du monde physique. Pour ceux qui sont capables de percevoir la matière du plan astral, celle-ci peut paraître aussi solide que l'or ou le granit, et cependant la balance la plus délicate n'en peut déceler la présence ; par contre, cette balance elle-même, ainsi que le laboratoire qui la renferme, resteraient invisibles pour tout être dont les sens ne pourraient percevoir que les seuls phénomènes du plan astral.

      J'ai déjà expliqué de quelle façon la matière du plan astral est soumise à l'influence des pensées, de la sympathie et de la volonté. Cette conception s'accorde avec les conditions du plan astral, où la pensée devrait être, et est réellement plus manifeste et plus visible que sur le nôtre ; en sorte que les êtres de l'astral peuvent réciproquement voir leurs pensées. C'est ici qu'il faut chercher l'explication de bien des merveilleux phénomènes du spiritisme moderne et de l'importance exagérée que les apôtres de ce mouvement accordent à ce plan d'existence (l'astral) avec lequel ils se mettent le plus facilement en relation. Une entité capable de lire leurs pensées présentes, et même celles oubliées depuis longtemps et reléguées dans un passé lointain, peut révéler la connaissance d'incidents de leur propre vie, qu'ils sont seuls à connaître. Il n'est donc point surprenant que ces spirites puissent accorder à une semblable entité un rang voisin de l'omniscience spirituelle. Une personne, cependant, retenue encore dans la région astrale, après avoir quitté le plan physique, et même le Soi Supérieur d'un clairvoyant ou d'un sensitif magnétisé fonctionnant dans le corps astral, peuvent être l'un et l'autre sujets à des impressions illusoires qui proviennent de cette même transparence de pensée qui les environne de toutes parts. Ils prendront pour des réalités objectives les impressions qui ne seront que l'écho d'autres pensées ; d'autre part, la conscience humaine, transférée sur le plan astral après la mort ou pendant la trance, se trouvera en présence d'innombrables phénomènes, réalités objectives de ce plan, mais qui paraîtront si bizarres, si étranges même, que souvent ils ne seront pas compris. Sur le plan astral, en effet, nous sommes, non seulement en face d'un ordre de matière spécial à ce plan, mais aussi en face d'une espèce – ou plutôt de beaucoup d'espèces – d'êtres spéciaux à cette région.

      Tous les plans de la Nature débordent de vie, et l'expérience de notre propre monde devrait nous faire présumer que sur le plan astral comme ici-bas la Nature est peuplée d'autres êtres que les humains. La vie psychique du plan astral est au moins aussi variée que la vie animale de notre terre. Des êtres élémentals, d'une diversité infinie, y fourmillent ; s'ils sont, d'après l'échelle évolutive, inférieurs aux humains, ils possèdent néanmoins des pouvoirs qui surpassent souvent ceux de la généralité de l'humanité.

      Apprendre à dominer ces êtres est un des secrets les plus importants de l'occultisme pratique ; et il est encourageant de savoir que, précisément parce qu'ils sont sub-humains – en tenant compte de toutes les potentialités spirituelles latentes en la nature de l'hommeils sont susceptibles d'être dominés par l'être humain lorsqu'il est complètement évolué, sur le plan spirituel comme sur le plan astral. Mais il ne s'ensuit pas que tout être humain, passant après la mort sur ce plan, ait le pouvoir d'agir sur eux, ou même ait une connaissance suffisante pour comprendre qui ils sont, et ce qu'ils sont. Leur simple présence autour de lui suffirait à décontenancer l'intrus qui ferait irruption dans leur merveilleux domaine. Il lui faudra apprendre à exercer sur le plan astral la force de son âme spirituelle – et peut-être sera-t-il soumis pendant ce travail à de pénibles expériences – car, tout comme certains animaux de notre monde se montrent féroces envers l'humanité, bien des élémentals sur le plan astral sont hostiles à l'homme importun qui cherche à les dominer.

      Des recherches plus approfondies sur ce point ne peuvent s'adresser qu'à ceux qui se rapprochent des mystères de l'initiation. Il est cependant désirable que le lecteur puisse, autant que possible, comprendre l'aspect général du plan astral considéré en tant que région de la Nature, et indépendamment des différentes conditions sous lesquelles la conscience humaine peut y fonctionner.

      J'en ai parlé jusqu'ici comme d'un territoire homogène, simplement parce qu'il est impossible de décrire à la fois toutes ces particularités. Mais-il y a d'énormes différences entra les hautes et les basses régions de l'astral.

