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La vraie langue celtique et Le Cromleck de Rennes-les-Bains

Henri Boudet
© France-Spiritualités™






CHAPITRE III
LANGUE PUNIQUE

II - Les généraux de Carthage - Les rois Numides

      Les Numides virent plus tard une colonie de Phéniciens aborder sur leurs côtes et y fonder des établissements. La ville de Carthage y fut bâtie, 888 ans avant Jésus-Christ, par Didon, princesse tyrienne. Adonnée au commerce, Carthage s'enrichit, s'accrut avec rapidité et étendit ses possessions sur le littoral africain et sur les côtes de l'Espagne, attrayante surtout par ses mines d'or et d'argent. Devenue guerrière par l'obligation qui s'imposait à elle de soutenir son commerce, elle levait des armées composées de soldats mercenaires auxquels elle ne pouvait [92] guère se fier. Les Numides, les Ibères, les Gaulois y abondaient, mais ces guerriers d'emprunt restaient seulement à son service, lorsqu'un habile général savait les mener à une victoire et à un pillage. Une bataille perdue mettait en fureur ces soldats étrangers, et ils massacraient les généraux malheureux qui n'avaient pas su conduire leur impétueux élan. Cette nécessité de vaincre renferme peut-être en elle-même tout le secret de l'habileté des brillant et intrépides généraux Carthaginois.

      Les Phéniciens, fondateurs de Carthage, parlaient la langue cananéenne, et ce langage, malgré de nombreuses dissemblances devait accuser une étroite parenté avec celui des Numides. Mais est-ce bien à la langue des Carthaginois qu'il faut attribuer le nom de punique, et ce nom n'appartiendrait-il pas plutôt à celle des Numides et des Maures ? Nous croyons que la langue Numide peut aisément le revendiquer, et, en examinant de près le langage actuel des Kabyles, on s'assurera qu'il est fait de jeux de mots et par conséquent le seul punique – to pun (peun) faire des jeux de mots.

      Cette assertion ne paraîtra pas sans fondement, si nous comparons les noms des plus illustres généraux Carthaginois cités par l'histoire avec ceux des rois Numides, et on pourra sentir dans les noms [93] propres Carthaginois une certaine résistance à l'interprétation, tandis que les noms propres numides cèderont très volontiers les monosyllabes qui les forment.

      Amilcar, père du célèbre Annibal, avait donné en Sicile contre les Romains des preuves incontestables d'habileté militaire. Poursuivant avec une ardeur opiniâtre la prospérité et l'extension de l'empire Carthaginois – to aim (ém), diriger – weal (ouil), prospérité, – to care (kère), se mettre en peine de, – il soumit le littoral de l'Afrique jusqu'au Grand Océan, et en passant en Espagne, il s'empara de la côte occidentale de ce pays. Il avait, sur ses instances réitérées, amené avec lui le jeune Annibal, pour l'initier à la direction d'une armée et à la science guerrière. Amilcar avait aussi avec lui, dit Cornélius Nepos, un beau jeune homme, Hasdrubal, qu'on lui reprochait d'aimer beaucoup plus qu'il n'aurait fallu. De là il advint, que l'inquisiteur des mœurs lui défendit de garder Hasdrubal dans sa maison. Amilcar prit alors le parti de donner sa fille en mariage à ce jeune homme ; il était dans leur mœurs, qu'on ne pouvait défendre à un gendre d'habiter avec son beau-père. Nous rapportons ce fait, ajoute Cornélius Nepos, parce que, après la mort d'Amilcar tué dans un combat, Hasdrubal devint le [94] chef de l'armée. Annibal ne prit le commandement qu'après la mort d'Hastrubal assassiné par l'esclave d'un chef Lusitanien.

      Le fait raconté par Cornélius Nepos donne l'intelligence de la formation du nom d'Hasdrubal. Pressé qu'il était par l'inquisiteur des mœurs, Amilcar voulant faire cesser des bruits fâcheux et désirant toutefois garder Hasdrubal avec lui, se hâta de lui donner sa fille en mariageto haste (heste), se hâter, – row (raou) bruit, – to pall (pâul), abattre, affaiblir.

      La présence d'Hasdrubal dans la maison de son père et son élévation à la tête de l'armée après la mort d'Amilcar durent être pour Annibal une source d'ennuis ; en effet, soumis au commandement de son beau-frère, l'essor de son génie militaire se trouvait continuellement comprimé. Aussi l'avait-on appelé avec raison Annibal, c'est-à-dire, ennuyé de mener la vie insipide d'un officier subalterne, – to annoy (annoï), ennuyer, – to pall (pâul) devenir insipide.

      Nous n'avons pas à rapporter les exploits de ce grand capitaine ; ils sont assez connus et ne sont point d'ailleurs utiles à notre dessein.

