Saint Colomban, l'un des plus
illustres cénobites du VIème siècle, était né vers 540, dans le pays des Leinster, en Irlande. Ses premières études achevées, il fit profession à l'
abbaye de Benchor, dirigée par saint Commangel, et dont la réputation s'étendait dans toute l'
Europe. L'extrême
ignorance dans laquelle tous les peuples étaient plongés avait entraîné la ruine des murs. La conduite des ecclésiastiques eux-mêmes n'était pas exempte de désordres. Une réforme générale était nécessaire ; mais pour l'entreprendre, il fallait un homme qui joignît de grands talents à de grandes vertus. Colomban obtint la permission de se rendre en France, accompagné de douze
religieux. Il en parcourut les différentes provinces, et l'éloquence de ses
prédications, sa
charité, sa douceur, eurent partout les plus heureux effets. Les écoles
épiscopales, qui avaient cessé d'exister, reprirent un nouvel éclat, d'autres furent établies ; les
églises furent réparées, et les cérémonies du culte observées avec la décence convenable.
Saint Colomban se retira ensuite dans les motagnes des Vosges, où il construisit un
monastère ; mais le nombre des personnes qui accoururent dans ce désert se ranger sous sa discipline fut bientôt si grand, qu'en 590, il se vit obligé, pour les recevoir, de donner un nouveau
monastère à
Luxeuil. Il en prit lui-même la direction, et l'école qu'il y établit, la plus célèbre du VIIème siècle, a été comme une pépinière de saints docteurs et d'
illustres prélats. Cependant Gontran, roi de
Bourgogne, protecteur de
saint Colomban, était mort, et Childebert, après un règne de trois années, avait laissé la
couronne à Thierry, prince faible, qui fut aisément subjugué par
Brunehaut, son aïeule.
Brunehaut, irritée de ce que
saint Colomban avait osé reprocher à Thierry ses dérèglements, le fit enlever et conduire à
Nantes pour y être embarqué sur un vaisseau qui devait le reconduire en Irlande. Le vaisseau, battu de la tempête pendant plusieurs
jours, fut rejeté sur la côte, et Colomban traversa de nouveau la France secrètement, et vint s'établir près de Genève, dans un pays dépendant du royaume d'
Austrasie, possédé par Théodebert,
frère de Thierry. Il y vécut tranquille pendant plusieurs années ; mais la guerre qui éclata entre
les deux frères en 612 le força à abandonner sa retraite, et à se réfugier en Italie, où, accueilli par
Agilulphe, roi des Lombards, il fonda l'
abbaye de Bohio, qui acquit dans peu de temps une grande célébrité. Il y mourut en 615, le 21 novembre, dans un âge avancé. On célèbre sa fête le 27 du même mois.
La règle de
saint Colomban fut
longtemps suivie dans presque tous les
monastères de France. On la trouve dans le
Codex regularum de
saint Benoît d'
Aniane, imprimé avec des notes de
dom Hugues Menard, en 1638, in-4° La collection des uvres de
saint Colomban a été publiée par Thomas Sirin, Louvain, 1667, in-fol., avec les notes de Fleming. On y trouve, outre sa règle :
1° de Penitentiarum Mensura taxenda, imprimée dans le 12ème volume de la
Bibiotheca
patrum ;
2° des instructions, au nombre de seize, dans le même recueil ;
3° un poème latin adressé à Humalde, l'un de ses
disciples, imprimé dans le 2ème volume des
uvres diverses du père Sirmond, et quelques autres opuscules moins importants, insérés dans différents recueils. Il avait en outre
composé plusieurs ouvrages qui se sont perdus, entre autres un commentaire sur les Psaumes et sur les
Evangiles ; un traité
contre les Ariens, et deux livres
sur la Célébration de la Pâque. Il partageait l'opinion de Blaste, qui soutenait que la Pâque devait être célébrée le 14ème
jour de la
lune, opinion combattue par saint Irénée et condamnée par l'
Eglise commune judaïque. L'abbé Velly désapprouve l'excès de sévérité que
saint Colomban montra à l'égard de Thierry. Les
bénédictins, auteurs de l'
Histoire littéraire de la France, ont voulu le justifier (t. 13, pp. 9-17) ; mais comme ils s'appuient sur des faits qui n'ont pour garant qu'un moine nommé Jonas, auteur d'une vie de
saint Colomban (1), il serait très possible que leur apologie ne parût pas convaincante (Voyez la
Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, d'Ellies Dupin, et les
Vies de Saints, de Baillet, au mois de novembre.)
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(1) Flodoart,
chanoine de l'
église de
Reims au Xème siècle, a mis en vers hexamètres la vie de
saint Colomban et celle de ses
disciples, saint Attale et saint Bertulfe.
Dom
Mabillon a inséré ces trois petits poèmes dans
Acta sact. ord. S. Benedicti, et dit les avoir tirés d'un manuscrit qui se trouvait dans la bibliothèque des
carmes déchaussés de
Paris.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 8 - Page 645)