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Les Aides invisibles

Charles Webster Leadbeater
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CHAPITRE XVI
Le sentier proprement dit

      C'est au cours des quatre périodes marquant cette division du sentier qu'il faut rejeter les dix Samyojana, ou entraves, qui lient l'homme au cercle des renaissances et l'empêchent d'atteindre le Nirvâna. C'est ici qu'apparaît la différence entre cette période, où le disciple se lie par des engagements, et la précédente. Il ne s'agit plus maintenant de s'affranchir plus ou moins des entraves. Avant de pouvoir passer d'un stade à l'autre, le candidat doit être absolument délivré de certains de ces liens. Or, leur énumération donnera une idée de la sévérité de cette exigence, et l'on ne s'étonnera pas de lire dans les livres sacrés que sept incarnations sont parfois nécessaires pour franchir cette division du sentier.

      Chacun de ces quatre pas, ou stades, est à son tour divisé en quatre parties. Chacun présente en effet :
            1. le Maggo, ou chemin, dans lequel l'étudiant s'efforce de rejeter ses liens ;
            2. le Phala, résultat ou fruit, dans lequel le résultat de cet effort lui apparaît de plus en plus nettement ;
            3. le Bhavagga, ou achèvement, période où, le résultat étant obtenu, l'étudiant devient capable d'accomplir d'une manière satisfaisante la tâche spéciale au niveau où il se maintient fermement aujourd'hui ;
            4. le Gotrabhu marquant, comme précédemment, l'heure où il devient digne de recevoir l'initiation suivante.

      Le premier stade est :

I. SOTAPATTI ou SOHAN

      L'élève qui s'est élevé jusque-là est nommé le Sowani ou Sotâpanna – « celui qui est entré dans le fleuve » ; car désormais, si ses progrès peuvent être lents, s'il peut succomber à des tentations plus subtiles et se détourner momentanément de sa voie, il ne peut plus abandonner entièrement la spiritualité et devenir un homme frivole. Il est entré dans le courant de l'évolution humaine supérieure, et décisive, dans lequel doivent être entrés tous les hommes vers le milieu de la prochaine ronde, sous peine d'être laissés en arrière, comme temporairement insuffisants, par la Grande onde vitale, et d'avoir à attendre, pour faire de nouveaux progrès, la prochaine chaîne cosmique.

      L'élève en état de recevoir cette initiation a donc dépassé la majorité humaine de toute une ronde autour de nos sept planètes et, par là, s'est mis définitivement à l'abri de la possibilité d'abandonner le courant dans la cinquième ronde. Voilà pourquoi il est quelquefois appelé « le sauvé » ou « celui qui est en sûreté ». Cette idée, dénaturée, a donné lieu à la curieuse théorie du salut, promulguée par une certaine partie de l'Eglise chrétienne. Le « salut éternel », mentionné dans quelques-uns de ses écrits, met l'homme à l'abri, non pas (comme les ignorants l'ont supposé d'une manière blasphématoire) des tortures éternelles, mais simplement de la possibilité de perdre le reste de ce « siècle » ou de cette dispensation, en ne suivant pas la marche du progrès. Tel est aussi, naturellement, le sens de la célèbre clause de la confession de saint Athanase : « Tout homme voulant être sauvé, doit avant tout posséder la foi catholique. » (Voyez Le Credo chrétien, de Charles Webster Leadbeater, p. 126.) Les entraves à rejeter par le disciple, avant de pouvoir passer au stade suivant, sont :

      1. Sakkâyaditthi – l'illusion du moi ;
      2. Vichikichchhâ – le doute ou l'incertitude ;
      3. Sîlabbataparâmâsa – la superstition.

      La première est la conscience du « moi ». Si on l'identifie avec la personnalité, elle n'est qu'une illusion et il faut s'en défaire dès l'entrée dans le véritable sentier ascendant. Mais la suppression complète de cette entrave signifie plus encore ; elle implique la réalisation de ce fait : que l'individualité, elle aussi, ne fait en vérité qu'un avec le Tout ; qu'elle ne saurait par suite avoir des intérêts contraires à ceux de ses frères et que ses propres progrès sont en raison directe de l'aide qu'elle donne aux progrès d'autrui.

      Le signe essentiel, le sceau, marquant l'arrivée au niveau du Sotâpatti, est la première admission de l'élève au plan venant immédiatement après le plan mental et généralement appelé plan bouddhique. Ce que l'élève pourra éprouver, même avec l'aide de son Maître, ne sera peut-être, ou plutôt certainement, que le plus fugitif effleurement de cet état prodigieusement exalté, mais ce simple effleurement est une chose désormais inoubliable, ouvrant à ses regards un monde nouveau et faisant subir à ses sentiments et à ses idées une transformation totale. Pour la première fois, grâce à l'expansion de conscience propre à ce plan, l'élève comprend vraiment l'unité sous-jacente de tous, non pas simplement par une conception intellectuelle, mais comme un véritable fait, manifeste à ses yeux dessillés ; pour la première fois il a sur le monde où il vit des notions exactes ; pour la première fois il est à même d'entrevoir ce que peuvent être l'amour et la compassion des Grands Maîtres.

