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Le développement de l'âme

Alfred Percy Sinnett
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CHAPITRE VIII :
LES ÉLÉMENTALS (1/2)

      Peu de sujets, dans les sciences occultes, présenteront autant de difficultés à l'étudiant que l'étude des Elémentals. On pressent bien que ce terme s'applique à certains esprits ou entités du plan astral. On a bien constaté qu'ils n'appartiennent pas à l'humanité, bien qu'ils soient soumis au contrôle de la volonté humaine ; on sait aussi qu'ils se divisent en variétés innombrables, mais, avant la publication du magnifique traité de M. C. W. Leadbeater sur Le plan astral, tous les renseignements dont on disposait ont plutôt obscurci qu'élucidé le mystère concernant la place et la fonction de ces êtres dans l'évolution. Au début de l'enseignement théosophique, on préféra réserver toute information sur les élémentals, sous prétexte qu'il était presque impossible d'être explicite sur ce sujet, sans révéler des secrets concernant l'exercice du pouvoir occulte. C'était par l'intermédiaire des élémentals, nous disait-on, que s'obtiennent les phénomènes de l'occultisme, ainsi que ceux qui, d'une façon peu scientifique, se manifestent sous forme de faits merveilleux dans quelques séances spirites. Quelques livres théosophiques ont fait allusion aux élémentals de la terre, de l'air, du feu et de l'eau ; aux gnomes, sylphes, salamandres, ondines – selon la nomenclature adoptée par quelques auteurs du moyen-âge dans les mystères occultes ; – mais tout exposé de ce genre obscurcissait l'ensemble du sujet au lieu de l'éclairer, et l'étudiant, déjà instruit, pouvait se demander s'il n'était pas voilé à dessein.

      Quelques-uns d'entre nous ont cependant trouvé le moyen de faire, pas à pas, quelques progrès dans la compréhension de mystère profond et compliqué. Si nous constatons un accroissement graduel dans le nombre des étudiants de la Théosophie moderne capables de transférer leur état de conscience sur le plan astral, et conservant ensuite, dans leur conscience normale, un souvenir de ce qu'ils y ont appris ; il devient possible, à nombre d'entre eux, de franchir les barrières qui séparent la science du monde extérieur de la connaissance des occultistes initiés. Et c'est ainsi que nous en savons davantage au sujet des élémentals qu'au début du mouvement théosophique. Nous pouvons au moins séparer la vérité scientifique d'avec les inventions poétiques et former sur l'organisation élémentale des conceptions qui, dans leurs limites, s'harmonisent du moins avec la science physique positive, et nous permettent de la rattacher aux plus profonds mystères de la Nature.

    Sans essayer de comprendre, ex abrupto, l'organisme élémental en pleine activité sur le plan astral, ne devrions-nous pas commencer par nous familiariser avec les forces naturelles qui agissent tout autour de nous et dont la source pourrait bien se trouver dans ce règne élémental.

      Considérons un morceau de charbon porté à une température suffisante pour que la combustion s'ensuive. Si nous essayons de décrire, en son entier, le processus de la combustion, nous ne trouverons pas les théories de la science physique pleinement déterminées même dans leur propre domaine. On pourrait avancer que la chaleur, en augmentant l'activité des molécules d'oxygène libre qui, dans leurs vibrations, frappent les molécules de carbone (nous négligeons ici les autres éléments du charbon), augmente aussi leur vibration, jusqu'au point où, s'entremêlant les unes les autres, elles engendrent ainsi des molécules d'oxyde de carbone. Si cet aperçu nous semble insuffisant, s'il n'explique pas comment se développe un nouveau centre de chaleur, nous pourrions supposer que le premier effet de la chaleur initiale est de rompre l'union chimique existant préalablement entre les atomes des divers éléments qui entrent dans la composition des molécules du charbon. Nous pourrions encore ajouter qu'en intensifiant leurs vibrations, la chaleur contraint ces atomes à rompre les liens d'attraction qui les maintiennent en cohésion moléculaire, comme, sur une plus vaste échelle, le soleil maintient les planètes de son système dans un ordre déterminé. Les atomes de gaz ou de carbone dégagés du charbon vibrent alors en contact avec les atomes d'oxygène libre, et la même énergie de mouvement qui les a dissociés de leur première combinaison moléculaire sert encore à leur en faire adopter une nouvelle. La formation de cette autre combinaison produit à son tour un choc dans l'éther ambiant, et ce choc génère de la chaleur et de la lumière. Ceci n'est qu'une interprétation élémentaire, mais elle pèche probablement plutôt par ce qu'elle omet que par ce qu'elle énonce.

      En tous cas, la force a subi une métamorphose ; celle qui retenait ensemble les atomes de la molécule de charbon s'est convertie (a) en une autre force qui retient en cohésion les molécules de la combinaison nouvelle, et en plus (b) en vibrations caloriques de l'éther. Portons pour l'instant notre attention uniquement sur ces dernières. Elles constituent une force évidemment générée par le morceau de charbon ; elles étaient, en un certain sens, latentes en lui avant sa combustion.

