Théodoric II, roi des
Goths, monta sur le trône en 453, par l'assassinat de
Thorismond, son
frère, qu'il accusait d'avoir formé le dessein de rompre l'alliance avec les Romains.
Thorismond avait puisé dans les conversations d'Avitus, avec le
goût des lettres, le désir d'améliorer le sort des peuples qu'il devait gouverner.
Théodoric, à son tour, contribua beaucoup, après la mort de Maxime, à faire élire empereur Avitus, et il garantit au nouveau César l'appui des
Goths contre ses
ennemis.
Réchiaire, roi des
Suèves, voulut profiter des troubles de l'empire pour étendre sa domination sur l'Espagne. Théodoric avertit son beau-frère que, les Romains et les
Goths étant alliés, il ne pouvait attaquer les uns sans mécontenter les autres. « Dites-lui,
répondit le présomptueux Réchiaire, que je méprise ses armes et son amitié, et que j'éprouverai bientôt s'il a le courage d'attendre mon armée aux portes de
Toulouse. » Théodoric passe aussitôt les
Pyrénées et remporte une victoire complète sur le roi
suève, près de la rivière
Urbicus. En peu de temps, il achève la conquête des Etats de son beau-frère, et, pour s'en assurer la possession, il fait trancher la tête à Réchiaire, arrêté dans sa fuite.
La nouvelle de la déposition et de la mort d'Avitus oblige Théodoric à revenir promptement dans son royaume. Aglulfe, qu'il avait laissé son lieutenant en Espagne, veut s'y rendre indépendant. Le roi des
Goths envoie une armée contre lui ; il le bat et le met à mort ; mais le pays était tellement dévasté que les
Goths ne purent s'y maintenir. Leur départ est le signal d'une nouvelle révolte des
Suèves. Sans renoncer au projet de les asservir, Théodoric s'allie à
Genseric, roi des
Vandales, pour faire la guerre à Majorien, que
Ricimer avait fait élire empereur à la place d'Avitus.
Battu par Majorien devant
Arles, dont il avait entrepris le siège, il renonce à l'alliance de
Genseric et l'oblige à
servir Majorien contre les
Vandales. Sévère, successeur de Majorien, ou plutôt
Ricimer, qui régnait sous le nom de ce fantôme d'empereur,
s'attache Théodoric (an 462) en lui livrant
Narbonne, dont la conservation avait coûté tant de sang aux Romains. L'armée qu'il envoie contre
Aegidius (voyez
Gilles) est défaite devant
Orléans ; mais il n'en accroît pas moins ses Etats de plusieurs villes, et il méditait de nouvelles conquêtes quand il fut assassiné par son
frère Euric, au mois d'août 466.
Ainsi Théodoric perdit le trône par un crime semblable à celui qui l'en avait rendu maître. Il était
âgé de 40 ans, dont il en avait régné treize. Sidoine Apollinaire nous a laissé un éloge magnifique de la puissance et de la politique de ce prince, dans une de ses
Lettres (livre 8, lettre 2)
(1). On peut consulter aussi l'
Histoire de la décadence de l'empire romain, par Gibbon, ch. 36.
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(1) Cet éloge, où il entre certainement de l'exagération, a été inséré dans l'
Art de vérifier les dates.
Théodoric II se trouvait à
Bordeaux lorsque Sidoine y vint.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 41 - Page 276)