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Le développement de l'âme

Alfred Percy Sinnett
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CHAPITRE PREMIER : INTRODUCTION (1/2)

      L'enseignement théosophique s'est développé, dans ces douze dernières années, au point de constituer aujourd'hui un vaste exposé bien coordonné comprenant l'évolution humaine, les conditions d'existence qui attendent l'humanité sur les plans hyperphysiques de la nature, et les méthodes qui permettent d'acquérir des facultés, un savoir et des occasions de rendre service, dépassant de beaucoup les possibilités ordinaires de l'humanité actuelle. Il apparaît comme le système philosophique le plus avancé auquel la pensée ait pu atteindre jusqu'ici.

      Considéré au seul titre d'hypothèse, il attire fortement l'attention, en offrant une explication plausible de bien des phénomènes que toute autre théorie laisse à l'état d'énigmes douloureuses autant qu'insolubles. Mais, comme il s'appuie en outre sur une science positive des conditions dans lesquelles la conscience humaine peut fonctionner hors et indépendamment du corps, il ne peut que faire un puissant appel à toute intelligence avancée. Tout savant, digne de ce nom, attacherait aux recherches spirituelles une importance dépassant celle de ses propres travaux, s'il croyait que les découvertes faites dans cette voie puissent être définitivement prouvées. Malheureusement les plus patients investigateurs de la Nature, en Occident, sont persuadés que les problèmes relatifs aux lois et propriétés de la matière sont seuls susceptibles d'une solution définie ; si donc, on pouvait leur démontrer que les problèmes concernant les lois et propriétés de la conscience peuvent être résolus aussi explicitement que ceux de la matière, beaucoup d'explorateurs dirigeraient leurs recherches vers ce domaine qu'ils croient encore inconnu.

      Il est vrai que ces études sont choses fort délicates. La matière et les forces subtiles qui la pénètrent sont uniformes et constantes dans leur activité ; lorsqu'on leur a arraché une fois leur secret, à une même question posée on obtient toujours une même réponse si souvent que la question soit posée. La vérité peut être difficile à atteindre, mais, lorsqu'on l'a trouvée, elle ne se voile plus. D'autre part, jusqu'à ces dernières années, rien n'avait pu être établi d'une façon indiscutable au sujet des lois et des propriétés de la conscience considérée comme séparée de son véhicule physique. Quant à la métaphysique, si tant est qu'on puisse considérer comme une science l'ensemble des spéculations vagues qui portent ce titre, elle s'est plutôt occupée de la pensée elle-même que de la conscience comme entité pensante.

      Nous ne pouvons présenter au public un ensemble de faits et de phénomènes probants et définir clairement à leur aide la conscience extracorporelle, ou plutôt ceux d'entre nous qui peuvent vérifier ces phénomènes et ces faits ne peuvent les livrer à l'examen du public. Un composé chimique, si instable et si difficile à manier qu'il soit, est le même entre les mains de tous les expérimentateurs. Un être humain anormal, doué de facultés spirituelles qui lui permettent de vivre et de fonctionner consciemment hors du corps, est un être humain, avec tous ses droits d'humain, et doué généralement d'une sensibilité extrême à la souffrance. Il peut rendre d'inappréciables services au monde en révélant les lois qui régissent la conscience en fonction hors de son corps physique, mais il ne peut pas plus servir à briser le roc de l'incrédulité générale qu'un violon ne peut être employé à creuser le sol en guise de bêche. Le mieux pour tous, dans ce cas, c'est de s'en rapporter aux observateurs sérieux qui ont analysé avec soin les enseignements et les pouvoirs de ces êtres anormaux.