      Relativement à la deuxième entrave, il est un point contre lequel le lecteur doit être mis en garde. Elevés dans les habitudes d'esprit européennes, nous sommes malheureusement si familiarisés avec l'idée qu'une adhésion aveugle et irraisonnée à certains dogmes peut être exigée d'un disciple, qu'en voyant l'occultiste envisager le doute comme un obstacle au progrès nous sommes tentés de supposer qu'à l'exemple des superstitions modernes, il exige de ses sectateurs la même foi soumise. Aucune idée ne saurait être plus entièrement fausse.

      Le doute (ou plutôt l'incertitude) sur certaines questions empêche assurément les progrès spirituels, mais ce doute a pour antidote, non pas la foi aveugle (considérée elle aussi, comme une entrave, nous le verrons plus loin) mais la certitude d'une conviction basée sur l'expérience individuelle ou le raisonnement mathématique. Tant qu'un enfant n'est pas certain de l'exactitude de la table de multiplication, il a peu de chances d'apprendre les mathématiques plus avancées ; ses doutes ne peuvent être dissipés d'une manière satisfaisante que s'il arrive à comprendre, par le raisonnement ou par l'expérience, l'exactitude des affirmations de la table ; s'il croit que deux et deux font quatre, ce n'est pas seulement parce qu'on le lui a dit, mais parce que ce résultat est devenu pour lui un fait évident en soi. Or, c'est exactement la méthode, et la seule méthode, pratiquée en occultisme pour vaincre le doute.

      Mettre en doute les doctrines du Karma et de la réincarnation et aussi la possibilité d'atteindre le bien suprême par le sentier de la sainteté, voilà, suivant une définition donnée, ce qu'il faut entendre par Vichikichchhâ. En rejetant ce Samyojana on arrive à la certitude absolue, – ayant pour base soit la connaissance personnelle et directe, soit la raison – que l'enseignement occulte concernant ces questions est dans le vrai.

      La troisième entrave à briser comprend toute croyance irraisonnée ou fausse, toute disposition à faire dépendre des rites et des cérémonies extérieures la purification morale. Pour arriver à rejeter cette entrave, l'homme doit apprendre à ne compter que sur lui-même et non pas sur les autres ni sur la forme extérieure d'aucune religion.

      Les trois premières entraves constituent une série. La différence entre l'individualité et la personnalité étant pleinement réalisée, il devient possible, dans une certaine mesure, d'examiner le processus de la réincarnation et par suite de ne plus avoir aucun doute à cet égard. Cela fait, l'assurance que le véritable ego est spirituellement permanent donne au disciple la confiance en sa propre force spirituelle et met fin à la superstition.


II. SAKADAGAMI

      L'élève admis à ce deuxième stade est désigné sous le nom de Sakâdâgain – « l'homme qui ne reviendra plus qu'une fois » ; en d'autres termes, un homme arrivé à ce niveau ne devrait plus avoir besoin que d'une seule incarnation pour atteindre le grade d'Arhat. En faisant ce deuxième pas, l'élève ne rejette pas d'autres entraves, mais il s'efforce de réduire à leur minimum celles qui l'enchaînent encore. Cette période n'en est pas moins marquée, généralement, par un développement psychique et intellectuel considérable.

      Les facultés, ordinairement appelées psychiques n'ont-elles pas encore été acquises, elles doivent s'éveiller pendant cette période, car sans elles il n'y aurait pour l'élève ni assimilation possible des connaissances qui doivent maintenant lui être communiquées, ni aptitude à travailler d'en haut pour l'humanité, tâche à laquelle il a dorénavant le privilège de collaborer. Il doit pouvoir disposer de la conscience astrale pendant l'état de veille physique et, pendant le sommeil, le monde céleste lui sera ouvert, car la conscience d'un homme séparé de son corps physique se trouve toujours au degré immédiatement supérieur à celui où elle fonctionne quand l'homme porte encore le poids de sa prison de chair.


III. ANAGAMI

      L'Anagâmin (celui qui ne reviendra plus) est ainsi appelé parce que, ce degré étant atteint, il devrait pouvoir s'élever au suivant dans son incarnation présente. Tout en vaquant à sa tâche journalière, il jouit des nombreuses et magnifiques possibilités de progrès que lui donne l'entière possession des inestimables facultés propres au monde céleste et, la nuit, en quittant son enveloppe physique, il retrouve de nouveau la conscience merveilleusement élargie qui distingue le buddhi. Ce pas accompli, il se dégage définitivement des derniers vestiges qui pourraient encore persister en lui de :

      4. Kâmarâga – l'attachement aux joie de la sensation ayant pour type l'amour terrestre, et de :

      5. Patigha – toute possibilité d'éprouver de la colère ou de la haine.

      Le novice qui a rejeté ces entraves ne peut plus être entraîné par l'influence de ses sens, ni vers l'amour, ni vers la haine ; les conditions du plan physique ne peuvent plus inspirer ni attachement, ni impatience.

