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Histoire pittoresque de la Franc-Maçonnerie

et des sociétés secrètes anciennes et modernes
François-Timoléon Bègue-Clavel
© France-Spiritualités™






PREMIÈRE PARTIE
Introduction


Réception de compagnon

Signes extérieurs de la franc-maçonnerie. – Esprit de prosélytisme des maçons. – Proposition d'un profane. – Le cabinet des réflexions. – Description de la loge. – Places, insignes et fonctions des officiers. – Ouverture des travaux d'apprenti. – Les visiteurs. – Les honneurs maçonniques. – Réception du profane. – Discours de l'orateur : dogmes, morale, règles générales de la franc-maçonnerie, rites, organisation des Grandes-Loges et des Grands-Orients, etc. – Clôture des travaux d'apprenti. – Banquets. – Loges d'adoption. – Mme de Xaintrailles reçue franc-maçon. – Pose de la première pierre et inauguration d'un nouveau temple. – Installation d'une loge et de ses officiers. – Adoption d'un louveteau. – Cérémonie funèbre. – Réception de compagnon. – Réception de maître. – Interprétation des symboles maçonniques. – Les hauts grades. – Carré mystique. – Appendice : statistique universelle de la franc-maçonnerie. – Calendrier. – Alphabet. – Abréviations. – Protocoles. – Explication des gravures.


      On ne tient ordinairement au grade de compagnon que lorsqu'il y a réception, ou, selon l'expression des Anglais, ceremony of passing. Car, chez nos voisins et en Amérique, chacune des trois initiations est désignée par un terme particulier : on y est made, fait apprenti ; passed, passé compagnon ; raised, élevé à la maîtrise.

      Les travaux de compagnon s'ouvrent à peu près dans les mêmes termes que ceux du grade d'apprenti. Pour y avoir droit de séance, il faut être au moins pourvu du compagnonnage. Les travaux ouverts, on lit le procès-verbal de la dernière tenue, et l'on introduit les frères visiteurs.

      Avant d'amener le candidat, on déploie sur le sol de la loge un tableau peint sur toile et chargé de divers emblèmes. Une fenêtre et une porte sont figurées à l'orient, à l'occident et au midi. Sept marches conduisent à la porte de l'occident, qui est flanquée des colonnes J et B. Au-delà de cette porte, s'étend un pavé en forme d'échiquier, blanc et noir. Un peu plus loin, on voit une équerre dont les deux extrémités sont tournées vers l'orient. Il y a, à droite de l'équerre, un maillet ; à la gauche, une planche où sont tracées des figures géométriques. Au-dessus de l'équerre, sont représentés le portail d'un temple, le niveau, la ligne d'aplomb, une pierre dont la base est cubique et le sommet pyramidal, un globe céleste, une règle graduée de vingt-quatre divisions, une pierre brute, une truelle, une étoile flamboyante, un compas ouvert, les pointes dirigées vers le bas, le soleil et la lune. Trois flambeaux sont placés à l'orient, à l'occident et au midi ; et la houpe dentelée entoure le tableau.

      Le candidat, les yeux découverts et tenant à la main une règle dont il appuie une extrémité sur son épaule gauche, est amené à la porte de la loge par le maître des cérémonies, qui l'y fait frapper en apprenti.

      – Voyez qui frappe, dit le vénérable.

      – C'est, répond le maître des cérémonies, un apprenti qui demande à passer de la perpendiculaire au niveau.

      Alors l'entrée de la loge est donnée au récipiendaire. Arrivé entre les deux colonnes, il s'arrête, et le vénérable demande au second surveillant si le candidat qui sollicite une augmentation de salaire a fini son temps, et si les frères de sa colonne sont contents de son travail. Sur la réponse affirmative du surveillant, le vénérable adresse au récipiendaire une série de questions pour s'assurer qu'il a bien saisi les emblèmes du premier grade ; ensuite il ordonne au maître des cérémonies de lui faire faire les cinq voyages mystérieux.

      Le maître des cérémonies prend le récipiendaire par la main droite et lui fait faire cinq fois le tour de la loge. Pendant le premier voyage, ou le premier tour, le récipiendaire a dans la main gauche un maillet et un ciseau ; dans le second, une règle et un compas ; dans le troisième, il tient une règle dans la main gauche, et il appuie sur son épaule gauche l'extrémité d'une pince de fer ; il porte, dans le quatrième voyage, une équerre et une règle ; et, dans le cinquième, il a les mains libres. A la fin de chaque voyage, il s'arrête à l'occident, et le vénérable lui explique l'emploi matériel des outils qu'on a mis entre ses mains, et lui en fait connaître la destination morale : le compagnon élève au Grand Architecte de l'univers un temple dont il est lui-même la matière et l'artisan ; les outils symboliques doivent lui servir à faire disparaître les défectuosités des matériaux, et à leur donner des formes régulières et symétriques, afin que l'édifice soit harmonieux dans toutes ses parties, et atteigne, autant que possible, à la perfection.

      Les cinq voyages terminés, le vénérable ordonne au récipiendaire de faire son dernier travail d'apprenti. A cet effet, le récipiendaire saisit un maillet, et en frappe trois coups sur la pierre brute qui se trouve peinte dans le tableau déployé sur le plancher.

