Biographie universelle ancienne et moderne Louis II, dit
le Bègue et
le Fainéant, fils de
Charles le Chauve et d'Hermentrude, né le 1er novembre 846, fut fait roi d'
Aquitaine par son père, en 867, et lui succéda dans le royaume de France en 877 ; mais ce ne fut pas sans éprouver beaucoup de difficultés.
Pendant le séjour de
Charles le Chauve en Italie, il s'était élevé en France contre ce prince un parti puissant ; ce parti se trouva tout formé pour refuser la
couronne à Louis, qu'une santé faible et l'embarras qu'il avait de s'exprimer rendaient peu redoutable aux
factieux. L'
impératrice Richilde, veuve de
Charles le Chauve, avait ignoré la conspiration formée contre son
époux ; mais, comme Louis n'était pas son fils, et qu'elle avait le plus vif désir de voir le
duc Boson son
frère s'élever jusqu'à la souveraineté, elle se rangea du parti des mécontents, dans l'espoir que les
divisions qui s'annonçaient serviraient l'ambition de ce
frère chéri. Louis le Bègue, apprenant à la
fois la mort de son père et les dangers qui menaçaient le trône, part d'Orreville, maison de plaisance entre
Arras et
Amiens, dispose des places et des trésors de son père en faveur de ceux qu'il rencontre, et prodigue l'
argent et les grâces pour se faire des partisans. Cette conduite devient le premier grief qu'allèguent contre lui les seigneurs, convaincus qu'il ne peut rien accorder sans leur consentement. En effet, depuis l'usurpation de
Pépin le Bref, la
couronne était devenue élective, et le sacre était regardé comme une condition nécessaire du pouvoir royal ; or, Louis, non reconnu par les seigneurs, non sacré par les
évêques, n'était rien : telle devait être la conséquence de la fausse politique des premiers
carlovingiens aussitôt que les grands seraient parvenus à s'entendre. L'
impératrice Richilde, s'étant aperçue que les mécontents ne la flattaient que pour l'éloigner du roi, et craignant d'avancer la ruine de
Boson en se pressant trop de l'élever, montra le testament par lequel
Charles le Chauve appelait son fils Louis à lui succéder, et elle lui réunit l'
épée de
Charlemagne, la
couronne, le sceptre, le manteau royal. Ces signes du pouvoir ayant rapproché de lui les
esprits divisés, il fut sacré à
Compiègne par Hincmar,
archevêque de
Reims, au commencement de décembre 877.
Son père était mort le 06
octobre. Ainsi, la France fut deux mois incertaine si elle aurait un roi et quel il serait.
Louis le Bègue, forcé d'accepter les conditions qui lui furent imposées, ne se trouva pas plus puissant étant sacré qu'il ne l'avait été avant son sacre. Le
pape Jean VIII, après avoir été forcé de se reconnaître tributaire des Sarrasins qui dévastaient l'Italie, était devenu prisonnier de quelques seigneurs italiens. Etant parvenu à s'échapper, il publia un manifeste contre son persécuteur Lambert,
duc de Spolète, et il y déclara que les cruautés exercées contre lui l'obligeraient à passer en France pour réunir les rois et demander leur protection. Il écrivit en même temps à Louis le Bègue pour le prier d'avoir pitié de ses larmes, et le nomma son conseiller secret, comme l'avait été l'empereur son père, lui déclarant qu'en cette qualité le roi pouvait indiquer un
concile à
Troyes, où il se trouverait incessamment. Le
pontife y arriva en effet, accompagné de
Boson et de la princesse sa femme, qui lui avaient rendu à
Arles les plus grands honneurs. Louis, retenu à
Tours par la faiblesse de sa santé, n'arriva que lorsque le
concile était près de sa fin. A l'exemple de Pépin, il voulut être sacré par la main du pape, et le
pontife remplit ce désir ; mais il refusa de couronner la reine Adélaïde, que Louis n'avait épousée qu'après avoir répudié
Ansgarde, sur d'Odon, comte de
Bourgogne (1). Comme Louis avait contracté ce
mariage à l'insu de son père, celui-ci l'avait ensuite contraint de le rompre. L'amertume du refus que fit le
pontife fut
adoucie par d'autres concessions, et
surtout par l'
excommunication de quelques seigneurs rebelles, qui, néanmoins, ne déposèrent pas les armes. Le monarque fut même bientôt après obligé de signer avec eux, et notamment avec Gosfrid, comte du
, des traités honteux, et qui contribuèrent beaucoup à l'avilissement et à la chute de la maison
carlovingienne. Les princes de Germanie, qui avaient été appelés au
concile, n'y étaient pas venus, et Louis se trouvait hors d'état de donner au pape les secours dont il avait besoin. Cependant le
pontife retourna en Italie, où la présence de
Boson le fit respecter de ses enemis. Louis se rendit à Mersen, où il eut une entrevue avec le roi de Germanie, qui signa un traité de paix avec lui.
Bernard,
marquis de
Gothie, s'étant déclaré contre le roi, ses Etats furent donnés à
Bernard, comte d'Auvergne. Le premier, ainsi dépossédé, se retira en
Bourgogne, où il possédait les comtés d'
Autun et de
Mâcon ; l'on préparait une expédition pour l'en chasser, à la tête de laquelle devait se mettre le roi ; mais la maladie de langueur qui le consumait depuis longtemps l'arrêta à
Troyes, d'où il se fit ensuite porter à
Compiègne, où il expira le 10 avril 879.
De nombreuses concessions furent faites par lui aux grands seigneurs, et son règne est l'époque où s'établirent
beaucoup de seigneuries, de
duchés et de comtés.
Ansgarde lui avait
donné deux fils, Louis et Carloman. Adélaïde mit au
jour, après
sa mort, un fils connu sous le nom de
Charles le Simple ; et l'on vit deux assemblées rivales occupées à décerner la
couronne, tandis que les seigneurs démembraient la France pour
ajouter à leurs domaines, et que les plus puissants ou les plus habiles se créaient des royaumes. Quelques savants ont prétendu que Louis le Bègue fut empereur ; mais ce titre ne
lui est donné dans aucun monument.
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(1) Le comte Odon était
gouverneur de la
Bourgogne transjurane, nommée depuis le comté de
Bourgogne, qui faisait partie des Etats de Louis.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 25 - Pages 153-154)