      Il faut les étudier sous deux aspects : celui qu'ils présentent à l'âme dégagée de son corps par la mort, et celui qu'ils révèlent pour l'observateur compétent qui acquiert graduellement quelques-uns des attributs de l'adeptat et devient capable, par son avancement spirituel, de pénétrer à volonté dans leurs diverses subdivisions, de passer librement de l'une à l'autre, et d'employer, pour accomplir sa tâche en ce monde, les forces qu'il peut trouver dans chacune de ces réglons astrales. Pour rendre ce point intelligible, il est préférable de passer d'abord en revue les diverses subdivisions du plan astral en se plaçant au point de vue de l'être humain après la mort. Dès le début surgit une question qui embarrasse souvent l'esprit de l'étudiant : Jusqu'à quel point ces subdivisions diverses peuvent elles être considérées comme de véritables régions de l'espace ? et dans quelle mesure s'interpénétrent-elles réciproquement, représentant de cette façon plutôt des aspects divers de l'état de conscience que des localités différentes ? Plus nous étudierons la science spirituelle, moins notre esprit éprouvera de difficulté à saisir cette notion de l'interpénétration, pour ainsi dire, d'un monde par un autre. Ce phénomène a lieu tout autour de nous, sans même que nous sortions complètement des limites du plan physique. L'éther lui-même, médium des vibrations de la lumière et de l'électricité, interpénètre les corps solides autant que l'atmosphère, et il accomplit les fonctions qui lui sont dévolues sans être aucunement entravé par les molécules environnantes. Il est donc bien évident que la matière du plan astral, ainsi que tous les véhicules de conscience qui lui appartiennent peuvent, quant à l'espace qu'ils occupent, coexister avec le phénomène physique. Ils coexistent certainement ainsi, et peuvent être observés par un occultiste qualifié en juxtaposition intime avec nos maisons et nos campagnes. Il est également vrai que le plan astral, considéré comme une sphère ou un monde, a un volume plus étendu, ou au moins un diamètre extérieur plus grand que la masse terrestre ; nous ne supposerions donc pas à tort que quelques régions du plan astral s'élèvent distinctement au-dessus de le surface de la terre. Nous pourrions même sans trop d'incorrection tabler sur cette hypothèse (à condition de n'y pas attacher un sens trop étroit) que les subdivisions du plan astral consistent en une série de coques concentriques, s'interpénètrent partout où elles prennent contact, à la façon dont se fondent entre elles les couleurs du spectre ; il ne s'en suit pas, pour cela, que le plus subtilde ces plans doive nécessairement interpénétrer le plus grossier.

      Pour en revenir au plan inférieur, lorsque nous l'examinons au point de vue de ses rapports avec l'humanité désincarnée, nous voyons que c'est la sphère où se trouvent retenues les âmes les plus basses et les plus viles de notre race, celles dont toutes les pensées, tous les désirs furent concentrés, pendant leur vie, sur les satisfactions égoïstes des sens, à l'exclusion des émotions plus élevées. Ils ont par conséquent attiré à eux, dans le cours de leur existence, la matière astrale la plus inférieure.

      La compréhension de ce que j'ai à dire sera peut-être facilitée par une explication tirée, il est vrai, d'une partie très abstraite de l'occultisme, mais qui aidera pourtant à dissiper l'idée que l'homme, après sa mort, est arbitrairement condamné, par une puissance supérieure, à une certaine région de la nature, pour y recevoir une récompense ou un châtiment. Ce serait ridiculement méconnaître l'Occultisme que de supposer qu'il ignore l'existence de la Volonté Divine, opérant dans la Nature et y déterminant des résultats équitables en relation avec le progrès de l'humanité. Mais ce que nous étudions en ce moment, ce sont les méthodes et les lois par lesquelles se manifeste cette volonté ; et lorsque nous les comprenons, même approximativement, nous voyons la cause et l'effet opérer sur le plan mental avec la même régularité que celle qu'on observe dans les rapports des éléments chimiques entre eux. Et, de même que nous ne jugeons pas à propos de regarder la combinaison de chaque molécule d'hydrogène et d'oxygène comme un acte spécial de la Volonté Divine, ainsi nous apprenons de même, en occultisme, à considérer l'action du bien et du mal comme liée à un enchaînement de lois qui peuvent, jusqu'à un certain point, être déterminées, et qui, en conséquence, seraient traitées avec bien plus de respect dans un langage scientifique, que dans les termes usités en cour de justice (16).


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(16)  C'est à-dire il faudrait alors envisager la question du bien et du mal au point de vue scientifique et la retirer du domaine de la législation judiciaire. N. D. T.




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