      Mais nous savons par les témoignages concordants de tous ceux qui ont pu observer avec intelligence les phénomènes du plan astral, que tous les objets physiques ont, sur ce plan, leur contre-partie astrale, ce morceau de charbon comme toute autre chose.

      Il est donc très compréhensible qu'il y ait, et nous sommes certains qu'il y a, une contre-partie astrale de toute force inhérente à ce charbon ou latente en lui. Nous touchons ici à la plus simple conception qu'on puisse former des élémentals. La contre-partie astrale de cette force latente dans le charbon qui peut, dans certaines circonstances, être convertie en vibrations caloriques de l'éther, est, ce qu'on peut appeler dans une phraséologie impropre et très approximative, « un élémental », ou, avec plus d'exactitude, de l'essence élémentale.

      L'individualiser en un élémental serait mal comprendre la question. La force élémentale du morceau de charbon fait aussi bien partie d'un océan de force du même genre que, sur notre plan, les vibrations caloriques sont immergées dans un océan d'éther ; mais la contre-partie astrale de cette force – dès que nous nous trouvons en position de l'observer – présente une caractéristique qui la différencie largement de sa manifestation sur le plan physique. Elle est sujette à l'influence de la volonté humaine et peut être dominée par cette volonté quand elle est d'ordre supérieur.

      Pour mieux comprendra les caractéristiques de cette force, comparons-les un instant à celles d'un animal privé de sens et de nerfs sensitifs ; un cheval, par exemple, soumis à ces limitations, n'obéirait plus ni à la parole ni au fouet ; si on le poussait jusqu'au point de le faire tomber, il commencerait à marcher automatiquement et pourrait même tirer une voiture, mais pour l'arrêter alors, un mur assez solide ne serait pas inutile. Si maintenant nous le considérons doué de ses sens habituels, quelle autre créature ! Sa conscience peut être guidée par son maître, il marche ou s'arrête sur un mot ou un geste ; nous pouvons, à notre gré, employer sa force et impressionner sa volonté quelque imparfaite qu'elle soit. Cet exemple nous démontre la différence qui existe entre une force naturelle que la science positive reconnaît et cette même force (devenue intelligente) dans sa manifestation astrale. Sous cette dernière forme, on ne peut, il est vrai, lui supposer tout à fait la conscience et la volonté de l'animal, mais elle est, dans une certaine mesure, vivante et susceptible d'être dirigée par une conscience d'un ordre supérieur.

      L'action de la volonté humaine sur la force élémentale varie naturellement dans de grandes limites, bien plus grandes encore que celles qui séparent les aptitudes d'un écuyer habile de celles d'un cavalier ordinaire. Sans pousser l'analogie plus loin, on peut cependant, par cet exemple des relations entre l'homme et l'animal, arriver à se rendre compte de celles qui, sur le plan astral, peuvent exister entre l'homme et les élémentals. Avec du courage et de la confiance en soi, certains hommes peuvent en imposer aux hôtes les plus féroces, alors qu'un manque de résolution ou de courage pourrait bien intervertir les rôles. Pour les mêmes raisons, les Elémentals repousseront la domination humaine si l'individu qui intervient ne se montre pas à la hauteur de sa tâche ; et cependant, sur le plan astral, la force élémentale est, dans une large mesure, docile à l'influence d'une volonté humaine très moyenne – et même à un désir s'exprimant à peine comme acte conscient de volition.

      Nous n'avons pas la prétention d'expliquer comment cette force élémentale arrive à s'exprimer sur le plan physique ; mais l'expérience du phénomène occulte, jointe aux affirmations abstraites de son enseignement, nous prouvent que la transition est possible. Ce serait seulement par un entraînement occulte approprié, que la volonté de l'opérateur arriverait à impressionner suffisamment l'agent élémental associé au morceau de charbon et l'amènerait à mettre en activité sa manifestation physique (17). Ceci est l'explication de ces phénomènes, bien authentiques, de feux ou de lampes allumés d'une manière anormale sous l'influence de certains cas particuliers de médiumnité ; et la donnée occulte nous porte à croire que ce genre de phénomène était familier parmi les occultistes avancés.

      Un autre exemple des rapports existant entre les forces du plan physique et le règne élémental est démontré par certains phénomènes naturels, encore moins connus que ceux de la combustion.

      Voyez ce lourd bloc de pierre que nous désirons soulever ; nous mesurons très exactement la force qui l'attire vers le centre de la terre ; nous l'appelons d'un nom connu, mais nous connaissons peu son mode d'action. Sur le plan physique, nous ne pouvons la dominer qu'en lui opposant une quantité supérieure de force identique ou de quelque autre force qui contrebalancera la tendance que nous voulons vaincre. Mais la donnée occulte nous enseigne que toute force physique est la manifestation, sur son plan, d'une force élémentale quelconque. Il doit donc y avoir une contre-partie astrale de la gravité, qui, dans sa manifestation astrale, soit en quelque sorte vivante et placée sous l'influence d'une volonté provenant d'un plan supérieur.

