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Acta Latomorum

ou Chronologie de l'Histoire de la Franche-Maçonnerie française et étrangère - T. 2
Anonyme
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ACTA LATOMORUM

SUPPLÉMENT

Contenant la collection d'un grand nombre de Pièces curieuses sur l'Histoire de la Franche-Maçonnerie, la plupart inédites ou traduites pour la première fois en français.

N° Ier

      Deux documents dont les Francs-Maçons anglais s'étayent pour constater l'ancienneté de la Maçonnerie dans la Grande-Bretagne.

§. A

      Extrait d'un manuscrit qu'on dit avoir appartenu à Elias Ashmole, et avoir été perdu pendant les troubles civils de l'Angleterre. (V. Preston, p. 142)

      Elias Ashmole, fondateur du musée d'Oxford, avait un manuscrit qui a été malheureusement perdu, qui donnait des détails authentiques sur l'histoire ancienne de la Confraternité. On lisait dans ce manuscrit un fragment, dont on a conservé quelques extraits, contenant l'état de la Franche-Maçonnerie en Angleterre sous le règne d'Edouard IV. On voit dans ce fragment que, quoique plusieurs titres de la Confraternité de la Grande-Maîtrise d'Angleterre eussent été perdus ou dispersés pendant les guerres des Saxons contre les Danois, cependant le roi Athelstan, petit-fils du roi Alfrède, excellent architecte, qui fut le premier roi d'Angleterre qui reçut l'onction, et qui traduisit la Bible en Saxon (A. D. 930), ayant donné la paix à ses peuples, fit bâtir plusieurs grands édifices, encouragea et fit venir plusieurs Architectes et Maçons de France, qu'il établit en qualité de Surveillants des travaux de maçonnerie, et qui apportèrent avec eux le détail des emplois et les règlements des Maçons, lesquels avaient été conservés depuis le temps des Romains ; que ces Maçons obtinrent du même roi la permission de régler les usages de la Confraternité, selon les modèles qu'ils avaient apportés, et d'augmenter le nombre des ouvriers Maçons ;

      Que le prince Edwin, le plus jeune des fils de ce roi, ayant été instruit dans la Maçonnerie, et ayant accepté la place de Maitre Maçon, à cause du goût qu'il avait pour ce métier, et des principes honorables sur lesquels il est fondé, obtint du roi son père, en faveur des Maçons, une patente qui les autorisait à juger entr'eux leurs différends, à faire des règlements, et à convoquer une assemblée générale des Maçons ;

      Qu'en conséquence, le même prince Edwin les fit tous sommer de se trouver à Yorck, où ils vinrent et formèrent une Grande-Loge dont il fut le Grand-Maître ; qu'ayant apporté avec eux leurs titres authentiques et pièces justificatives, tant en grec, latin et français qu'en autres langues, ils en avaient tiré l'essentiel pour en former un code contenant les obligations d'un Franc-Maçon anglais et les statuts ou règlements concernant la police de la vénérable Confraternité ; que dans cette Gr.-Loge, il fut rendu une loi pour faire observer à l'avenir ces statuts par tous les Francs-Maçons de l'Angleterre ; qu'on y régla un bon salaire pour les ouvriers, etc. ;

      Que vu qu'il était vraisemblable qu'avec le temps, les Loges deviendraient plus nombreuses, le très vénérable Grand-Maître et les Compagnons, du consentement des seigneurs du royaume, qui étaient alors membles de la Confraternité, de même que tous les grands personnages, ordonnèrent que, dans la suite, lorsqu'un nouveau Frère serait reçu, le Maître ou un Surveillant lui lirait les obligations et statuts, et l'instruirait touchant les chartes de la Société ; que tous ceux qui seraient reçus Maîtres-Ouvriers ou Maîtres-Maç., de quelque grade qu'ils fussent, seraient examinés, pour connaître s'ils étaient capables ou en état de servir pour la gloire de l'art, et au profit des seigneurs respectifs qui les emploient et qui les paient pour leur service et pour leur travail.