      Neuf fois sur dix, on se refuse à croire à ces témoignages de seconde main ; pourtant, il est des hommes plus avisés, leur nombre grossit insensiblement ; ils forment une minorité mieux éclairée dont l'opinion gagne chaque jour du terrain, et ceux qui résistent à la poussée croissante de la foi en un monde invisible et dans lequel la conscience humaine peut se manifester sans le secours des sens physiques peuvent être considérés comme faisant partie de l'arrière-garde de l'humanité pensante. Il y a sans doute loin de la simple acceptation d'un monde éthéré à la compréhension claire et scientifique que la Théosophie nous donne des lois qui régissent l'évolution de la conscience désincorporée, mais il n'en est pas moins vrai de dire qu'un esprit logique admettra que, s'il existe un monde invisible, il doit faire partie intégrante de la Nature et qu'il doit être soumis à ses lois. Ce monde doit aussi avoir ses phénomènes, et les lois qui régissent ces phénomènes doivent former une science que l'avenir permettra de découvrir. A défaut d'autre, cette raison suffirait pour savoir gré aux écrivains théosophiques d'avoir essayé de coordonner sous une forme scientifique l'ensemble des preuves qui nous envahissent de toutes parts au sujet de ce monde invisible. On dira peut-être que leur labeur ne constitue qu'une simple hypothèse ; mais la science s'est-elle perfectionnée par un autre procédé ? N'accumule-t-elle pas d'abord, un peu au hasard, des faits incohérents, pour les examiner ensuite et les étudier longuement, puis chercher des hypothèses qui puissent les expliquer et établir des relations entre eux ? Ces hypothèses sont, plus tard, sujettes à révision, lorsque de nouvelles expériences exigent qu'on les modifie ou qu'on les rejette. Mais ces modifications ne se présentent point dans l'enseignement théosophique, car cet enseignement ne construit pas d'hypothèses analogues à celles de la science ; il donne du monde hyperphysique la seule théorie compréhensible qui ait jamais été offerte au monde, et il la donne sous une forme qui peut être vraiment qualifiée de scientifique. Il s'appuie sans cesse sur des faits hyperphysiques susceptibles de contrôle, il interprète les lois et conditions qui régissent le développement de l'âme humaine, et nulle personne réfléchie, élevant son idéal au-dessus de l'horizon matériel, ne pourrait être assez peu raisonnable pour se désintéresser de cette étude.

      Existe-t-il une science comparable à celle qui met à même d'apprécier correctement des potentialités spirituelles résidant dans les éléments permanents et impérissables de notre être ? La Théosophie porte son regard au delà des limites de l'existence physique et nous enseigne que la vie de l'Au-delà est l'effet des causes produites pendant la vie d'ici-bas ; et bien que la science occulte fût la dernière à prétendre que les fautes ou erreurs d'une vie limitée aient des conséquences infinies, elle ne nous en assure pas moins que tout résultat important de l'avenir, soit en bien, soit en mal, est la conséquence d'une cause précédente qui lui correspond.

      Ni notre volonté, ni les efforts de notre intelligence ne sont nécessaires à la nature pour réaliser le plan général qu'elle a conçu ; mais en ce qui regarde sa destinée personnelle, chaque homme doit choisir, en connaissance de cause, le rôle qu'il veut jouer dans les hautes régions de ce plan, et le premier pas à faire, s'il veut commencera marcher, c'est d'essayer de comprendre. Il ne peut toujours marcher à la dérive, uniquement préoccupé des choses matérielles.

      Ses yeux ne peuvent s'ouvrir dans ces régions élevées que pour la connaissance des règnes des sphères et des mondes hyperphysiques.

      L'enseignement ésotérique expose la base des choses en tout ce qui concerne ces hauts états de conscience, et ceux qui, après avoir pris la peine de comprendre l'enseignement, cherchent ensuite à le contrôler et à le vérifier à l'aide de tous les moyens dont ils disposent le savent bien. Mais c'est là justement ce que l'élément intellectuel contemporain n'a pas encore essayé. Quelques-unes seules des intelligences dirigeantes ont proclamé l'importance des investigations psychiques, et moins nombreux encore sont ceux dont le discernement a su voir que l'enseignement ésotérique théosophique laisse bien loin derrière lui les découvertes prématurées des étudiants insuffisamment expérimentés de la psychologie. Ces découvertes, il les connaît comme il connaît et explique les énigmes les plus insolubles de l'existence humaine et les plus obscures traditions religieuses.