      Le vénérable appelle ensuite son attention sur l'étoile flamboyante qui figure aussi dans le tableau, et il lui dit :

      – Considérez, mon frère, cette étoile mystérieuse, et ne la perdez jamais de vue ; elle est l'emblème du génie qui élève aux grandes choses ; et, avec plus de raison encore, elle est le symbole de ce feu sacré, de cette portion de lumière divine dont le Grand Architecte de l'univers a formé nos âmes, et aux rayons de laquelle nous pouvons distinguer, connaître et pratiquer la vérité et la justice. La lettre G que vous voyez au centre vous offre deux grandes et sublimes idées. C'est le monogramme d'un des noms du Très-Haut ; c'est aussi l'initiale du mot géométrie. La géométrie a pour base essentielle l'application des propriétés des nombres aux dimensions des corps, et surtout au triangle, auquel se rapportent presque toutes leurs figures, et qui présente à l'esprit les emblèmes les plus sublimes.

      Après cette allocution, le candidat est conduit à l'autel, où il prête son obligation. Il est ensuite constitué, initié et proclamé en sa nouvelle qualité par le vénérable ; et la loge applaudit à sa réception. Lorsque toutes ces formalités sont remplies, le maître des cérémonies le fait asseoir en tête de la colonne du midi, et l'orateur lui adresse un discours, dans lequel il lui explique particulièrement le sens des symboles qui sont tracés sur le tableau déployé au milieu de la loge, et dont nous avons donné plus haut la description détaillée.

      Le nouveau compagnon apprend alors que ce tracing-board, comme l'appellent les Anglais, représente, dans son ensemble, le temple de Salomon, dont le nom hébreu (schelomoh) signifie pacifique. La première des deux colonnes qui en ornent l'entrée s'appelle B..., c'est-à-dire force ; la seconde J..., ou stabilité. L'une est blanche et l'autre noire, par allusion aux deux principes de création et de destruction, de vie et de mort, de lumières et de ténèbres, dont le jeu alternatif entretient l'équilibre universel. Les sept degrés par lesquels on arrive à la première porte, celle de l'occident, indiquent les épreuves successives par lesquelles l'initié doit passer pour atteindre à cette perfection qui ouvre l'accès du saint des saints. L'échiquier formé de cases blanches et noires, ou le pavé mosaïque, désigne la double force qui, tour à tour, attire l'homme vers l'esprit et vers la matière, vers la vertu et vers le vice, rend ses épreuves d'autant plus pénibles, et retarde l'instant de l'éternelle béatitude à laquelle il est appelé. Le compas, qui occupe le haut du tableau, et l'équerre, qui se voit au bas, présentent la même pensée sous des emblèmes différents. Le compas est le ciel, où l'initié doit tendre constamment ; l'équerre, la terre, où ses passions le retiennent. On dit que le vrai maçon se trouve entre l'équerre et le compas, pour exprimer cette idée : qu'il est détaché des affections matérielles, et qu'il est en voie de retour vers sa céleste origine. L'étoile flamboyante est le divin fanal qui le guide dans les ténèbres morales, comme l'étoile polaire dirige la marche du navigateur au milieu de la nuit. Les trois portes et les trois fenêtres qu'on voit à l'orient, à l'occident et au midi figurent les trois points du firmament où se montre le soleil et par lesquels sa lumière éclaire le temple. Les trois candélabres retracent « les trois grandes lumières de la maçonnerie : le soleil, la lune et le Maître de la Loge. » Le globe céleste marque les limites du temple. Le portail désigne l'entrée de la chambre du milieu, c'est-à-dire la ligne qui sépare le temps qui finit et le temps qui commence, la mort et la vie, les ténèbres et la lumière. La pierre brute est le symbole de l'âme du maçon avant que le travail moral qui lui est imposé en ait fait disparaître les défectuosités. La pierre dont la base est cubique et le sommet pyramidal, ou la pierre cubique à pointe, est l'emblème de l'âme perfectionnée, qui aspire à remonter vers sa source. C'est l'attribut spécial du compagnon. Les outils de maçonnerie qui sont distribués dans le tabeau rappellent, en général, au maçon la sainteté du travail. En particulier, chacun de ces outils renferme un précepte. Le compas prescrit au maçon d'élever autour de lui un rempart contre l'invasion du vice et de l'erreur ; le niveau, de se défendre des séductions de l'orgueil ; le maillet, de tendre sans cesse à se perfectionner ; l'équerre et la ligne d'aplomb, d'être équitable et droit ; la truelle, d'être indulgent pour ses frères et de dissimuler leurs défauts ; la planche à tracer, de ne jamais s'écarter du plan que le Maître lui a donné à suivre ; enfin la règle de vingt-quatre pouces, de consacrer tous ses instants à l'accomplissement de l'œsuvre qu'il a entreprise. La houpe dentelée, ou le cordon formant des nœuds en lacs d'amour, qui entoure le tableau, dit au maçon que la société dont il fait partie enveloppe la terre, et que la distance, loin de relâcher les liens qui en unissent les membres l'un à l'autre, doit, au contraire, les resserrer davantage.

      Lorsque l'orateur a terminé son discours, on procède à l'exécution des travaux à l'ordre du jour ; ensuite la loge est fermée de la même manière à peu près qu'elle a été ouverte.




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