Biographie universelle ancienne et moderne Clément VII, élu pape le 19 novembre 1523, succéda à
Adrien VI. Il s'appelait
Jules de Médicis, et était fils naturel de Julien, tué à Florence dans la conjuration des Pazzi, en 1478.
Son oncle Laurent prit un grand soin de son éducation. Il fut d'abord chevalier de
Rhodes et grand prieur de Capoue ; mais son cousin, ayant été
élu pape sous le nom de
Léon X, le fit entrer dans l'état
ecclésiastique, après l'avoir déclaré légitime, lui donna l'
archevêché de Florence, et le fit
cardinal et chancelier de l'
Eglise romaine. Après la mort de
Léon X, le
cardinal de Médicis s'empara de toute la confiance d'
Adrien VI, et gouverna sous son nom. La
faction qui avait nommé
Clément VII l'avait emporté sur celle des
Colonne, qui lui était opposée.
Charles-Quint faisait trembler l'Italie, qui craignait de tomber entièrement sous sa puissance. Le pape se ligua contre lui avec les Vénitiens. Les rois de France et d'Angleterre entrèrent dans la ligue. Ils promirent des secours qu'ils ne donnèrent pas, en sorte que le pape et la république furent obligés de conclure une trêve avec l'empereur ; mais le
connétable de Bourbon, qui s'était jeté par dépit dans le parti de l'Empereur, et qui commandait ses armées, ne voulut point accéder au traité et priver ses troupes d'un riche pillage qui pouvait les attacher à lui, ni se condamner à un repos inutile et dangereux. Il fit le siège de Rome (1521), où il fut tué dans une escalade. Par suite des événements qui signalèrent cette horrible boucherie, la pape se trouva renfermé dans le château St-Ange, où il fut bientôt réduit à la dernière extrémité. Charles-Quint était à Valladolid lorsqu'il apprit cette nouvelle. La princesse sa femme venait d'accoucher, et les réjouissances avaient commencé pour la naissance de Philippe II. On affecta la plus grande tristesse, on prit le deuil, et cependant le pape fut détenu prisonnier pendant six mois, jusqu'à ce qu'on lui eut fait souscrire toutes les conditions qu'on voulait en obtenir. Il fallut solliciter vivement le monarque pour obtenir la
liberté du
pontife, et il répondit un
jour à une députation solennelle du clergé « qu'il la souhaitait plus qu'eux ». Le pape, souffrant les horreurs de la faim, et craignant les atteintes de la maladie épidémique qui commençait à ravager Rome à la suite des excès de tout genre commis par une soldatesque avide et cruelle, se vit obligé de capituler à toutes les conditions que lui imposa
le prince d'
Orange, qui avait succédé dans le commandement de l'armée au
connétable de Bourbon. Cependant le pape demeurait encore prisonnier. Charles-Quint ne voulut consentir à son élargissement qu'après avoir obtenu des otages et des places de sûreté. On lui abandonna cinq
cardinaux, qui trouvèrent le moyen de se sauver par une cheminée. Le pape se trouva, de son côté, réduit à employer la soumission et la feinte. Il se réconcilia avec le
cardinal Colonne, qui lui procura les moyens de se déguiser en marchand et de s'enfuir à
Orviete.
Le pape fut à peine en
liberté,
que le roi d'Angleterre lui fit demander son approbation pour répudier Catherine d'
Aragon. Cette demande choquait les intérêts de Charles-Quint, et Clément, qui craignait de l'offenser, publia contre Henry VIII la fameuse
bulle du mois de mai 1531, qui eut des suites si funestes
(1). Clément acheva de se réconcilier avec Charles-Quint. Il le couronna empereur à
Bologne. Il eut, en 1533, une entrevue avec
François Ier à
, où il conduisit Catherine, sa nièce, fille du
duc Laurent de Médicis, pour
épouser le second des fils du roi de France, alors
duc d'
Orléans, et qui monta depuis sur le trône sous le nom de Henri II.
Clément VII revint à Rome, et avant sa mort,
arrivée dans cette ville, des suites d'une fièvre lente, le 25 septembre
1534, rendit sa faveur au
duc de Ferrare, et lui fit conclure un traité avec le
duc de Florence et les gouverneurs de
Bologne et de la
Romagne.
Il voulut opérer la réforme des murs en Italie et à Rome, surtout dans le clergé ; mais la
bulle qu'il donna à ce sujet fut mal observée. Il en donna une autre pour autoriser l'institut des théatins, qui venait de s'établir. Il approuva également celui des
capucins, qui commençait à se former. Il envoya des missionnaires dans le Mexique. Sur la fin de l'année 1524, il publia le jubilé de l'année suivante, qui attira peu de monde à Rome. Les grâces spirituelles commençaient à s'avilir, à
force d'être prodiguées. Il enrichit la bibliothèque du
Vatican d'un grand nombre de volumes. On a de lui plusieurs lettres au roi de France, au roi d'Angleterre et à quelques savants. Ses lettres à Charles-Quint, publiées sous ce titre :
Epistolæ Clementis VII ad Carolum V, alteræ Caroli V Clementi respondentis,1527, in-4°, sont très rares.
Paul III lui succéda.
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(1) Henry VIII avait épousé, le 21
janvier 1533, Anne de Boleyn, et ce ne fut que le 23 mars de l'année suivante que, sur l'avis de la majorité des
cardinaux (dix-neuf sur vingt-deux),
Clément VII prononça une sentence définitive qui déclarait le
mariage du roi d'Angleterre et de Catherine
légal et valide, condamnait la procédure contre cette princesse comme injuste, et ordonnait au roi
de la reprendre en qualité de femme légitime. Ainsi, non seulement Henry VIII n'eut pas la patience d'attendre la décision du
saint-siège ; mais pressentant bien qu'elle lui serait défavorable, il voulut prendre l'initiative. Le bill qui abolissait le pouvoir des papes dans le royaume fut présenté à la
chambre des communes au commencement du mois de mars 1534, transmis aux lords la semaine suivante, approuvé cinq
jours avant l'arrivée du courrier envoyé par le roi de Rome, et reçut la sanction royale cinq
jours après. L'approbation de la
chambre des pairs est du 20 mars ; le courier était arrivé à Rome le 25, et la sanction du roi est du 30.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 8 - Pages 395-396)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Clément VII,
Jules de Médicis, cousin de
Léon X, fut élu pape après la mort d'
Adrien VI, en 1523, et mourut en 1534. Il se ligua avec
François Ier, les princes d'Italie et le roi d'Angleterre, contre l'empereur Charles-Quint ; mais cette ligue, appelée
Ligue sainte, parce que le pape en était le chef, ne lui attira que des infortunes. Assiégé dans Rome par l'armée de l'empereur que commandait Charles de Bourbon (1527), il fut pris, détenu sept mois, et ne put se sauver qu'à la faveur d'un déguisement. Charles-Quint lui enleva en 1531
Modène et Reggio, mais il l'aida à rétablir sa famille à Florence.
Clément VII excommunia en 1534 Henry VIII, roi d'Angleterre, qui avait répudié Catherine d'
Aragon, ce qui donna occasion au schisme qui sépara l'Angleterre de l'
Eglise romaine.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 427.