      Ces quelques intelligences sont encore assez nombreuses si nous les séparons de la multitude des indifférents. Après tout, le mouvement théosophique a pris racine dans presque tous les pays du monde civilisé. Sa littérature est traduite dans presque toutes les langues, et l'Europe et l'Amérique comptent des groupes importants composés d'hommes, d'une très haute culture intellectuelle, dévoués aux études théosophiques, ardemment convaincus qu'elles ouvrent une voie de recherche qui mène à la connaissance de l'avenir spirituel de l'humanité. Cela montre combien il est regrettable et étonnant à la fois que ces groupes soient si réduits quand il existe à notre époque un si grand nombre de gens cultivés.

      Quoi qu'il en soit, et qu'il soit compris complètement ou non, l'enseignement que la théosophie porte au monde n'en constitue pas moins une révélation, une révélation descendant du plan spirituel, provenant de la connaissance que la conscience peut acquérir sur ce plan, une révélation qui par la force irrésistible de la nécessité sera reconnue par tous dans le futur, quelque rares que soient maintenant ceux qui profitent de l'avantage d'avoir été les premiers à l'accepter.

      La direction sous laquelle j'ai commencé à exposer ces sujets, il y a dix ans, n'a jamais cessé de m'influencer depuis, et les informations qui servirent de base à mon Bouddhisme ésolérique se sont étendues et complétées de bien des façons, et je vais leur adjoindre aujourd'hui les importantes additions contenues dans le présent volume. Depuis la publication du Bouddhisme ésolérique, il a paru une quantité d'écrits théosophiques émanant d'autres interprètes de cette même science spirituelle ; quelques-uns de ces écrits suivent exactement la direction que j'ai moi-même reçue ; dans d'autres, certaines idées subtiles y sont exprimées différemment ; d'autres encore donnent des interprétations qui paraissent en contradiction avec les miennes. Mais ces conceptions différentes dans l'interprétation de l'enseignement occulte ne portent que sur d'abstraits problèmes de cosmologie, et sur des points de science naturelle qui sortent des bornes de l'exactitude possible à notre plan physique ; elles ne peuvent en conséquence diminuer en rien la valeur d'ensemble de la révélation théosophique. Des différences d'opinion aussi minimes, sur la meilleure manière d'exposer dans le langage courant des idées d'ordre souvent fort obscur, devraient être plutôt favorablement appréciées et servir de stimulant à l'activité des esprits adonnés à ces recherches. Au sujet des possibilités de l'évolution spirituelle individuelle, l'enseignement théosophique n'offre aucune ambiguïté, et l'on ne trouve aucun dissentiment réel parmi les interprètes sérieux de la grande doctrine.

      Le but que je me propose en écrivant cet ouvrage, est d'exposer clairement ces principes essentiels et d'ajouter aux explications données dans Le Bouddhisme ésotérique les amplifications que de récentes informations me mettent à même de fournir. – Dans l'exposé complet des lois qui régissent l'ensemble de l'évolution humaine, depuis les premières manifestations de l'esprit sur le plan matériel jusqu'aux sommets atteints par l'individualité humaine divinisée, les étudiants sérieux pourront trouver les méthodes et principes qui règlent le progrès individuel.

      Mais la littérature théosophique n'est pas uniquement pour ceux qu'une intuition déjà éveillée met en état d'apprécier rapidement les moyens d'arriver au développement spirituel ; elle doit viser tout autant à faire germer dans la pensée scientifique et religieuse de notre époque les grandes idées qui activeront les progrès ultérieurs de notre race. – A un moment quelconque de sa carrière immortelle, l'être humain qui ne voudra pas être laissé en arrière de la vague évolutive devra commencer à s'unir volontairement, comme individu, avec le mouvement général en avant. Il lui suffira, pour commencer, de se rendre compte en gros de ce qu'il doit faire ; mais l'esprit humain peut atteindre à une culture préparatoire très importante, même avant que l'élan spirituel devienne un mobile suffisant d'action intelligente. Or, les aperçus de la vie et de la nature que la théosophie nous dévoile, sont justement les meilleurs instruments de cette culture ; c'est pour cela que les explications contenues dans ce livre ne s'adresseront pas à un nombre limité de lecteurs.