      Indépendamment de plusieurs renseignements que donne cet acte, on y lit : « Ces obligations et lois des Fr.-Maçons ont été examinées par notre dernier souverain le roi Henri IV, et par les seigneurs de son honorable Conseil, qui ont dit qu'elles sont justes et bonnes, raisonnables à observer, et telles qu'elles ont été recueillies et tirées des manuscrits authentiques des anciens temps. »

      On lit, dans un autre manuscrit plus ancien que le précédent, un règlement par lequel il est ordonné que quand les Maîtres et les Surveillants se trouvent assemblés en Loge, si le cas l'exige, le prevôt de la comté, ou le maire de la ville, ou bien l'échevin de l'endroit où l'assemblée se tient, doit être fait Compagnon ou associé du Maître, pour l'assister contre les rebelles, ou défendre les lois du royaume ; qu'à l'admission des nouveaux Apprentis, on leur recommandera de n'être ni voleurs, ni receleurs ; de travailler honnêtement pour leur paie, d'aimer leurs Compagnons comme eux-mêmes, et d'être fidèles au Roi, au Royaume et à la Loge.

      Le même manuscrit dit encore qu'on s'informera, dans ces congrégations, s'il y a quelque Maître ou Compagnon qui ait désobéi aux articles approuvés ; que si celui qui se trouvera coupable de quelqu'offense est reconnu pour ne vouloir pas se ranger à son devoir en la réparant, il sera déclaré rebelle et condamné à ne plus exercer le métier de F.-Maçon ; et si, après cela, il continue de l'exercer, l'échevin de la comté le fera mettre en prison, et se saisira de tout son bien au nom du Roi, jusqu'à ce qu'il ait été acquitté dans les formes. Ces congrégations ont été principalement instituées afin que le plus petit aussi bien que le plus grand soit fidèlement et justement servi, partout le royaume d'Angleterre, dans l'art mentionné ci-dessus. + Amen.


§. B

      Traduction d'un manuscrit attribué à Henri VI, roi d'Angleterre, et de la lettre de Locke avec ses commentaires [Note : Cette pièce et les Commentaires de Locke ont été traduits par M. Richard Harris-Lovelace, gentilhomme anglais.].

      Lettre du savant John Locke au très-honorable Thomas comte de Pembroke, avec un ancien manuscrit sur la Franche-Maçonnerie.

Mai 6e. 1696

      Monseigneur,

      J'ai enfin, par l'assistance de M. Collins, obtenu, dans la bibliothèque Bodléenne, une copie du manuscrit que vous étiez si curieux de connaître ; pour obéir aux ordres de votre seigneurie, je vous l'adresse ci-joint. La plus grande partie des notes y annexées sont celles que je fis hier, afin que milady Masham en prenne la lecture ; cette dame est devenue si passionnée pour la Maçonnerie, qu'actuellement elle voudrait être homme pour pouvoir être admise parmi les membres de la Société.

      Le manuscrit dont la copie est ci-jointe paraît avoir été composé il y a plus de cent soixante ans ; cependant votre seigneurie verra, par le titre, qu'il est lui-même la copie d'un autre manuscrit plus ancien de cent ans, car on dit que l'original fut écrit de la propre main du roi Henri VI. Il paraît être le résultat d'un examen que subit l'un des membres de la Société Maçonnique, ensuite duquel le Roi se fit initier parmi les Frères Maçons aussitôt qu'il fut sorti de sa minorité : c'est à cette époque qu'il arrêta la persécution à laquelle ils avaient été livrés.

      Mais je ne dois pas plus longtemps laisser désirer à votre seigneurie la connaissance de la pièce elle-même. Je ne sais quel effet la vue de ce vieux manuscrit fera sur elle ; quant à moi, je ne puis dissimuler qu'il a tellement excité ma curiosité, qu'il m'a fait désirer d'être initié dans cette Société, ce que j'espère effectuer (si toutefois l'admission m'est accordée) la première fois que j'irai à Londres, où je compte me rendre incessamment.

Je suis, Monseigneur,
de votre seigneurie
le très-obéissant et très-humble serviteur
John Locke



Questions et Réponses concernant le mystère de la Maçonnerie, écrites de la propre main du roi d'Angleterre Henri VI, fidèlement copiées par moi Johan Leylande (1), antiquaire, conformément aux ordres de son altesse (2).

Elles sont comme suit :

D.  Qu'est-ce que ce pourrait être ? (3)

R.  Il consiste dans la connaissance de la nature, de sa puissance et de ses différentes opérations; en particulier, dans la science du calcul, des poids et mesures, ainsi que la véritable manière de façonner toutes choses à l'usage de l'homme, surtout les habitations et les édifices de toute espèce et toutes autres choses utiles.