      La difficulté d'interprétation présentée par ces noms propres de généraux Carthaginois n'existe plus dans ceux des rois Numides et les expressions celtiques s'y déroulent avec la plus grande facilité. [95]

      Après la seconde guerre punique, Carthage avait tout perdu, son empire, ses richesses, son commerce : il lui restait à peine la vie, que Massinissa, chef de la Numidie et allié des Romains, cherchait à lui enlever. Ce numide, qui a vécu un siècle, se tenait encore nuit et jour à cheval, à l'âge de quatre-vingt-dix ans, harcelant les malheureux Carthaginois sans trève ni merci. Cavalier indomptable, Massinissa ne connaissait point le repos dans une maison ou dans les hôtelleries dont il faisait profession de se moquer, – mass, amas – to inn, loger dans une auberge, – to hiss, se moquer.

      « Après les victoires remportées sur les Carthaginois et la prise des Syphax – to see (si), penser, – to face (fèce) affronter, braver, – dont l'empire s'étendait au loin dans l'Afrique, le peuple romain donna au roi Massinissa toutes les villes et terres qu'il avait prises de sa main. » (1)

      Le vieux Numide demeura toujours l'allié fidèle des Romains et laissa son royaume à son fils Micipsa ; ses deux autres fils, Mastanabal et Gulussa, avaient été enlevés par la maladie. Salluste garde le silence sur leur vie, se contentant de les nommer et établissant seule- [96] ment que Mastanabal était le père de Jugurtha. Mastanabal ne possédait pas sans doute la sauvage énergie de son père Massinissa, puisque son nom le déclare épouvanté de devenir le chef d'une nation si considérable, – mass, amas, assemblée, – thane (théne) chef, – to appal, effrayer. – Quant à Gulussa, son nom dénotait clairement ses habitudes de tromperie – to gull (gueull) tromper, duper, to use (iouse) habituer, se servir de –.

      Micipsa, devenu chef des Numides ne se fit connaître que par la faiblesse de son caractère, laissant perdre et manquant toutes les occasions favorables pour agrandir encore l'immense territoire légué par son père, – to miss, manquer, perdre, – to heap (hip) entasser, – to say (), dire, raconter –.

      Ce prince avait adopté son neveu Jugurtha et l'avait fait entrer en partage du royaume avec ses deux fils Adherbal et Hiempasl. Chéri des Romains à cause des qualité guerrières dont il avait fait preuve au siège de Numance, où Micipsa l'avait envoyé avec l'espoir secret de l'y voir périr, admiré comme le plus ardent chasseur de lions et le plus hardi cavalier de toute l'Afrique, Jugurtha était dévoré de l'ambition de posséder seul la Numidie. Comptant sur la vénalité des Romains, il fit d'abord assassiner [97] Hiempsal – to eye () examiner, – to aim (ém) diriger, – sale (séle), vente, marché, – le plus jeune de ses rivaux.

      Adherbal le gênait encore ; car le sénat avait partagé la Numidie entre lui et Adherbal. Jugurtha ajoute un autre crime, assiège, malgré l'opposition des Romains, Adherbal, dans une ville où il s'était réfugié, s'empare de ce dernier héritier de Micipsa et le fait périr dans les tourments, – to add, ajouter, – heir (hér), héritier, – to pall (pâul), abattre –.

      Jugurtha s'est donc élevé, par deux crimes affreux, jusqu'au trône de Numidie, et il était bien juste que son nom le rapportât aux générations futures – to juke (djiouke), s'élever, – to hurt (heurt), nuire, faire tort –.

      Livré aux Romains par la trahison de Bocchus – to balk (Bâuk), tromper – son beau-père, roi de Mauritanie – maw (mâu) panse, – to wear (ouér) porter, avoir sur soi pour l'usage, – to hit, frapper, – hand, main, – Jugurtha fut jeté dans un sombre cachot où on le fit périr par les tortures de la faim.

      Après la conquête de la Numidie par les Romains, des collèges furent établies dans les grandes villes africaines pour l'étude des lettres latines et grecques : néanmoins, la langue punique ne cessa point d'être parlée dans son intégrité ; et [98] ce qui le prouve, c'est le nom punique donné vers la fin du quatrième siècle après Jésus-Christ, au plus grand génie que l'Afrique ait produit, Saint Augustin. A peine âgé de vingt-huit ans, possédant toutes les connaissances humaines enseignées à cette époque, il professait avec éclat la rhétorique à Carthage et quelques années après à Milan où il fut baptisé par saint Ambroise en 387. Intelligence élevée, avide de toute science et surtout de vérité, esprit subtil et pénétrant, ayant une parole entraînante et un raisonnement d'une logique inébranlable, saint Augustin méritait certainement le nom d'Aigle des assemblées, qu'on lui a donné avec justice et bonheur – hawk (hâuk), faucon, – hustings (heusstings), salle d'assemblée.


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(56)  Salluste, bell. Jug.




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