      Un système qui admettrait que l'humanité actuelle soit le digne couronnement des efforts que la Nature a faits jusqu'ici, manquerait de cohésion et de logique. La justice ne saurait exister si, après avoir traversé le panorama varié de l'existence terrestre, nous la quittions pour entrer dans des mondes de béatitude ou de souffrance définitives et éternelles. Il nous faut entrevoir, ne serait-ce que vaguement, un avenir inconnu où les causes créées et les effets produits seront plus en rapport les uns avec les autres que ne le serait la seule séparation dans l'Au-delà des brebis et des boucs de l'humanité. – Bien des gens peuvent, sans le savoir, entrer dans le sentier de l'évolution supérieure, en faisant résolument tous leurs efforts pour réaliser en cette vie l'idéal qui leur semble le mieux approprié pour mettre leur âme en accord avec la Conscience divine. Aussi certains étudiants des lois qui régissent la vie supérieure, sachant qu'il est plus aisé de développer l'intelligence que la moralité, préféreraient rencontrer chez leurs frères un peu plus d'enthousiasme pour la morale que de soif pour la connaissance spirituelle. – Il n'en est pas moins vrai qu'il faudra tôt ou tard acquérir cette connaissance ; et à ceux qui consacrent leur vie à un idéal élevé sans se rendre compte intellectuellement que le désintéressement et l'élévation morale produisent dans la suite de grands résultats, la nature offrira dans un futur stade de progrès les circonstances les plus favorables à l'acquisition du savoir.

      Et tandis que l'élévation morale amène à sa suite des occasions de s'instruire, d'autre part, pour certains esprits d'un type que je crois très répandu, rien ne peut engager davantage à cultiver les hautes qualités morales que la compréhension des lois harmonieuses et sages qui gouvernent l'évolution humaine, et que la doctrine ésotérique nous révèle. On pourrait soutenir avec raison qu'un esprit réfléchi croirait difficilement qu'il appartient à un monde où triomphent les principes de la justice et de la bonté ; et il serait plus difficile encore de pousser cet esprit à s'opposer au triomphe apparent du mal, car il ne voit qu'un enchevêtrement de souffrances imméritées, de basse injustice ; il entend gronder autour de lui les clameurs de la cruauté, et nulle philosophie n'en donne une explication ; on s'en rapporte aveuglément à une volonté divine dont les desseins sont incompréhensibles. Ce triste tableau fait dire aux observateurs sérieux que tout est au pire dans le pire des mondes, et que la non-existence serait bien préférable à l'existence dans les conditions où elle nous est offerte.

      Une conception du la vie humaine plus large et plus éclairée est la première nécessité de l'époque ; et cette conception, c'est la révélation théosophique qui nous l'apporte. Je laisse pour l'instant de côté le vaste sujet de la cosmogonie ésotérique et vais m'efforcer de démontrer la portée de cette révélation sur les problèmes de la vie individuelle, car nous nous trouvons en face des phénomènes constatés par notre propre génération et, pour la première fois, dans l'histoire de la spéculation métaphysique, nous sommes à même de traiter comme à livre ouvert de l'activité de la nature sur les plans supérieurs et des possibilités de la conscience spirituelle.

      Je vais d'abord réfuter les objections qui s'élèveront certainement dans l'esprit du lecteur lorsque je présenterai, comme choses positivement connues, certains mystères regardés jusqu'ici comme impénétrables. Dès le début, l'enseignement théosophique a présenté aux étudiants cette idée que, chez quelques hommes exceptionnels, l'évolution humaine avait devancé de beaucoup le stade habituel à l'humanité ordinaire. Certains d'entre nous sont entrés en relation plus ou moins intime avec quelques-uns de ces êtres, et il en est résulté l'enseignement théosophique. Maintenant que celui-ci a atteint le développement que lui connaissent tous les théosophes instruits, il constitue, comme je l'ai dit, une interprétation logique de la vie et de la nature, une interprétation qui mérite l'attention et le respect. Ce volume, par exemple, présente au lecteur non théosophe une conception de la constitution spirituelle et des destinées de l'homme, qui mérite bien d'être examinée, indépendamment de l'autorité sur laquelle elle se base. Sa valeur se trouve en elle-même, en ce sens que seule elle peut offrir une solution raisonnable à bien des problèmes humains que nul système philosophique ou religieux n'a pu résoudre. Mais, pour celui qui peut les comprendre, elle présente, en outre, des garanties de la plus haute importance, et il n'est que juste d'en dire plus long sur ce point à ceux de mes lecteurs qui seront en état d'apprécier ce sujet.