      Ici encore nous devons nous mettre en garde contre une erreur possible et que nous rencontrons souvent. L'amour humain, sous sa forme la plus pure et la plus élevée, ne meurt jamais ; l'entraînement occulte ne lui porte jamais aucune atteinte. L'amour grandit et s'élargit jusqu'au point de se répandre sur l'humanité tout entière, avec la ferveur qu'il ne prodiguait d'abord qu'à un ou deux hommes. Du reste, l'étudiant finit par s'élever au-dessus de toutes les considérations basées sur la simple personnalité de ceux qui l'entourent ; il est donc dégagé de toute l'injustice et de toute la partialité qui accompagnent si souvent l'amour ordinaire.

      Ne supposons pas non plus un seul instant, qu'en acquérant cette large affection pour tous il perde l'amour particulier pour ses amis plus intimes. L'union exceptionnellement parfaite entre Ananda et le Bouddha, saint Jean et Jésus, est une preuve que cet amour grandit, au contraire, dans des proportions immenses. Le lien entre un Maître et ses élèves est bien plus puissant qu'aucune attache terrestre, car l'affection, telle qu'elle règne sur le sentier de la sainteté, est une affection entre egos et non pas simplement entre personnalités ; aussi est-elle forte et durable sans crainte de diminution ni de changement, car elle est cette « parfaite charité qui bannit la crainte (6) ».


IV. ARAHAT (le vénérable, le parfait)

      En atteignant ce niveau, l'aspirant jouit en permanence de la conscience du plan bouddhique et peut en employer les forces et les facultés, alors même qu'il occupe son corps physique ; mais quand il quitte ce corps, pendant le sommeil ou l'extase, il passe immédiatement dans la gloire indicible du plan nirvânique. Dans ce stade, l'occultiste doit dépouiller les derniers vestiges des cinq entraves qui subsistent encore, c'est-à-dire :

      6. Rûparâga – le désir de la beauté objective ou de l'existence physique, sous une forme quelconque, y compris celle du monde céleste.
      7. Arûparâga – le désir de l'existence séparée de la forme.
      8. Manô – l'orgueil.
      9. Uddhachcha – l'agitation ou l'irritabilité.
      10. Avijja – l'ignorance.

      Ici nous pouvons remarquer qu'en rejetant Rûparâga l'occultiste dépouille du même coup, non seulement le désir de l'existence terrestre, même la plus grandiose et la plus noble, et de la vie astrale ou dévachanique, même la plus glorieuse, mais encore toute disposition à être influencé ou rebuté en rien par la beauté ou la laideur extérieures d'aucune personne, ni d'aucun objet.

      Arûparâga, le désir de vivre, aussi bien sur les niveaux les plus élevés et où la forme est la plus absente, que, plus haut encore, sur le plan bouddhique, serait simplement un genre d'égoïsme plus relevé et moins sensuel ; il faut donc s'en défaire, tout comme des désirs inférieurs.

      Le vrai sens d'Uddhachcha est « disposition à l'agitation mentale ». L'homme définitivement dégagé de cette entrave conserve un calme inaltérable, quoi qu'il lui arrive : aucune circonstance ne saurait avoir prise sur sa majestueuse sérénité.

      Se délivrer de l'ignorance implique naturellement l'acquisition d'un savoir complet, l'omniscience, à vrai dire, en ce qui concerne notre chaîne planétaire.

      Quand toutes ces entraves ont bien disparu, l'ego atteint dans son ascension la cinquième période, celle de l'adepte accompli, et devient :


V. ASEKHA, « celui qui n'a plus rien à apprendre »
(toujours en ce qui concerne notre chaîne planétaire)

      Il nous est tout à fait impossible de comprendre, dans notre stade actuel, en quoi peut consister ce nouveau grade. Toutes les splendeurs du plan nirvânique, l'adepte les contemple, même à l'état de veille. Juge-t-il à propos de quitter son corps, il a le pouvoir d'aborder un état encore plus exalté, un plan qui n'est pour nous qu'un mot. Comme l'explique le professeur Rhys Davids : « Il est maintenant sans aucun péché ; il voit toutes les choses de ce monde et les estime à leur véritable valeur ; tout principe mauvais ayant été arraché de, son âme, il n'éprouve pour lui-même que des désirs vertueux ; pour les autres il ne respire qu'une tendre compassion et un amour immense. »

      Pour montrer combien peu il a perdu le sentiment de l'amour, voici, suivant la Mettra Sutta, l'état d'esprit d'un adepte arrivé à ce niveau :

      « L'amour d'une mère qui, au risque de sa propre vie, protège son fils unique, tel est l'amour à témoigner à tous les êtres. Que la bonne volonté surabonde et règne dans le monde entier, en haut, en bas, tout autour, sans restrictions, sans mélange d'aucun intérêt dissemblable ou contraire. Quand un homme demeure immuablement dans cet état d'esprit, qu'il soit debout ou en marche, assis ou couché, alors est accomplie la parole de l'Ecriture : « En cette vie même a été trouvée la sainteté. »


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(1)  Saint Jean, IV, 18.




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