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Gui de Lusignan

(1129 - 1194)
Huitième roi de Jérusalem de 1186 à 1192
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      Gui de Lusignan, d'une des plus anciennes maisons du Poitou, mais chevalier sans renommée et sans gloire personnelle (1), avait obenu la main de Sybille, veuve du marquis de Montferrat, fille d'Amaury Ier, roi de Jérusalem. Baudouin IV, son beau-frère, étant malade, lui confia le commandement de l'armée chrétienne, destinée à combattre Saladin. Il ne sut profiter ni de l'ardeur des soldats ni de l'avantage de sa position pour vaincre ou du moins pour affaiblir un ennemi aussi redoutable. Son incapacité lui enleva l'estime de ses officiers ; son orgueil acheva de les révolter, et ils se réunirent pour porter des plaintes à Baudouin. Le roi accueillit les réclamations de serviteurs dont il connaissait le dévouement, ôta le commandement à Gui, et résolut de faire annuler son mariage. Gui, cité devant le patriarche de Jérusalem, ne comparut point : alors Baudouin, quoique aveugle, se rendit devant la ville d'Ascalon, où demeurait Gui ; mais il ne put s'en faire ouvrir les portes, et indigné de cet outrage, il jura de s'en venger. De son côté, l'orgueilleux Gui crut n'avoir plus de ménagements à garder avec son beau-frère, et prit les armes pour sa défense, en cas d'attaque.

      Baudouin, en mourant (1186), désigna pour son successeur le fils de Sybille et du marquis de Montferrat, et nomma Raymond, comte de Tripoli, régent du royaume, pendant la minorité de l'enfant. Ce choix occasionna de nouvelles dissensions entre Raymond et Sybille, qui projetait de transporter la couronne sur la tête de son époux. Le jeune Baudouin V mourut subitement  : tous ceux qui paraissaient se disputer le trône chancelant de Jéruslam furent accusés de sa mort, et sa mère elle-même ne fut point à l'abri de cet odieux soupçon. Sybille annonce alors l'intention de se séparer de Gui, et de choisir pour époux le guerrier le plus capable de défendre le royaume : elle se rend à l'église du St-Sépulcre, entourée de ses principaux officiers. Le patriarche Héraclius prononce le divorce, et lui remet le sceptre, en l'invitant à ne le confier qu'au plus digne. Elle prend la couronne des mains du patriarche et la place sur la tête de Gui, à genoux devant elle : ses partisans applaudissent ; mais les amis de Raymond se retirent indignés d'avoir été trompés dans leur attente. Gui, loin de chercher à les apaiser, fit des préparatifs pour assiéger Raymond dans Tibériade, lieu de sa résidence. Le comte de Tripoli, au désespoir, implora les secours de Saladin, et l'armée des Sarrasins tailla en pièces les chevaliers du Temple, qui voulurent s'opposer à son entrée dans la Galilée.

      Ce fatal événement détermina Raymond à oublier son trop juste ressentiment ; il vint trouver Gui dans Jérusalem, l'embrassa devant tout le peuple, et jura de combattre sous ses ordres les ennemis du nom chrétien. 50.000 hommes, campés dans la plaine de Séphori, étaient leur unique espoir. Gui, contre l'avis de Raymond, les fit marcher à la rencontre de Saladin, qui s'était emparé de Tibériade. Les deux armées débouchèrent en même temps dans la plaine de Baltouf ; le lendemain (04 juillet 1187), elles en vinrent aux mains, et la victoire, disputée pendant deux jours avec une ardeur égale, se déclara enfin pour les Sarrasins. Gui, fait prisonnier avec son frère et un grand nombre de chevaliers, fut reçu par Saladin dans une tente, au milieu de son camp, où il lui offrit des rafraîchissements. Il continua de le traiter avec bonté, tout le temps qu'il le retint à sa suite ; mais enfin, devenu maître de presque toute la Palestine, il lui rendit la liberté, sous la condition que Gui renoncerait au titre de roi de Jérusalem. Celui-ci, se croyant dégagé d'un serment que lui arraché la violence, tenta vainement, aidé de quelques sujets fidèles, de faire reconnaître son autorité dans les villes qui n'avaient point encore subi le joug des Sarrasins, et, résolu de regagner l'estime de ses peuples par quelques traits de valeur, il vint assiéger Ptolémaïs. Durant ce siège, la mort de Sybille donna lieu à de nouvelles contestations, au sujet du vain titre de roi de Jérusalem. Gui obtint de le conserver pendant sa vie ; mais bientôt après, il en fit cession à Richard, roi d'Angleterre, contre la souveraineté de l'île de Chypre, qu'il fut obligé de racheter encore des Templiers, à qui Richard l'avait déjà vendue. Ce faible prince mourut en 1194, et transmit à son frère Amaury (Amaury II) cette île que leurs descendants ont possédée jusqu'en 1473.


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(1)  C'est ainsi que Michaud fait connaître d'un seul trait le dernier roi de Jérusalem. Voyez son Histoire des Croisades, livres 7 et 8.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 18 - Pages 79-80)


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