      Une partie de l'enseignement reçu par les théosophes actuels dit que, dans certaines conditions préparatoires déterminées, des personnes en cours d'évolution normale peuvent, par des efforts bien dirigés vers ce but, éveiller en elles des facultés internes qui leur permettent de connaître et de communiquer, par la clairvoyance, avec les Adeptes instructeurs. – Nous examinerons plus loin ces procédés de développement ; il suffit pour l'instant d'en faire mention. Un nombre considérable d'étudiants en théosophie sont devenus capables de profiter des avantages indiqués, et tous ceux qui savent les progrès accomplis, au cours du siècle dernier, par l'étude des choses hyperphysiques reconnaîtront qu'il n'y a là rien de surprenant ni de difficile à admettre. Et toute question d'expériences mise à part, l'existence des Adeptes, c'est-à-dire d'êtres arrivés à un degré de développement spirituel très supérieur à celui de l'humanité ordinaire, ne peut guère être mise on doute par les penseurs sérieux. Réalisons, – quelque mal compris qu'il soit – ce fait fondamental de l'évolution spirituelle, c'est-à-dire le fait que l'entité spirituelle, ou ego permanent de tout être humain, grandit à travers bien des vies successives, et, dès lors, le progrès rapide de quelques êtres distançant la masse commune nous semblera une possibilité toute naturelle. Le passé nous offre l'exemple d'un certain nombre d'êtres parvenus à un degré de spiritualité sublime inaccessible à la majorité des hommes ; la réflexion nous fait comprendre qu'en dehors de ces grands chefs spirituels dont la lumière a ébloui le monde, il a dû s'en trouver d'autres dont la vie s'est accomplie dans des conditions plus obscures ; et quand nous savons la façon dont opère l'influence spirituelle sur les sphères supérieures de la nature, nous ne sommes plus surpris de voir que l'action de ceux qui ont atteint un grand avancement spirituel s'opère par des voies qui ne mettent pas ces êtres en relation physique directe avec les masses moins développées de l'humanité. La réclusion des Adeptes n'est qu'une réclusion physique ; elle leur permet de déployer sur d'autres plans une activité plus grande que s'ils partageaient le tourbillon de la vie commune. Cette réclusion n'en est pas une, d'ailleurs, pour ceux de leurs disciples – quel que soit le lieu où ces derniers puissent habiter – qui développent leur conscience sur ces mêmes plans supérieurs.

      Le témoignage direct de ces élèves est mis à la portée de beaucoup d'étudiants sérieux de la Théosophie et s'est tellement multiplié, que douter aujourd'hui encore de l'existence d'une fraternité d'Adeptes nous semble absurde. – Un témoignage qui repose sur l'usage de facultés anormales peut, comme tout autre, être soumis au contrôle, et il demande même une vérification plus rigoureuse, parce qu'un facteur nouveau intervient : la possibilité d'erreurs dans l'observation. Mais cette possibilité peut être évitée. – Supposez, par exemple, qu'un ami auquel vous accordez toute votre confiance vous dise qu'à telle heure et à tel endroit il a rencontré un ami commun ; vous le croirez. Mais, s'il vous dit qu'à telle heure et à tel endroit, étant lui-même « hors de son corps » et fonctionnant sur la région de la Nature appelée le « plan astral », il a vu telle ou telle personne, — vous ne serez plus aussi sûr que cela soit vrai, car il serait possible que votre ami eût été victime d'une illusion, et, tout évidente que puisse être sa bonne foi, son récit aura besoin d'être contrôlé. Supposons maintenant qu'un autre ami, que vous avez de bonnes raisons de croire doué, lui aussi, de facultés anormales, vienne vous dire : « Oui, j'étais là en même temps ; ce que dit notre ami est vrai ; j'ai vu aussi un tel et un tel. » Les témoignages simultanés de ces deux observateurs auront beaucoup plus de valeur qu'ils n'en auraient isolément. Si nous admettons encore que, au lieu d'être deux, ces observateurs soient trois ou quatre, et que leur témoignage ne se limite pas à la circonstance indiquée, mais qu'il affirme des rapports très fréquents avec la ou les personnes désignées, l'existence de ces personnes deviendra alors aussi certain pour vous que si ces faits s'étaient passés sur le plan physique.