D.  Quelle est son origine ?

R.  Il commença dans l'Orient avec les premiers hommes (4) qui existaient avant les premiers (5) hommes de l'Occident ; parvenu ensuite dans l'Occident, il apporta avec lui toute consolation à ce étaient dans le désert et sans secours :

D.  Qu'est-ce qui l'apporta dans l'Occident ?

R.  Les (6) Vénitiens, qui étant grands commerçants, sont venus les premiers de Venise, pour avoir l'avantage de trafiquer d'Orient en Occident, par la Mer Rouge et la Méditerranée.

D. Comment est-il parvenu en Angleterre ?

R. Le Grec Peter-Cower (7) voulant approfondir toutes les sciences, voyagea en Egypte, en Syrie et dans tous les pays où les Vénitiens avaient établi la Maçonnerie. Il obtint l'entrée des Loges, et acquit les plus grandes connaissances. A son retour, il résida dans la Grande Grèce (8) et devint un savant (Wyse-acre) (9), distingué et très renommé ; il forma une Gr.-Loge à Groton (10), où il fit beaucoup de Maçons. Dans la suite, plusieurs voyagèrent eu France, où ils reçurent, à leur tour, des Maçons ; et de là, avec le temps, l'art passa en Angleterre.

D. Les Maçons révèlent-ils leurs arts aux autres ?

R. Peter-Gower, lorsqu'il voyagea pour s'instruire, fut premièrement (11) fait Maçon ; ensuite il enseigna : c'est ainsi que doit faire tout homme qui agit bien. Néanmoins, (12) les Maçons, dans tous les temps, suivant les circonstances, ont communiqué aux hommes tels de leurs secrets qui pouvaient être généralement utiles, enretenant, pour eux seuls, la connaissance de ceux qui deviendraient nuisibles s'ils tombaient en de mauvaises mains ; ils ont aussi réservé des secrets qui ne seraient d'aucune utilité à ceux qui ne pourraient y réunir les instructions de la Loge, secrets qui lient les Frères plus fermement ensemble par l'avantage et l'utilité qui en résultent pour la Confrérie.

D. Quels sont les arts que les Maçons ont appris aux hommes ?

R. L'agriculture (13), l'architecture, l'astronomie, la géométrie, les nombres, la musique, la poésie, la chimie, le gouvernement et la religion.

D. Pourquoi les Maçons instruisent-ils mieux que les autres hommes ?

R. C'est que ce sont eux qui possèdent (14) l'art de trouver de nouveaux arts, faculté que les premiers Maçons ont reçue de Dieu, et par laquelle ils découvrent tous les arts qu'ils désirent connaître ainsi que le mode le plus sûr pour enseigner eux-mêmes ce grand art. Toutes les découvertes des autres hommes ne sont que l'effet du hasard ; et, jusqu'à présent, je pense, on a obtenu bien peu de choses.

D. Quel est ce secret que les Maçons cachent ?

R. Ils cachent l'art de trouver de nouveaux arts, et ceci pour leur propre avantage et gloire (15). Ils cachent l'art de conserver leur secret (16), de manière que le vulgaire n'en découvre rien. Ils cachent l'art d'obtenir des effets merveilleux et de prédire les choses futures, et font en sorte que ces mêmes arts ne puissent être mis en usage par les méchants pour accomplir de mauvais desseins. Ils cachent aussi l'art du change (17), la manière d'obtenir le pouvoir d'Abrac (18), la science de devenir bon et parfait sans crainte comme sans espoir, et enfin le langage universel des Maçons (19).

D. Veut-on m'enseigner ces mêmes arts ?

R. Vous serez enseigné si vous êtes digne et capable d'apprendre.

D. Les Maçons sont-ils plus savants que les autres hommes ?

R. Non : ils ont seulement plus que les autres hommes, la possibilité et l'occasion de s'instruire ; mais beaucoup manquent de capacité, et beaucoup plus manquent des moyens et de l'industrie convenables pour obtenir des connaissances.

D. Les Maçons sont-ils meilleurs que les autres hommes ?

R. Quelques Maçons ne sont pas si vertueux que les autres hommes ; mais, pour la plupart, ils sont meilleurs qu'ils ne l'auraient été s'ils n'eussent pas été reçus Maçons.

D. Les Maçons s'aiment-ils beaucoup comme on le dit ?

R. Oui, certes, et cela ne peut être autrement ; car les hommes bons et vrais, et qui se connaissent comme tels, s'aiment davantage en proportion qu'ils sont meilleurs.


