Saint Hermas, chrétien des premiers siècles,
disciple des apôtres, et même de
saint Paul, si, comme on a sujet de le croire, et comme le font entendre Origène, Eusèbe et saint Jérôme, c'est le même Hermas que
saint Paul fait saluer de sa part
(1). Hermas, selon toute apparence, était
laïque ; quoique les Grecs le donnent comme
évêque de Philippes, en Macédoine, ou de Philippopolis, en Thrace ; d'autres veulent qu'il ait été
prêtre. Quoique Grec d'origine, il habitait l'Italie, et vraisemblablement la ville de Rome. Il était marié et avait des
enfants, qui lui causèrent des chagrins par leur mauvaise conduite ; mais il eut la consolation de les ramener à la vertu.
Hermas est célèbre par un livre qui est intitulé
Le Pasteur, parce que c'est un
ange qui y parla sous la figure d'un pasteur. Ce livre est en forme de dialogue, et divisé en trois parties, sous les titres de
Visions, de
Préceptes et de
Similitudes. Dans les visions, Hermas nous apprend qu'une femme âgée lui apparut à diverses reprises, et lui remit un livre mystérieux qu'elle lui commanda de transcrire, et dont le sens lui fut révélé ; dans le reste de l'ouvrage, l'
ange donne à Hermas différentes instructions, et l'exhorte à la pénitence, au mépris du monde, aux aumônes et aux bonnes uvres. Les anciens Pères ont donné au livre d'Hermas beaucoup d'éloges, et une autorité presque égale à celle des livres
canoniques. Ils s'en servent même souvent pour la réfutation des hérésies. Clément d'
Alexandrie en regarde les révélations comme divines, et Origène en parle comme d'un ouvrage inspiré de
Dieu.
Ce sentiment, néanmoins, n'est pas universel.
Saint Prosper semble avoit fait moins d'estime du livre du
Pasteur, surtout relativement à certaines maximes dont Cassien avait abusé ; et le
concile de Rome, tenu sous le pape Gélase, ne paraît pas favorable à ce livre sous le rapport de l'autorité, comme n'ayant point été reçu de l'
Eglise latine, à laquelle il était inconnu.
On doit avouer, au fond, que tout n'y est pas également exact ; mais c'est un des plus précieux et des plus anciens monuments des traditions ecclésiastiques ; et il contient des choses très remarquables sur la foi, sur la discipline des premiers temps et sur les murs primitives des chrétiens. Il fut écrit sous le
pontificat de saint Clément et avant la persécution de Domitien, c'est-à-dire vers l'an 92 de J.-C. Sur la foi de quelques
pontificaux, le livre du
Pasteur a été attribué à saint Herme,
frère de Pie I, pape en 442. Une simple observation renverse ce système. Les
pontificaux disent que le livre d'Herme avait rapport à la célébration de la Pâque ; et dans celui d'Hermas, il n'est nullement question de cette célébration. Le livre du
Pasteur était écrit en grec ; il ne nous en reste qu'une traduction latine faite dans des temps fort reculés, et que, par la confrontation des passages qu'en ont cités les auteurs anciens, on a lieu de croire fidèle. Cotelier l'a insérée dans son
Recueil des Pères qui ont vécu dans les temps apostoliques,
Paris, 1672 ; traduit en français, ibid., 1717. Il y en a une édition d'Oxford, revue, avec des notes, 1685,
in-12. Le style du
Pasteur est simple, sans figures et sans ornements.
Le
martyrologe romain marque au 09 mai la fête de saint Hermas, dont il fait l'éloge. Les Grecs la célèbrent le 08 mars et le 05
octobre.
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(1) Epître aux Romains, ch. 26, v. 14.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 19 - Pages 288-289)