      Telle est la situation pour bien des théosophes actuels en Europe, et surtout dans l'Inde où l'on rencontre un plus grand nombre d'élèves capables, hors de leur corps, de rendre visite à ces Adeptes qui sont leurs maîtres. Pour ces théosophes, la véracité de ces assertions ne se fonde plus seulement sur les témoignages des premiers pionniers du mouvement théosophique, et, bien que ces témoignages aient été surabondamment prouvés, nous allons nous appuyer maintenant sur un autre genre de preuves.

      Je crois bon d'ajouter à ces éclaircissements un exposé que j'ai fait dans une réunion de la London Lodge de la Société Théosophique en avril 1894. J'y parle du début de mes études théosophiques dans l'Inde, vers 1880, et j'y explique comment à mesure que je m'intéressais à ces questions, je fis la connaissance d'autres personnes s'en occupant également. Deux d'entre elles, des natifs de l'Inde, hommes sérieux et de haute spiritualité me dirent, quelque temps après que je les eus connus, qu'elles connaissaient « les Maîtres » sur le plan astral, c'est-à-dire dans cet état de conscience hyperphysique ignoré de millions de matérialistes, mais bien connu d'un grand nombre de mystiques.

      Un troisième hindou, dont je fis la connaissance, après avoir connu les Maîtres sur le plan astral, prit la résolution d'aller les trouver dans leur corps physique, – fût-ce au péril de sa vie. Il franchit la frontière du Thibet, et, guidé par la vision astrale, il réussit. Il vit dans leur corps physique ceux qu'il avait, comme d'autres étudiants, aperçus d'abord en vision ; il les reconnut et revint raconter le succès de son expédition. Pendant ce temps, je reçus, – en apparence de certains Mahatmas, – une longue série de lettres, qui me parvinrent dans les conditions particulières que j'ai décrites dans mes livres ; elles contenaient une quantité d'enseignements, que j'ai été à même de publier en temps voulu, et dans lesquels bien des gens ont trouvé une explication de la nature humaine et de l'Univers qu'aucune autre religion ou philosophie précédemment connues ne leur avaient donnée.

      Parmi les révélations faites, l'une des plus importantes est celle que les chemins de l'initiation sont toujours ouverts à ceux qui sont aptes à y marcher ; que les « Maîtres », malgré leur réclusion, ne sont pas inaccessibles aux personnes chez lesquelles certaines facultés intérieures sont mûres pour le développement. Cette découverte encouragea bien des personnes à faire les efforts nécessaires ; et dans ce nombre se trouvaient des Européens que je connais ; elles ont appris à transférer leur conscience sur le plan astral, à circuler librement dans cette sphère de la nature, à obtenir accès auprès des Maîtres, et enfin à retrouver, comme condisciples sur le plan astral, des amis qu'elles connaissaient dans leur corps charnel. L'un de ces Européens.qui avait commencé à se développer depuis la formation de la Société Théosophique, entra, le premier, en relation consciente avec les Mahatmas tandis qu'il travaillait pour la Théosophie au quartier général de la Société à Adyar, dans l'Inde. Un autre obtint le même privilège ici en Europe, alors qu'il connaissait à peine les personnes qui s'occupaient de l'organisation de la Société théosophique dans l'Inde. Depuis un an ou deux, et dans mon cercle intime d'amis, plusieurs Européens et une personne d'origine orientale ont, à des degrés divers, acquis les facultés de conscience sur le plan astral et de clairvoyance à l'état normal. C'est ainsi qu'il leur est permis quelquefois de converser avec quelques-uns de ces Mahatmas, ou de les voir même, lorsque ces grands Etres ou quelques-uns de leurs disciples se rendaient astralement au milieu de nous.

      Donc nous avons ici, non plus un ou deux mais un grand nombre de témoins de la vérité. Je vais les désigner par des lettres de l'alphabet, pour exposer plus clairement la concordance de leurs témoignages (1).


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(1)  Le nombre de mes témoins ayant considérablement augmenté depuis 1894, les lettres ne représenteront pas toujours les mêmes personnes qu'elles désignaient alors.




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