§. C

Observations critiques sur ce manuscrit

      L'authenticité de la pièce qu'on vient de lire a été contestée par beaucoup de savants français et étrangers, qui l'ont considérée comme fausse, et comme une fraude maçonnique (20). Des discussions sérieuses se sont plusieurs fois élevées à ce sujet, tant au Convent philosophique de la Mère-Loge écossaise de France, qu'au Convent des Philalètes. Au mois de mars 1787, on lut à cette dernière assemblée un manuscrit de M. le baron de Chefdebien, intitulé : Recherches maçonniques à l'usage des Frères du Régime primitif de Narbonne, dans lequel ce savant a présenté une critique négative, qu'il regarde comme concluante, de la vérité du manuscrit. M. le marquis de Chefdebien, Maçon aussi modeste que profond, avait donné un travail rédigé dans le même sens à la première assemblée de ce Convent en 1785. Nous-mêmes, dans la réunion de communication de quartier du Tribunal du Rite philosophique, du mois de mars 1806, avons lu un mémoire dans lequel nous avons hasardé quelques observations à ce sujet, toutefois en témoignant le désir de voir détruire ces objections contre le manuscrit en question, que les Maçons anglais considèrent comme un des monuments les plus anciens parmi ceux qui fixent les époques de l'origine de la Maçonnerie, et constatent son antiquité dans la Grande-Bretagne.

      Voici les principales objections qui ont été présentées, et d'après lesquelles on a prétendu prouver que le manuscrit est faussement attribué à Henry VI, et que Locke n'a jamais eu connaissance de cette pièce :

      Dans l'édition in-folio des ouvrages de ce philosophe, imprimée à Londres et sous ses yeux, il n'en est point question, non plus que de la lettre au comte de Pembrocke. Il n'en est fait mention que dans l'édition de 1756.

      Le manuscrit de Henry VI a été imprimé pour la première fois à Francfort-sur-le-Mein, en 1748. (12 pag. in-8°)

      On ne l'a connu en Angleterre qu'en 1753, époque à laquelle on l'inséra dans le Gentleman's Magazine.

      Anderson, qui s'est torturé l'esprit pour donner à l'Ordre maçonnique une origine antique, n'eût pas manqué, en 1723, époque de la 1ère édition de son ouvrage, d'imprimer une pièce aussi curieuse, qui était supposée connue depuis 1696, et dont des copies auraient été données à M. de Pembrocke, à Lady Mathan, et sans doute à beaucoup d'autres. Anderson ne l'a pas fait.

      Il n'en est pas question dans les éditions des Œuvres de Leylande, imprimées avant 1772 : on ne la trouve que dans l'édition de cette même année, publiée à Oxford, in-8°. (Hearn and Wood), t. 1er, pages 96 et 104, appendices n°8.

      M. le docteur Plot (Natural History of Staffordshire, chap. 8, p. 318) soutient que le roi Henry VI ne fut jamais reçu Maçon, et que ceux qui le croient n'ont aucune idée des lois et de l'histoire de leur pays.

      Il est dit dans ce manuscrit, que la Maçonnerie a été apportée de l'Orient par des marchands vénitiens ; mais, observe M. Mounier, « les marchands vénitiens n'auraient pas réservé leurs secrets pour l'Angleterre seule ; il y aurait en des Maçons en Italie longtemps auparavant, et les Italiens auraient fait des prosélytes en France avant de s'occuper des Anglais. »

      Et enfin les troubles qui agitèrent l'Angleterre pendant tout le règne de Henry VI, son incapacité, la faioblesse de son esprit, son règne, qui fut une minorité perpétuelle, permettent bien de douter que jamais ce prince se soit occupé d'un tel sujet ; et ait écrit un pareil interrogatoire. M. Lawrie connaissait une partie de ces objections, et il a essayé de les combattre dans son Histoire de la Franche-Maçonnerie ; mais il ne donne aucune raison plausible pour appuyer l'authenticité de la découverte de Locke. Il s'étaie de ses lettres antérieures et postérieures à 1696 pour prouver que celle à M. de Pembrocke est dans un tel rapport avec la situation dans laquelle il se trouvait à l'époque où il l'a écrite, qu'il est impossible quelle ne soit pas sortie de sa plume : il présente beaucoup de probabilités, mais il ne réfute rien. M. Lawrie annonce qu'il a fait exprès le voyage d'Oxford pour vérifier la pièce, et qu'il l'a tenue et lue, avantage que n'a pas eu Anderson, ajoute-t-il. Il paraîtrait donc prouvé, d'après son témoignage, que le manuscrit existe réellement, et qu'il est revêtu, en apparence, des caractères de l'antiquité. Maintenant est-il démontré qu'il était réellement dans la bibliothèque bodléenne avant 1753 ? M. Lawrie est-il assez exercé pour distinguer un manuscrit vrai d'un manuscrit faux ? D'un autre côté, si le manuscrit est authentique, a-t-il été imprimé tel qu'il existe en original, et n'y a-t-on pas ajouté, en le livrant au public, tout ce qui pouvait le faire rapporter à la Fr.-Maçonnerie ? Toutes ces questions sont fort délicates à traiter, puisque leur solution doit avoir pour résultat de renverser ou de consolider un monument dont les Maçons anglais font tant de cas. Nous abandonnons ces recherches à la sagacité des lecteurs, qui trouveront la pièce en langue originale dans les nouvelles éditions d'Anderson, dans Preston, et dans beaucoup d'autres ouvrages.