      Nous commençons à entrevoir le principe dirigeant de certain pouvoir occulte capable (dès les premiers âges du monde et même encore aujourd'hui) de manipuler de lourds blocs de matière par la force de volonté (18). Ce fait se produit fréquemment dans les expériences spirites (19) ; c'est là un autre exemple de transmission de force d'un plan à un autre. La question se résume ici à placer, à un degré suffisant, l'agent élémental sous l'influence de la volonté dirigeante.

      Mais le mystère de cette transmission est en quelque sorte indépendant de l'action de l'agent élémental sur le plan astral. En ce qui concerne le procédé de transmission, il faut, pour le présent, nous contenter de savoir qu'il est possible de déduire par là la continuité des forces naturelles, la cohérence de l'ensemble de ces forces sur les différents plans, et prévoir jusqu'à quel point s'étendra la domination que l'homme peut espérer posséder un jour sur la matière du plan physique.

      Passons maintenant en imagination sur le plan-astral et prenons note des informations que nous pourrons recueillir sur le règne élémental.

      Il est à remarquer que toute branche de l'enseignement occulte s'adapte toujours exactement aux autres. L'histoire naturelle du règne élémental, dans ses lignes générales, rappelle à notre esprit les principes fondamentaux de l'évolution planétaire. Au début de l'existence d'une planète, avant l'évolution de son corps minéral – sans parler de sa vie végétale et animale, – le noyau d'activité cosmique qui va devenir une planète est le champ de certaines évolutions élémentales qui se succèdent en ordre régulier. Avant la formation du règne minéral, nous a-t-on dit, le système auquel nous appartenons a développé successivement trois règnes élémentals. Cette information n'offre pas un sens bien précis aux lecteurs non initiés. Pourtant, au premier abord, elle peut suggérer d'une façon générale et indécise l'idée que les règnes de la nature que nous connaissons sont le résultat de certaines forces mystérieuses agissant sur une matière d'ordre plus subtil que celle en laquelle elle se convertit ultérieurement. Il paraît maintenant que les trois règnes élémentals qui précédèrent notre évolution minérale n'ont pas disparu ; nous faisons partie d'un stade ultérieur de ce processus, mais les agents précédents sont encore en activité.

      Il existe trois règnes élémentals, bien distincts, reliés à l'évolution de notre chaîne planétaire – c'est-à-dire qu'en considérant la matière à un autre point de vue, la force se manifeste sous trois aspects différents. Ces élémentals n'appartiennent pas tous au plan astral ; les deux règnes supérieurs peuvent être considérés comme tributaires de plans plus subtils, quoique interpénétrant l'astral. Rappelons-nous que le plan astral est une sphère d'activité pour des facultés supérieures à celles qui lui appartiennent en propre, et qu'il se divise en sous-plans qui diffèrent très sensiblement les uns des autres. Souvenons-nous encore qu'en parlant maintenant des deux règnes « supérieurs » d'élémentals, nous rétrogradons le parcours suivi par l'évolution pendant la descente de l'esprit dans la matière.

      Les règnes élémentals supérieurs furent les premiers dans l'ordre de la manifestation, les premiers qui émergèrent de la non-manifestation. Le plus inférieur des trois est le plus développé et le mieux organisé, car il touche de plus près au plan physique qui est plus développé encore, mieux élaboré et plus parfait sous le rapport de la matérialité.

      On ne peut atteindre aux règnes supérieurs que par des pouvoirs appartenant, pour ainsi dire, au même niveau spirituel que ces règnes. Pour y arriver, un être humain devrait remonter le cycle de son évolution jusqu'au point où sa conscience et sa volonté (ayant, en plus, les expériences de l'incarnation physique) se retrouverait encore en activité sur les plans spirituels. Cette pensée n'a rien d'embarrassant pour celui qui aura saisi les premiers principes de la donnée occulte en relation avec l'évolution cosmique ; et leur importance, dans le sujet qui nous occupe, simplifie notre étude au lieu de la compliquer.

      Pour le moment, nous pouvons ignorer les deux premiers règnes élémentals. Le troisième, c'est-à-dire celui qui se rapproche le plus de la manifestation physique, concerne le plus directement la conscience humaine normale. Pour les investigateurs du plan astral, capables de voir ces phénomènes et sans avoir, pour cela, atteint un niveau très élevé dans l'évolution spirituelle, les diverses variétés d'essence élémentale appartiennent toutes au troisième règne et se différencient déjà au point de rendre leur classement très difficile. Essayons néanmoins de comprendre quelques-uns des principes d'une classification rationnelle.


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(17)  C'est-à-dire produirait le phénomène de la combustion. N. D. T.

(18)  Voir la remarquable étude de l'auteur Pyramids and Stonehenge, dans laquelle il donne une explication scientifique très intéressante de la force employée jadis par les constructeurs de pyramides. N. D. T.
Note F. S. : Il s'agit ici d'un mauvais exemple, les pyramides ayant été construites principalement à partir de blocs moulés sur place.

(19)  Il s'agit ici des phénomènes de lévitation. N. D. T.




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