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(1)  John Leylande fut chargé par Henri VIII, à l'époque de la destruction des monastères, de chercher et conserver les livres et manuscrits intéressants. C'était un homme très instruit et grand travailleur.

(2)  Son Altesse veut dire HENRI VIII. Nos Rois ne portaient pas alors le titre de Majesté.

(3)  Qu'est-ce que cela pourrait-être ? Cela veut dire, que pourrait ôtre le mystère de la Maçonnerie ? La réponse signifie qu'il consiste en sciences naturelle, mathématique et mécanique, que lea Maçons prétendent (ainsi qu'on verra par la suite) avoir enseignées en partie au reste du genre humain, et dont ils cachent encore une autre partie.

(4 & 5)  Les premiers hommes de l'Occident. Il paraît, d'après ceci, que les Maçons croient qu'il y avait eu des hommes avant Adam, qui est nommé le premier homme de l'Occident, et que les arts et les sciences commencèrent dans l'Orient. Des Auteurs d'une grande réputation ont eu la même opinion, et il est certain que l'Europe et l'Afrique (lesquelles â l'égard de l'Asie, peuvent être appelées des pays occidentaux) étaient des pays déserta et inhabités, tandis que depuis longtemps les arts étaient polis et perfectionnés, et les mœurs policées à la Chine et aux Grandes-Indes.

(6)  (Les Vénitiens, etc.) Dans les temps d'ignorance des moines, il n'est pas étonnant qu'on ait commis une erreur en prenant les Véniciens pour les Phéniciens, ou peut-être que, sans vouloir prendre un peuple pour l'autre, la ressemblance du son a pu tromper l'écrivain qui d'abord a transcrit l'examen, et lui faire confondre les deux peuples. Les Phéniciens furent de très grands voyageurs et passèrent en Europe pour avoir été les premiers inventeurs des lettres, qu'ils apportèrent peut-être, avec les autres arts, en Occident.

(7)  (Peter Gower) Ceci est une autre erreur de l'écrivain ; je ne pouvais d'abord deviner qui pouvait être ce Peter-Gower ; Peter-Gower étant un nom parfaitement anglais, je ne concevais pas comment un Grec avait pu porter un tel nom; mais tout à coup je pensai à Pythagore, et ne pus m'empêcher de rire, en trouvant que ce philosophe avait subi une métempsycose à laquelle il n'avait jamais pensé. En effet, nous n'avons qu'à examiner la prononciation française de ce nom, qui est Pythagore, pour concevoir combien il était facile à un écrivain ignorant de faire une pareille faute. Tous les gens instruits savent que Pythagore voyagea en Egypte pour acquérir des connaissances, et qu'il fut initié dans plusieurs ordres de prêtres, lesquels, dans ce temps, cachaient toutes leurs connaissances au vulgaire. Pythagore faisait aussi un secret de toutes ses découvertes géométriques, et n'admettait à les connaître que ceux qui avaient déjà subi un silence de cinq années. On le regarde comme l'inventeur de la quatrième proposition du premier livre d'Euclide, pour laquelle, dans la joie que son cœur éprouva, on dit qu'il sacrifia une hécatombe. Il connaissait aussi le système du monde, dernièrement renouvelé par Copernic, et fut certainement un homme très merveilleux. (Voyez sa vie par Dion. Hal.)

(8)  (Græcia magna) La partie de l'Italie où les Grecs avaient établi une nombreuse colonie, est ainsi nommée.

(9)  Wyseacre (savant) : ce mot signifie à présent un imbécile, mais autrefois il avait un sens contraire. Wise-Accre dans la langue saxonne, veut dire un philosophe, un sage ; mais ayant été souvent employé ironiquement, il a, par suite, pris un sens directement opposé.

(10)  (Groton) Groton est le nom d'une ville d'Angleterre ; la ville dont on parle ici est Crotone, dans la Grande-Grèce, ville qui, dans le temps de Pythagore, était très peuplée.

(11)  (Premièrement fait Maçon) Le mot fait porte, comme je le présume, un sens particulier parmi les Maçons, et signifie probablement initié.

(12)  (Les Maçons dans tous les temps, etc.) Ce paragraphe renferme quelque chose de remarquable ; il contient une justification du secret que les Maçons ont tant vanté et que d'autres ont tant blâmé, en affirmant qu'ils ont, en tout temps, enseigné telles ou telles choses qui pouvaient être utiles, et qu'ils ont caché seulement celles qui pouvaient nuire aux autres hommes ou à eux mêmes. Nous verrons tout à l'heure quels sont ces secrets.

(13)  (L'agriculture, etc.) C'est une grande prétention de la part des Maçons, que celle qu'ils ont d'avoir enseigné à l'homme tous ces arts ; ils n'ont, à la vérité, à cet égard, que leurs propres allégations; cependant je ne sais comment on pourrait les réfuter . mais ce qui parait le plus singulier, c'est qu'ils ayent compris la religion parmi les arts.

(14)  (L'art de trouver de nouveaux arts.) L'art d'inventer des arts doit nécessairement titre l'art le plus utile. Le Novum Organum de milord Bacon est un ami du même genre ; mais je pense bien que si jamais les Maçons ont possédé cet art, ils ne le possèdent plus à présent, puisque les inventions nouvelles sont si rares de nos jours, et qu'il reste encore beaucoup à découvrir.

(15)  (Gloire) Il paraît que les Maçons ont fort à cœur la réputation ainsi que l'avantage de leur Ordre, et c'est ce qui les porte à ne pas divulguer leur art, afin qu'il fasse plus d'honneur à ceux qui le possèdent. Je pense qu'en cela ils témoignent trop d'égard pour leur propre société, et trop peu pour le reste du genre humain.

(16)  (L'art de garder les secrets) Je ne puis nullement concevoir quelle espèce d'art ceci pourrait être ; mais il est certain que les Maçons doivent le posséder, quoique quelques personnes supposent qu'ils n'ont aucun secret quelconque ; ceci même doit être un secret, lequel, s'il était connu, les exposerait au ridicule ; c'est aussi pour cette raison qu'ils le cachent avec la plus grande attention.

(17)  (L'art du change) Je ne saurais expliquer ceci, si l'on n'a pas entendu parler de la transmutation des métaux.

(18)  (Le pouvoir d'Abrac) Actuellement je suis dans l'obscurité.

(19)  (Le langage universel des Maçons) Les savants de tous les siècles ont beaucoup désiré un langage universel, mais il est encore à souhaiter plutôt qu'il espérer. Il paraît cependant que les Maçons en jouissent entre eux. Si cela est, je suppose que c'est à peu près la même chose que le langage des pantomimes chez les Romains, langage au moyen duquel on dit que par des signes seulement, on pouvait s'exprimer et tendre un discours quelconque intelligible aux hommes de toutes les nations et langues. Celui qui possède tous ces arts et ces avantages, est assurément digne d'envie, car on assure que ceci n'est pas donné à tous les Maçons : malgré que la connaissance de ces arts soit le but de leur société, et que tous aient droit à les connaître, il y en a, comme on l'a dit, qui manquent de moyens, et d'autres de l'industrie convenable pour les acquérir. Cependant celui de tous les arts et secrets que je désire le plus de connaître, c'est la science de devenir bon et parfait ; je voudrais qu'elle fût communiquée à tout le monde, puisqu'il n'est rien de plus vrai que la belle phrase contenue dans la dernière réponse, que les hommes s'aiment davantage en proportion qu'ils sont meilleurs ; et que la vertu a, en elle-même, quelque chose de si aimable, qu'elle charme le cœur de tous ceux qui la pratiquent.

(20)  Expressions de M. Mounier, dans son ouvrage de l'influence, attribuée aux philosophes, aux Francs-Maçons et aux illuminés, sur la révolution de France, etc., p. 143.




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